D'abord, et c'est certainement une évidence, l'Information en elle-même change de statut. Si auparavant l’information relative aux savoirs était d'une certaine manière de l'ordre du sacré, avec ses temples (les bibliothèques), à présent, l'ensemble de l'information accède à une certaine sacralité, indistincte de son contenu.
Pour preuve, s’appuyant sur la théorie de l’information développée par Shannon, certains considèrent aujourd’hui que la notion d’information est le fondement de l’Univers alors que l’énergie occupait jusque là cet enviable statut. Quant au livre, il est lui aussi atteint par ces bouleversements dans l’appréhension de l’information et de sa qualité : la parenthèse Gutemberg se refermerait-elle ? Ce qui était un ensemble de matériaux différenciés n'est plus aujourd'hui qu'un flux indistinct. Qu'il semble exister par et pour lui-même n'est que la marque de sa transcendance !

    Nous le comprenons aisément : le droit, comme la notion de propriété associée à l’Information, ne peut rester insensible à de tels chambardements.

    C’est là notre second point. Cette religion n'en est pas spirituellement une pour ses adeptes. Mais son existence dans la sphère juridique lui confère un nombre remarquable d'atouts, depuis un statut fiscal particulier jusqu'à une protection juridique constitutionnelle. Pour la Loi, le Kopimisme est une religion. La liberté de culte lui garantit une pratique sans entraves. Mais la copie d'oeuvres soumise au droit d'auteur est illégale...

    Si la Loi est appelée à changer pour accompagner les mouvements de la société, il existe un temps de latence entre le constat de son inadéquation avec le réel et sa pragmatique évolution. Durant ce temps de latence, des forces s’exercent, exprimant la tension existant entre les différents acteurs. Le kopimisme en Suède est une de ces forces. Les lobbys de l’édition (au sens le plus large) en sont une autre. Où se situent les bibliothèques dans ce débat ?

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