Journal de la Carto

Février 2013

Info lecteur

Isidore, la ressource des recherches en SHS

    Quand la cartothèque m’a demandé si je pouvais partager quelques-unes de mes expériences d’orientation (ou de désorientation) sur le terrain, j'ai répondu que je ne me perdais jamais… Cela m’a conduite à me demander pourquoi. Il est vrai que je ne m’égare presque jamais. Il m’est arrivé de voyager dans des villes inconnues de moi, comme Madrid, Cordoue ou Séville (Espagne). Dans les médinas hispaniques par exemple, mon inconscient retient des repères (une façade, un détail sur un bâtiment) et des directions (par exemple, la dernière fois que je suis passée par là, j’ai tourné à droite). Du coup, je pense que j’arrive à me repérer car j’ai conscience –parfois inconsciemment- du lieu dans lequel je me trouve et de la direction que je suis. Cette constatation, qui mériterait sans doute davantage de réflexion et d’analyse, se vérifie sur d’autres terrains, notamment dans les parcs que j’ai étudiés pour ma thèse (parcs frontaliers entre les Etats-Unis et le Canada).

    Comment est-ce que j’arrive à me repérer en pleine nature ? En général, j’ai toujours une ou plusieurs cartes. Elles me permettent d’appréhender l’espace dans lequel je me trouve. Ensuite, j’utilise souvent le relief pour m’orienter. Par exemple, dans le parc national de North Cascades (Etat de Washington), je devais me rendre dans la propriété d’une personne que je devais interviewer. Je savais qu’elle habitait en aval de la vallée, à l’opposé d’une falaise, à proximité d’un ancien verger (cliquez sur la photo). J’ai donc suivi la rivière dans le même sens que l’écoulement puis j’ai bifurqué à un moment donné en direction de vieux pommiers plus ou moins alignés et je suis arrivée à destination. Le problème c’est que je ne suivais pas de sentier donc, au retour, je suis tombée nez à nez avec un serpent. Nous étions aussi surpris l’un que l’autre. Comme nous étions dans une zone où l’humus était très important, je savais que si je frappais le sol, les vibrations se propageraient rapidement et que le serpent filerait. J’étais à vélo, ou plutôt je marchais à côté du vélo à cause des racines, j’ai donc utilisé le vélo pour frapper le sol. Cela a été très efficace pour faire fuir le pauvre serpent.

    La nature peut ainsi parfois venir perturber votre itinéraire, vous obliger à changer vos plans. C’est cela aussi faire du terrain : gérer l’imprévu. Cela m’est arrivé plusieurs fois. Quand je faisais du terrain dans les Rocheuses, lors d'un trajet entre le parc national des Lacs Waterton (Alberta, Canada) et le parc national de Glacier (Montana, Etats-Unis), un incendie de grande ampleur a coupé la roue la plus directe (Going-To-The-Sun Road). J’ai dû faire un détour de plusieurs centaines de kilomètres pour revenir au Canada.

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    La géographie en quelques documents

 

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Un sens inné de l'orientation

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    Lamia Fodil, chef de projet en renouvellement urbain

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