Journal de la Carto

1er avril 2011

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Expérience sous-marine à Paris 8

           Dans le cas des Etudes soviétiques, il fait remarquer justement qu'il est intéressant de définir quels sont les organismes qui produisent des données sur les mêmes sujets et au même moment. Pour l'élevage du rennes, il a consulté des études américaines et canadiennes. Les chiffres étaient certes cohérents mais pas la manière de percevoir les autochtones : celle-ci contribuait à façonner l'image de pays multi-ethnique que l'URSS souhaitait renvoyer d'elle-même.

           Il faut à notre enseignant quatre sources différentes pour avancer un chiffre. Les numéros anciens des Etudes soviétiques sont pleinement l'une de ces sources d'information qui, croisées à d'autres, permettent de bâtir des argumentations scientifiques. Une source clairement identifiée comme de la propagande possède d'ailleurs des avantages.
          Le premier est qu'il pousse à la méfiance or la méfiance fait les bons scientifiques. Le second est qu'il donne un aperçu des représentations que le pays veut donner de lui-même. L'URSS des années 50 vue par les Etudes soviétiques est un pays engagé dans de gigantesques travaux d'aménagement du territoire. Cette puissance s'étend sur les plus lointaines régions : Sibérie, Ouzbékie, Azerbaïdjan, Arctique, etc.  et toutes sans exception sont engagées dans une production intensive comme le montrent  les numéros de ces années. Cette image qui ne correspond pas forcément à la réalité mais pleinement à une vision volontariste d'emprise sur le territoire a nécessairement influencé la pensée des géographes hors d'URSS.

          Un autre aspect intéressant concerne le peu d'attrait qu'ont ces revues non seulement anciennes mais sujettes à caution, pour les chercheurs. Eric Canobbio le dit en quelques mots : plus je fais de la géographie et plus je deviens historien. Il trouve dommage que beaucoup de chercheurs n'aient pas de goût pour la consultation des données anciennes, pratique pourtant riche en enseignement sur l'actualité. Ainsi les grandes questions qui se posent aujourd'hui sur le gaz, le pétrole, les peuples de l'Arctique ne sont aucunement nouvelles ; elles étaient déjà débattues il y a cinquante ans.

           Cette centaine de numéros, que nous vous invitons à venir consulter à la Cartothèque, a donc bien plus qu'un intérêt historique. Elle pose avec acuité le problème de la validité des données et de la raison qui sous-tend leur production. Finalement, toute donnée n'est-elle pas, peu ou prou, une donnée de propagande ?

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    Etudes soviétiques : la propagande en revue

 

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