Journal de la Carto

1er avril 2011

Info lecteur

Expérience sous-marine à Paris 8

    Pourriez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
    Je suis maître de conférences à Paris 8. Je suis entré dans l'université nouvellement créée de Vincennes en janvier 1969, en tant qu’étudiant de géographie (je me souviens fort bien des cours de Josué de Castro). Après avoir fait du journalisme et un parcours multidisciplinaire, j’ai soutenu ma thèse sur le discours de presse en 1984. J’enseigne au département Hypermédia de l’UFR MITSIC. Mon blog "Archéologie du copier-coller"  a été créé en 2009.

    D'où est né votre intérêt pour le plagiat* ?
    Il ne s’agit en aucun cas d’une vocation ! J’y ai été confronté en tant qu’enseignant et j’ai été choqué par le refus têtu de mes collègues de porter attention à ce problème.
    Tout a commencé en septembre 2005. Deux mémoires du Master NET (Numérique : Enjeux et Technologies) m’avaient été confiés pour lecture avant la soutenance : l’un et l’autre, du « copier-coller » à quasi 100%. J’ai alors repris une trentaine de mémoires soutenus les années antérieures. Au moins dix d’entre eux affichaient des taux de plagiat supérieurs à 40%. J’ai communiqué ma découverte à mes collègues. À mon grand étonnement, non seulement aucune décision n'a été prise, mais mon insistance à demander que des procédures d’annulation soient ouvertes pour deux mémoires, validés en 2001 et 2004, qui étaient du « copier-coller » pur, a même déclenché une certaine hostilité. Moins de deux mois après, malgré les promesses édifiantes que cela ne se reproduirait plus, un des deux auteurs de ces mémoires-plagiats soutenait une thèse avec presque 100% de « copier-coller » et obtenait les félicitations du jury (voir mon blog) !

    Dans quels cas parle-t-on de plagiat ?
    Lorsqu’il s’agit de "plagiat servile" (le simple copié-collé par exemple), il n’y a aucune ambigüité. En revanche, il peut y avoir des cas plus complexes : un fonctionnaire marocain, thésard en géographie en France (1994), a reconnu quelques-unes de ses phrases dans une thèse de 2008 soutenue à Paris 12 par un étudiant algérien qui ne le citait nulle part. Mais dans ce cas, plus que les quelques phrases volées, ce serait une méthode originale pour aboutir à une cartographie des risques de glissement de terrain dans une région donnée qui constituerait le véritable plagiat. Les instances de Paris 12 ont répondu au « plagié » que le dossier qu’il avait soumis allait être étudié.

    Que dit la loi sur ce sujet ? Quelles sont les sanctions ?
    Si l’affaire arrive jusqu’à la formation disciplinaire du Cneser (Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche) dans le cas d’une thèse où des plagiats importants sont avérés, la thèse est annulée et le plagiaire le plus souvent exclu à vie de tout établissement public d’enseignement supérieur. Mais très souvent, peut-être dans la majorité des cas, l’affaire est étouffée dès le départ pour ne pas porter préjudice au Directeur de thèse et à la réputation de l’Université. J’étudie en ce moment un cas de thèse-plagiat où des universitaires ont fait pression sur le plagié (lui aussi universitaire), pour qu’il se taise. Ceci afin, écrivaient-ils, de ne pas nuire à la carrière du Directeur de la thèse-plagiat.

    * plagiat : selon Le nouveau Petit Robert 2008, plagier, c’est "copier (un auteur) en s’attribuant indûment des passages de son œuvre". Le Grand Dictionnaire Terminologique y ajoute "l’utilisation des écrits d'autrui sans mention d'emprunt".
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