Info lecteur Le Projet Albédo |
Oui, sans oublier la verdure : les alignements d'arbres dans les rues, les squares, les balcons fleuris. La végétation a de nombreux bienfaits. Pour le projet albédo, nous avons pris tout Paris, récupéré les photos aériennes, lancé un satellite, défini tous les objets urbains et calculé les albédos de toutes ces surfaces. A cela, nous ajoutons des relevés de température quotidiens. Tu vas me demander en quoi j'ai besoin de tous.
En quoi as-tu besoin de faire appel à des non scientifiques ? Parce qu'il manque un élément de mesure. Les îlots de chaleur urbaine, il n'y a pas que Paris qui en souffre. C'est un phénomène universel et qui ne va faire que grandir. Pense à la croissance de Mexico (8 millions d'habitants) ou des villes chinoises. Dans un contexte de réchauffement général, il est bon de réfléchir à des solutions de bon sens. Ainsi, des équipes de R&D bossent sur de nouveaux revêtements plus clairs car ces kilomètres d'asphalte (albédo 0,05), tu peux concevoir à quel point ils emmagasinent la chaleur. Des municipalités encouragent leurs administrés à couvrir les toitures et les façades de verdure ou développent espaces verts et bassins. Un problème, des solutions et certaines sont simples à condition de prouver leur impact. Devines-tu quel élément n'a pas été mesuré ? Maria sirote les dernières gouttes de sa boisson, je finis par avouer mon ignorance.
Les véhicules. Ils stationnent et réfléchissent la chaleur à des degrés divers selon qu'ils sont clairs ou foncés. Le projet albédo est un recensement des couleurs des voitures. L'objectif est d'estimer leur impact sur les variations de température observées en microlocal.
Résumons, tu as les données fixes liées à l'infrastructure : toits, rues etc, et tu ajoutes les données mobiles ? C'est ça. Avec l'aide de tout le monde. Ce projet remet la science à sa place : elle est un moyen et non une fin. Son but n'est pas de se concrétiser en publications de chercheurs mais de proposer des solutions concrètes à des problèmes qui nous touchent tous. Les citoyens doivent se réapproprier la science et pour ça, mettre la main à la pâte.
Concrètement ? Chaque volontaire choisit une zone de recensement, chaque jour il recense les couleurs des véhicules stationnés à partir d'un nuancier, il envoie les données collectées de son portable, il nous fait part des difficultés rencontrées et nous répondons aussitôt. Nous ? Les autres volontaires. Une équipe extra, motivée, qui s'implique à fond. Le blog, c'est eux. Les pique-niques aussi, et depuis peu, nous organisons des flash mobs. Une date, un lieu de rendez-vous et tous ensemble nous recensons ou nous repeignons les véhicules en blanc. Ca intrigue les passants, ils nous interrogent, on en recrute beaucoup comme ça. On fait du lien social, et c'est ce que j'aime dans ce projet.
Des résultats déjà ? Il est encore trop tôt pour affirmer mais il y a des tendances, des courbes intéressantes. Il reste à affiner. J'ai déjà pris contact avec des gros constructeurs automobiles, je connais bien ce secteur, j'ai bossé pour eux. J'ai eu de l'écoute : le projet, le dynamisme de l'équipe, le sérieux des données, l'idée aussi, tout les a intéressés.
Pour promouvoir des peintures plus claires ? Ca va plus loin. Si l'impact des véhicules sur la température globale est confirmé, il faudra élargir l'étude à d'autres saisons. Or avoir des véhicules foncés en hiver peut permettre un chauffage urbain moins polluant et gratuit. Mais ne courons pas aux conclusions, le projet n'est pas du tout achevé.
Et comment le département de géographie s'inscrit-il dans ce projet ? Nous prenons le temps de commander deux autres bionades, gingembre-orange. Un de nos volontaires est étudiant chez vous. J'ai pris contact, j'ai été écoutée là aussi. Nous avons défini une nouvelle zone d'étude, sur Saint-Denis, englobant des terrains plus variés, friches, places, petits ensembles résidentiels, dans la proximité de l'université. Nous avons une équipe d'étudiants enthousiastes pour chapeauter l'étude. Ils ont bien compris que le but n'est pas seulement de fournir de la donnée mais qu'il faut impliquer les habitants et les agents locaux comme sur Paris : contractuels, éboueurs, pompiers, nous les avons tous mobilisés. Paris va changer d'aspect, c'est une certitude et c'est à grâce à nous, toi, moi, eux ! Un grand sourire, le portable se remet à sonner, nos verres sont vides.
Un dernier commentaire ? Rejoignez-nous, il y a une place pour vous dans le projet albédo ! (Pour en savoir plus : le blog !)
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