Info lecteur Expérience sous-marine à Paris 8 |
Existe-t-il des outils permettant de détecter le plagiat ? Il existe des logiciels anti-plagiat. Les plus connus sont Compilatio, Turnitin, et Urkund. Cependant, leur efficacité est très limitée comme je l’explique dans mon blog. Leur emploi systématique - c’est aujourd’hui une attitude qui a l’appui du Ministère - soulève un problème de déontologie : obliger chaque étudiant, doctorant, enseignant, chercheur à faire passer ses travaux par un logiciel de ce type est le choix du soupçon généralisé. Par ailleurs, les entreprises qui placent des logiciels anti-plagiat auprès des universités n'ont aucun scrupule à diffuser auprès des étudiants des logiciels qui permettent de contrer ceux fournis aux enseignants. Ainsi « Pompotron », destiné aux étudiants, est diffusé par la même entreprise qui livre « Compilatio » aux universités. Je pense que la meilleure façon de lutter contre ce problème est d’abord de faire de la prévention : un enseignement sur le choix, l’utilisation et le référencement des sources ainsi que les principes éthiques qui doivent prévaloir dans la recherche. Ensuite agir par dissuasion : convaincre l’auteur tenté par le plagiat, qu’il soit étudiant ou enseignant, qu’il ne sera pas épargné si ses plagiats sont découverts.
Quelles responsabilités relèvent de la Cartothèque si elle met des documents plagiés à disposition de ses lecteurs ? En théorie, il existe un délit de recel de contrefaçon. Mais ce serait illogique de reprocher à des bibliothécaires de diffuser des thèses-plagiats que des enseignants ont laissé soutenir et que le service des thèses leur demande de diffuser. L’ADBS (l'association des professionnels de l'information et de la documentation) m’a demandé d’écrire à ce propos (cf. "Les bibliothécaires face aux thèses plagiats").
Depuis que vous vous intéressez à cette question et que vous avez créé votre blog, avez-vous noté une prise de conscience de la part de la communauté universitaire ? La présentation de cas emblématiques fait progresser l’analyse de la situation et la prise de conscience. Il existe des cas de thèses-plagiats si graves qu’ils touchent à la corruption caractérisée. Un exemple consternant de cette situation sera bientôt traité sur mon blog (en principe, l’article devrait être mis en ligne à la mi-mai). Il faut une grande rigueur dans l'étude de ces dossiers pour ne pas prêter le flanc à des procès. On doit apporter la preuve irréfutable des plagiats, c’est-à-dire retrouver le texte plagié. Les cas de simples « copier-coller » sont donc les plus faciles à traiter. Mais trouver le texte original d’un copier-coller issu d’une traduction automatique peut être plus délicat… (voir « Le briquet de Darwin ») Je ne suis heureusement pas le seul à m’intéresser au plagiat universitaire. Michelle Bergadaà en Suisse et Hélène Maurel-Indart contribuent activement à alerter la communauté universitaire sur une pratique très ancienne que les usages numériques sont en train de faire exploser. On peut aussi s’informer sur le séminaire « Le plagiat de la recherche » ouvert à l’initiative de Geneviève Koubi (Droit, Paris 8) et de Gilles Guglielmi (Droit, Paris 2). Nous préparons sur ce thème un colloque qui devrait se dérouler en octobre 2011 au Sénat. Notre idée est de convaincre de la nécessité de légiférer sur le plagiat universitaire qui est un cas très particulier de plagiat et de contrefaçon.
Lire 2 articles traitant du plagiat dans le dossier "Ecrits, éditions, universités" (pdf à télécharger) du Mensuel du SNESUP
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Etudes soviétiques : la propagande en revue
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