Info lecteur Bilan en images du Journal 2011 |
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Je m'appelle Jean Gardin et j'ai 40 ans. Je suis actuellement Maître de Conférences à l'Université Paris I. Dans ce cadre, je suis membre de l’UMR LADYSS.
Quel parcours vous a conduit à la Géographie ? Au terme d'un Bac « B », je me suis orienté vers un double DEUG en Géographie et en Sociologie. Ont suivi une licence de Géographie et une maîtrise dans le même domaine. Je suis arrivé en Géographie grâce aux enseignants que j'ai rencontrés durant mes études. C'est la qualité de leur enseignement et leurs conseils qui m'ont poussé à continuer dans cette voie. A l'origine, je me destinais davantage à la Sociologie...
Avant d'arriver sur le poste que vous occupez actuellement, quel fut votre parcours ? Après ma maîtrise, j’ai pris un an de pause dans les études : j’ai été maître auxiliaire dans le secondaire et je me suis occupé du droit au séjour de tziganes roumains à Nanterre. L'année suivante, en 1995, j'ai passé les concours d'enseignement (capes et agrégation). Est arrivé le temps du service militaire ; j'ai opté pour un service civil, effectué en Tunisie au sein de l'ORSTOM (devenu depuis IRD). Je m'occupais là-bas de recherche en Géographie rurale. Dans le même temps, j'ai rédigé un DEA (Sociétés européennes, rattaché au Ladyss). A suivi une thèse portant sur la forêt kroumire, soutenue en 2004. Je suis donc rentré dans la profession par la voie habituelle (moniteur, ATER et PRAG) à l'université de Nanterre.
Comment avez-vous trouvé l'emploi que vous occupez actuellement ? Qualifié au CNU, j'ai postulé un peu partout…
Pourriez-vous décrire vos fonctions en quelque mots ? Il s'agit majoritairement de parler à des étudiants, de les instruire et surtout de les conseiller. Quant à l'aspect Recherche, il consiste à élaborer des problématiques de recherches « innovantes et pertinentes »...(rires). Dans tous les cas, je considère que ma fonction fait de moi un peu plus un prof qu'un chercheur.
Quelles compétences nécessite ce travail ? Je tiens à croire qu'il s'agit avant tout d'un artisanat – c’est un travail qui dépend de la personne qui le pratique et de l'alchimie particulière de ses compétences. Chaque enseignant est unique au sein de la communauté et cependant semblable à ses collègues par les tâches qu'il y exerce.
Quelles sont les perspectives d'évolution et de formation ? Très concrètement nous n'avons que peu de temps pour nous former. Pour ma part, je souhaite connaître davantage les « filières pros », pour voir un peu ce que l'on y fait... et ce qu'on pourrait y faire.
Votre regard de géographe vous donne-t-il une singularité dans la pratique de votre métier ? Oui et non – la discipline est toujours vue comme bâtarde, sans méthode propre et n'hésitant pas à piocher dans les autres disciplines (particulièrement en Sciences humaines, mais pas uniquement) les outils qui lui font défaut. Mais nous gardons une singularité : nous restons un peu obnubilés par l’idée de spatialiser les données. On produit des cartes, et ça marque les esprits. De plus, le Géographe ose ce que les autres n’osent pas -c’est à ça qu’on le reconnait- notamment en terme de synthèse. Synthétiser l’Italie en 10 pages dans un atlas, se dire « spécialiste » de la Chine (1/4 de l’humanité !) sont, je crois, de bonnes illustrations de cette audace géographique, à la fois donquichottesque et très nécessaire.
Par exemple, votre métier a-t-il changé l'idée que vous aviez de la géographie ? Oui ! Je ne parle pas du contenu mais des conditions d’exercice. C'est assez pauvre en rêve (notamment au sein des collectifs de recherche)... Ce n’était guère brillant avant la LRU, c’est devenu bien pire.
Que conseilleriez-vous à des étudiants de géographie qui se destinent à l’enseignement ? Je ne sais pas. Je crois que plus il y aura de gens « sympas », c'est à dire humains, mieux la discipline se portera.
Avez-vous des conseils particuliers concernant la manière de traiter avec l’administration ? L’administration veut et doit être connue et reconnue. Quand on arrive sur un poste, nous n’avons pas de formation spécifique à ce sujet, donc pas de connaissance du fonctionnement réel et des rôles de chacun. Comme l’Université se caractérise bien souvent par des rapports d’individus, il est possible d’entendre, dans le cadre de réunions, les prénoms de trois ou quatre personnes jouant un rôle clé dans l’établissement d’un projet. Ces prénoms semblent déconnectés de toute fonction, ou, en tout cas, connus de tous… Il nous incombe donc de visualiser les rôles de chacun à tous les niveaux. Il est souvent utile d’être en mesure d’évaluer la nature (et la qualité) des rapports interpersonnels. Je dirais qu’il s’agit d’un jeu sans règles.
1 - 2 >>
|
Vue panoramique de 1918 et autres outils fabuleux
|