Animer la page Facebook de la Cartothèque de Paris 8 par Fabienne Bourgeois
Depuis mon arrivée à la cartothèque de Paris 8 en septembre 2019, je m’occupe de notre page Facebook. Cette dernière a été créée en 2012 dans le but d’explorer un nouveau mode de diffusion d'informations. Un article avait été rédigé en 2014 par Félix Poyer : Une page Facebook pour une Cartothèque ? .
Quelles informations et quelle fréquence de publication ?
Le contenu oscille entre nos actualités, de la méthodologie pour aider nos étudiants, des infos géographiques diverses, des présentations de cartes « peu connues » issues de notre fonds, de cartes atypiques, artistiques, ou ludiques glanées sur internet.
Pour se faire, il faut mener une veille informationnelle régulière. Au début, je ne savais pas trop comment m’y prendre, où chercher de l’information. J’ai tâtonné quelque temps dans mes recherches puis, avec l’expérience, j’ai consolidé une petite liste de sites/blogs que je consulte pour trouver des infos à poster (Géoconfluences, Décryptagéo, IGN, Geoimages du CNES, Cartographie(s) numériques(s), Le cartographe.net, BnF, Métropolitiques, Reporterre, Youtube, etc.). Je suis aussi abonnée à d’autres pages Facebook (Terribles maps, Brut, I fucking love maps, France culture, Amazing maps, etc.). La sérendipité en ligne permet également de trouver des idées inattendues de posts.
Je m’amuse beaucoup en animant cette page. Cette activité diffère de mes autres missions, elle me permet de sortir du cadre institutionnel, d’interagir de manière plus légère avec mes publics, de tester de nouvelles choses. Je suis aussi amenée à faire des découvertes autour des cartes que je n’aurais peut-être pas faites autrement. Comme par exemple la découverte de cet artiste-plasticien, Marcoleptique qui crée de superbes dessins à partir de fonds de cartes.
Nous avons de la chance à la cartothèque de P8, nous sommes totalement autonomes sur la gestion de la page. Notre institution ne nous impose pas de charte éditoriale à suivre, nous jouissons donc d’une grande liberté et nous n’avons pas besoin d’autorisation de la hiérarchie avant de publier sur tel ou tel sujet.
Réflexion : est-ce pour cela que seule la cartothèque de P8 possède une page Facebook ? À ma connaissance, ne sont présentes sur ce réseau social que la bibliothèque de géographie-urbanisme de Nanterre et la bibliothèque de géographie de Strasbourg. Ou est-ce tout simplement par manque de temps des collègues cartothécaires ?
Partant du principe que trop d’informations tue l’information, j'ai rapidement décidé de ne faire qu’une à deux publications par semaine. En outre cela me prendrait trop de temps de faire davantage de posts, mes autres missions à la cartothèque ne me le permettent pas.
Quel impact sur la fréquentation de la cartothèque ?
Mon premier post était sur les cartes numérisées de la BnF dans Gallica, avec pour illustration un plan de Paris de 1754. Celui-ci n’a eu que peu de succès. Pourquoi ? Difficile d’en déterminer la cause précise. Cela faisait plusieurs mois que la cartothèque n’avait rien publié ? Le contenu, qui semble pourtant adapté, n’a pas parlé aux personnes qui ont vu le post ?
Le post qui a eu le plus de succès depuis que je suis en charge de cette page est une publication de la carte McArthur's universal corrective map of the world avec 3376 personnes touchées, 264 interactions et 16 likes.
Pourquoi cette carte en particulier ? Encore une fois, difficile à dire, j’ai publié des cartes d’un intérêt similaire il me semble et qui n’ont pas autant plu. Peut-être est-ce parce que le texte que j’avais rédigé en accompagnement était drôle, fourmillait d’anecdotes et illustrait bien le contexte de création de cette carte.
McArthur's universal corrective map of the world / Stuart McArthur, Frankston (Victoria, Australie), 1979 [source : National Library of Australia]
Bien que convaincue de l’utilité de la présence de la cartothèque de P8 sur Facebook (valorisation hors les murs, média qui permet de toucher un public plus large, manière moins conventionnelle d’échanger avec un public), il n’est pas aisé de mesurer l’impact réel de cette page, de savoir si cette dernière œuvre concrètement à la mise en valeur de notre métier.
Après un post, on peut voir les statistiques immédiats (personnes touchées, interactions, likes, partages) mais c’est tout. On ne peut mesurer l’impact à long terme ou les effets sur le lieu physique de la cartothèque. J’ai toutefois le sentiment que la corrélation entre le succès d’un post et l’augmentation du nombre de visiteurs du lieu physique est nulle ou tout au moins quasi nulle. J’ai par exemple en effet pu constater qu’un post promouvant une table thématique (ouvrages autour du thème de l’énergie) avait plutôt pas mal fonctionné (4 likes, 174 personnes touchées) et pourtant celui-ci n’a pas généré d’emprunt des livres promus. Flotte ainsi l’impression d'un fossé notable entre le virtuel des réseaux et la réalité du lieu physique de la cartothèque.
Il est aussi impossible de connaître les raisons pour lesquelles une personne s’abonne à notre page. Nous continuons régulièrement à avoir de nouveaux abonnés, il est fort probable que certains ne sont pas issus de la communauté de Paris 8. Mais alors qui sont-ils ? Pourquoi suivre nos infos ? Sont-ce des personnes qui ont un intérêt pour la géo ? On peut facilement le supposer et c'est déjà intéressant en soi. Néanmoins quel est notre intérêt à toucher ce public ? public qui ne fréquentera très certainement pas la cartothèque, centre de documentation implanté au cœur du département de géographie de l’Université Paris 8 à Saint-Denis.
Quelles limites et possibilités de l'outil Facebook ?
Les statistiques Facebook, par leur immédiateté, peuvent paraître valorisantes. Néanmoins, elles sont aussi trompeuses. Le plus souvent, elles ne permettent pas de quantifier la consultation des liens externes promus dans un post. Si elle l’est, le résultat est inférieur aux statistiques Facebook. Je prendrai pour exemple une publication récente au sujet de la page méthodologique de la cartothèque de Paris 8 diffusée sur la page Facebook de la BU de l’Université Paris 8 : les statistiques Facebook montrent 595 personnes touchées (un millier en cumulant les autres réseaux sociaux), or nous avons constaté que ce post, bien qu'ayant provoqué une augmentation non négligeable de consultation de notre page méthodo (un passage du compteur de 166 à 247 en quelques heures), n'a pas engendré une augmentation de consultation similaire au nombre de personnes touchées.
Une autre réserve à l’égard de Facebook concerne la pérennité des informations qui y sont diffusées. Certes, il s’agit d’une propriété des réseaux sociaux, l’information y circule de manière fugace, elle ne reste disponible que quelques heures puis disparaît. C’est ainsi, mais c'est tout le contraire des sites internet où un article peut vivre sa vie plus longtemps. Si l’on souhaite conserver une information Facebook, il faut la transformer et la diffuser sur d'autres types de supports.
Je réfléchis actuellement à la question des échanges avec les internautes sur Facebook. Ils sont plutôt inexistants dans le sens où je ne cherche pas vraiment à interagir avec eux lors de mes posts. Faut-il essayer d’y remédier ? Je pense à l'IGN qui propose entre autres des posts question du jour : publication d'une photo aérienne accompagnée d'une question type « saurez-vous retrouver le lieu que nous survolons ? ». Je trouve cela intéressant de proposer du contenu qui amène les followers à être acteurs et non plus uniquement lecteurs passifs.
Conclusion
Animer une page Facebook pour la cartothèque de Paris 8, c’est d’accepter les interrogations, les imperfections qui surviennent tout en gardant en mémoire que c'est aussi contribuer au rayonnement de la cartothèque, rayonnement virtuel mais certain. Et puis quand parfois je reçois des messages encourageants de la part d’internautes qui nous remercient du travail que nous faisons, je laisse les interrogations de côté et je ne doute plus de l’intérêt de mon activité sur ce réseau social.
2022
Depuis mon arrivée à la cartothèque de Paris 8 en septembre 2019, je m’occupe de notre page Facebook. Cette dernière a été créée en 2012 dans le but d’explorer un nouveau mode de diffusion d'informations. Un article avait été rédigé en 2014 par Félix Poyer : Une page Facebook pour une Cartothèque ? .
Quelles informations et quelle fréquence de publication ?
Le contenu oscille entre nos actualités, de la méthodologie pour aider nos étudiants, des infos géographiques diverses, des présentations de cartes « peu connues » issues de notre fonds, de cartes atypiques, artistiques, ou ludiques glanées sur internet.
Pour se faire, il faut mener une veille informationnelle régulière. Au début, je ne savais pas trop comment m’y prendre, où chercher de l’information. J’ai tâtonné quelque temps dans mes recherches puis, avec l’expérience, j’ai consolidé une petite liste de sites/blogs que je consulte pour trouver des infos à poster (Géoconfluences, Décryptagéo, IGN, Geoimages du CNES, Cartographie(s) numériques(s), Le cartographe.net, BnF, Métropolitiques, Reporterre, Youtube, etc.). Je suis aussi abonnée à d’autres pages Facebook (Terribles maps, Brut, I fucking love maps, France culture, Amazing maps, etc.). La sérendipité en ligne permet également de trouver des idées inattendues de posts.
Je m’amuse beaucoup en animant cette page. Cette activité diffère de mes autres missions, elle me permet de sortir du cadre institutionnel, d’interagir de manière plus légère avec mes publics, de tester de nouvelles choses. Je suis aussi amenée à faire des découvertes autour des cartes que je n’aurais peut-être pas faites autrement. Comme par exemple la découverte de cet artiste-plasticien, Marcoleptique qui crée de superbes dessins à partir de fonds de cartes.
Nous avons de la chance à la cartothèque de P8, nous sommes totalement autonomes sur la gestion de la page. Notre institution ne nous impose pas de charte éditoriale à suivre, nous jouissons donc d’une grande liberté et nous n’avons pas besoin d’autorisation de la hiérarchie avant de publier sur tel ou tel sujet.
Réflexion : est-ce pour cela que seule la cartothèque de P8 possède une page Facebook ? À ma connaissance, ne sont présentes sur ce réseau social que la bibliothèque de géographie-urbanisme de Nanterre et la bibliothèque de géographie de Strasbourg. Ou est-ce tout simplement par manque de temps des collègues cartothécaires ?
Partant du principe que trop d’informations tue l’information, j'ai rapidement décidé de ne faire qu’une à deux publications par semaine. En outre cela me prendrait trop de temps de faire davantage de posts, mes autres missions à la cartothèque ne me le permettent pas.
Quel impact sur la fréquentation de la cartothèque ?
Mon premier post était sur les cartes numérisées de la BnF dans Gallica, avec pour illustration un plan de Paris de 1754. Celui-ci n’a eu que peu de succès. Pourquoi ? Difficile d’en déterminer la cause précise. Cela faisait plusieurs mois que la cartothèque n’avait rien publié ? Le contenu, qui semble pourtant adapté, n’a pas parlé aux personnes qui ont vu le post ?
Le post qui a eu le plus de succès depuis que je suis en charge de cette page est une publication de la carte McArthur's universal corrective map of the world avec 3376 personnes touchées, 264 interactions et 16 likes.
Pourquoi cette carte en particulier ? Encore une fois, difficile à dire, j’ai publié des cartes d’un intérêt similaire il me semble et qui n’ont pas autant plu. Peut-être est-ce parce que le texte que j’avais rédigé en accompagnement était drôle, fourmillait d’anecdotes et illustrait bien le contexte de création de cette carte.
McArthur's universal corrective map of the world / Stuart McArthur, Frankston (Victoria, Australie), 1979 [source : National Library of Australia]
Bien que convaincue de l’utilité de la présence de la cartothèque de P8 sur Facebook (valorisation hors les murs, média qui permet de toucher un public plus large, manière moins conventionnelle d’échanger avec un public), il n’est pas aisé de mesurer l’impact réel de cette page, de savoir si cette dernière œuvre concrètement à la mise en valeur de notre métier.
Après un post, on peut voir les statistiques immédiats (personnes touchées, interactions, likes, partages) mais c’est tout. On ne peut mesurer l’impact à long terme ou les effets sur le lieu physique de la cartothèque. J’ai toutefois le sentiment que la corrélation entre le succès d’un post et l’augmentation du nombre de visiteurs du lieu physique est nulle ou tout au moins quasi nulle. J’ai par exemple en effet pu constater qu’un post promouvant une table thématique (ouvrages autour du thème de l’énergie) avait plutôt pas mal fonctionné (4 likes, 174 personnes touchées) et pourtant celui-ci n’a pas généré d’emprunt des livres promus. Flotte ainsi l’impression d'un fossé notable entre le virtuel des réseaux et la réalité du lieu physique de la cartothèque.
Il est aussi impossible de connaître les raisons pour lesquelles une personne s’abonne à notre page. Nous continuons régulièrement à avoir de nouveaux abonnés, il est fort probable que certains ne sont pas issus de la communauté de Paris 8. Mais alors qui sont-ils ? Pourquoi suivre nos infos ? Sont-ce des personnes qui ont un intérêt pour la géo ? On peut facilement le supposer et c'est déjà intéressant en soi. Néanmoins quel est notre intérêt à toucher ce public ? public qui ne fréquentera très certainement pas la cartothèque, centre de documentation implanté au cœur du département de géographie de l’Université Paris 8 à Saint-Denis.
Quelles limites et possibilités de l'outil Facebook ?
Les statistiques Facebook, par leur immédiateté, peuvent paraître valorisantes. Néanmoins, elles sont aussi trompeuses. Le plus souvent, elles ne permettent pas de quantifier la consultation des liens externes promus dans un post. Si elle l’est, le résultat est inférieur aux statistiques Facebook. Je prendrai pour exemple une publication récente au sujet de la page méthodologique de la cartothèque de Paris 8 diffusée sur la page Facebook de la BU de l’Université Paris 8 : les statistiques Facebook montrent 595 personnes touchées (un millier en cumulant les autres réseaux sociaux), or nous avons constaté que ce post, bien qu'ayant provoqué une augmentation non négligeable de consultation de notre page méthodo (un passage du compteur de 166 à 247 en quelques heures), n'a pas engendré une augmentation de consultation similaire au nombre de personnes touchées.
Une autre réserve à l’égard de Facebook concerne la pérennité des informations qui y sont diffusées. Certes, il s’agit d’une propriété des réseaux sociaux, l’information y circule de manière fugace, elle ne reste disponible que quelques heures puis disparaît. C’est ainsi, mais c'est tout le contraire des sites internet où un article peut vivre sa vie plus longtemps. Si l’on souhaite conserver une information Facebook, il faut la transformer et la diffuser sur d'autres types de supports.
Je réfléchis actuellement à la question des échanges avec les internautes sur Facebook. Ils sont plutôt inexistants dans le sens où je ne cherche pas vraiment à interagir avec eux lors de mes posts. Faut-il essayer d’y remédier ? Je pense à l'IGN qui propose entre autres des posts question du jour : publication d'une photo aérienne accompagnée d'une question type « saurez-vous retrouver le lieu que nous survolons ? ». Je trouve cela intéressant de proposer du contenu qui amène les followers à être acteurs et non plus uniquement lecteurs passifs.
Conclusion
Animer une page Facebook pour la cartothèque de Paris 8, c’est d’accepter les interrogations, les imperfections qui surviennent tout en gardant en mémoire que c'est aussi contribuer au rayonnement de la cartothèque, rayonnement virtuel mais certain. Et puis quand parfois je reçois des messages encourageants de la part d’internautes qui nous remercient du travail que nous faisons, je laisse les interrogations de côté et je ne doute plus de l’intérêt de mon activité sur ce réseau social.
2022