Journal de la Carto

Décembre 2013

Info lecteur

La bande dessinée en géographie

    Pouvez-vous vous présenter ?
    Alice Furtado, j'entre en 2e année de doctorat de géographie à Paris 8 et je travaille sur des questions de géographie de la santé. Mon sujet de thèse : les dynamiques territoriales et la santé dans la vallée du fleuve Sénégal.

    Thomas Maillard, en 2e année de doctorat de géographie. Je travaille sur l'agriculture en milieu urbain, au Sénégal. Nous avons fait notre terrain ensemble à Saint-Louis et nous venons de revenir après 6 mois passés là-bas.

    A. Nous y étions déjà allés pour le master 1, au même endroit. La ville nous avait plu : elle se trouve dans le delta du fleuve, sur un archipel et chaque îlot possède sa particularité.

    T. Être sur le terrain ensemble est un plus. On débarque dans un endroit nouveau, connu seulement par les cartes et les livres, si on a bien fait le boulot préparatoire ! Il faut donc du temps pour se familiariser, entrer dans la vie quotidienne : faire les courses, se loger etc. Être à deux facilite cette intégration.

    A. Le soir, nous échangions nos impressions, Thomas après sa journée passée auprès des agriculteurs, moi, au contact des personnels de santé et des habitants. Nous nous soutenions mutuellement et ces échanges étaient aussi un moyen d'élargir notre cercle de contacts.

    T. On a aussi quelqu'un à qui parler de géographie. Les enseignants sont loin et pris par leur propre rythme.
    Agrandir le cercle de contacts est important. Au début du terrain, on prend du temps pour se faire connaître, pour entrer dans le groupe de personnes étudiées et dans le territoire. Un ou deux mois après, les gens nous acceptent et les discussions deviennent intéressantes.

    A. La vie quotidienne nous apporte aussi beaucoup. Nous n'oublions jamais la géographie que ce soit au marché, avec nos amis etc. Les discussions informelles nous apprennent énormément.

    T. La première année, nous avons rencontré un jeune Saint-Louisien qui nous a présenté sa famille et celle-ci nous a "adoptés". Avec eux, nous parlons de tout. C'est un gros coup de chance de les avoir rencontrés. Même si on peut aider la chance...

    A. C'est aussi un réconfort dans les "coups de blues".

    Quel est l'avantage du terrain par rapport aux études dans l'université ?

    A. Tout ce qu'on a fait en cours est mis en pratique. Il faut aiguiser son œil, observer dans l'objectif de répondre à cette question qu'on s'est posé nous-mêmes dans le cadre de notre travail de recherche. Nous comprenons que ce qu'on lit n'est pas toujours vrai et que nous sommes pleins de préjugés, persuadés d'avoir tout compris grâce à nos lectures mais quand nous arrivons sur le terrain,
    T. ça ne colle pas.
    A. Ça ne colle pas du tout ! Nous avons donc la possibilité de vérifier les informations en allant au devant des gens, des institutions.

    T. Un peu comme dans une enquête de police. Quand on arrive, on ne comprend rien, d'autant quand on est dans un pays étranger. Petit à petit, les choses s'éclairent et à un moment, un déclic a lieu et tout semble plus clair et cette connaissance s'accroît d'entretien en entretien. On voit alors de nouvelles choses et on se pose d'autres questions. Et là, il faut s'arrêter !
    Il est agréable de sentir que l'enquête avance.

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