Info lecteur Expérience sous-marine à Paris 8 |
La station d'expérimentation sous-marine est en place ! Elle a été installée cette nuit, non sans mal, le camion citerne ayant eu du mal à se "brancher" sur l'escalier. 2700 mètres cubes d'eau ont été déversées dans "l'aquarium". L'installation du matériel électronique fut plus spectaculaire encore : des kilomètres de câblage, des écrans de toutes tailles, un groupe électrogène mais les cinq techniciens se mouvaient au milieu du chaos comme des poissons dans l'eau. Les premiers essais (photos à consulter en fin d'article) auront lieu selon les délais prévus et déjà les étudiants se pressent pour s'inscrire à ces séances très particulières de géographie qui confirment la réputation avant-gardiste de l'université Paris 8.
Ce beau projet est né d'une constatation : les cours d'orientation proposés aux étudiants de géographie mettent de côté l'orientation sous-marine. Pourtant celle-ci possède des spécificités d'autant plus intéressantes que, pour l'instant, ces dernières mettent en échec la technologie. Pour faire simple : il n'existe pas de GPS sous-marin. Mais des prototypes existent. C'est l'un de ces produits de pointe que testera notre station d'expérimentation. Nos connaissances en la matière étant réduites, écoutons Michel Proton, directeur de SubAqua.
D'où est née cette idée de concevoir un GPS sous-marin ? Par passion. Je pratique la plongée sous-marine dans toutes les mers du globe depuis une vingtaine d'années. Exploration et archéologie sont mes deux marottes. La technique ne suit pas toujours, premier constat. Pour réaliser mes reportages, j'ai conçu moi-même mes appareils photo, vidéo et audio. L'orientation, c'est autre chose. Il y a toujours eu nos "trucs" de plongeurs : les courants, les traces des vagues sur le fond, la lumière. Et le matériel : compas, montre, même une simple ardoise est précieuse. Expérience, outils, il faut les deux. Sauf que ça reste à la louche. Et l'approximatif a des conséquences sur la sécurité. Une erreur d'orientation et vous palmez une heure, pas grave mais si vous émergez sous les quilles des bateaux ? si vous manquez d'air pour avoir tourné en rond ? Repérer le narghilé*, les bouées, les dangers, mettre une épave en balise, tracer votre itinéraire avec précision : sur terre, i l y a le GPS, pas sous l'eau. Comme rien ne venait, j'ai pris les choses en mains. * narghilé : bouteille de réserve d'air sous la quille
Aviez-vous des connaissances techniques ? Pas vraiment mais dans la plongée, vous cotoyez des gens de tout horizon. De relations en relations, j'ai mis sur pied une petite équipe de passionnés. A la base, c'est un problème d'ondes.
Pourriez-vous l'expliquer de manière simple ? Essayons. Comment marche le GPS ? Les satellites envoient un signal au récepteur. Ce signal est traité pour localiser le récepteur et par conséquent la voiture ou le bateau où il est placé. Je passe sur la question de la vitesse, elle ne se pose pas pour un plongeur. Ce signal est une onde électromagnétique. Elle traverse l'air, pas l'eau. L'envoyer vers le plongeur, c'est envoyer une balle dans un mur en espérant qu'elle va le traverser. Peine perdue. Dans l'eau, on utilise les ondes acoustiques. Vous avez déjà entendu le bip-bip des sonars : onde acoustiques mais les autres sont restées bloquées là-haut. La solution évidente est de convertir l'une en l'autre. Une bouée avec un transformateur à la surface de l'eau et le tour est joué. Sauf que c'est la bouée qui est repérée et qu'entre la bouée et le plongeur, le signal va se troubler, ralentir. Le récepteur devra corriger, pas facile. On a fait autrement.
Comment ? Permettez-moi de rester muet sur le sujet.
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