Journal de la Carto

Juin 2013

Info lecteur

La salle des périodiques en 10 lignes

    J'ai profité des congés de Pâques pour me rendre sur mon terrain de recherche dans la vallée de Katmandou, au Népal, où je travaille depuis 25 ans maintenant sur le phénomène d'urbanisation, développement urbain. Au départ, c'est une analyse de la façon dont des gens construisent leur espace en fonction de leur culture : que vont-ils mettre en place ? Comment vont-ils s'organiser spatialement en fonction de leur culture ? Dans un pays de castes, les gens sont hierarchisés, rangés socialement dans des catégories bien différenciées, ce qui structure énormément l'espace. Ils n'ont pas le droit de se servir du même puits, ils ne s'autorisent pas à habiter dans les mêmes maisons etc.

    As-tu observé des changements ?
    Tout a beaucoup changé en 25 ans. Au fur et à mesure, j'ai abordé la ville selon différents aspects et une fois le travail général sur l'urbanisation effectué, j'ai travaillé sur des thématiques. La question du patrimoine notamment car sept sites sont classés au patrimoine de l'Unesco dans la vallée de Katmandou. Que restaure-t-on ? Commment restaure-t-on ? quels sont les choix faits et par qui ? Comment la population ressent ces restaurations ? J'ai travaillé aussi sur les questions de risque sismique et des vulnérabilités sociales et urbanistiques puisqu'on est dans une région qui tremble régulièrement, à peu près un grand tremblement de terre par siècle. Le dernier a eu lieu en 1934...
    J'ai donc pris différents thèmes au cours du temps pour aborder la question de la ville. Sur cette dernière mission, ma thématique était l'extension urbaine. Thème qui paraît banal car la ville grandit mais les changements ont été si importants que je voulais observer la situation sur un seul quartier mais finalement, j'ai englobé beaucoup plus de choses car tout était très transformé.

    Quel a été pour toi le changement le plus notable ?
    Le nombre de cités fermées ("Gated Communities") qui se sont mises en place autour de la ville. J'en connaissais deux ou trois balbutiantes il y a cinq ans. Maintenant, il en existe une quinzaine et en étudiant les images, je suis certaine d'en trouver d'autres. Je suis allée faire des entretiens avec les gens dans ces petits mondes fermés, repliés sur eux-mêmes.
    Illustration : Gated Community. Cliquez sur la photo pour l'agrandir

    Sont-ils de la même caste ?
    Non, c'est très varié du point de vue sociologique. On peut dire que c'est une caste "économique" : ceux qui peuvent se payer ce type de logement. Ceux qui appartiennent aux très basses castes n'ont pas les moyens donc la question de la caste ne se pose pas vraiment mais si des gens de bas statut social souhaitait acquérir un logement, cela poserait problème car en ville, cela en pose encore. Les gens de bas statut restent exclus de nombreux quartiers.
    Ces quartiers fermés sont de tout style (c'est assez savoureux d'ailleurs !). Ils ont un fonctionnement bien à eux avec des gardiens, des gens qui nettoyent les rues alors que le reste de la ville croûle sous les ordures. Ils ont aussi de l'eau et de l'électricité. Les gens en ont marre que ce soit sale et mal géré et dès qu'ils le peuvent, ils habitent là-dedans ce qui explique le succès de ces quartiers.

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    Info carto

    684 et 704 cartes numérisées

 

Info terrain

Katmandou, terrain d'Annick Hollé, enseignante de géo

    Info rencontre

    L’Institut de Géographie Tropicale, Cocody, Côte d'Ivoire

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