Journal de la Carto - Juin 2018
C’est un projet qu’ils veulent suivre sur le temps long. Par ailleurs, ils sont en contact au niveau local avec une communauté d’OpenStreetMappers malgaches, qui visite les zones que nous avons cartographiées pour ajouter des précisions et corriger nos erreurs. Ils vont ajouter des informations. CartONG m’a proposé ce projet-là dans l’espoir que l’idée germe parmi les étudiants de créer une sorte de club OSM qui puissent s’organiser régulièrement des mapathons autour de ce projet. C’est une zone qui n’est pas cartographiée du tout et qui est sujette à des tempêtes et des cyclones.

On est sur la façade maritime est de Madagascar, et il y a fréquemment des cyclones autour du mois de janvier. Le projet était initialement préventif mais quand on a fait le mapathon, il venait d’y avoir une catastrophe. Le cyclone Ava a fait de nombreux morts et dégats matériels. Au vu de la fréquence des catastrophes naturelles dans cette région, il faut inlassablement remettre son ouvrage sur le métier.


Concrètement, comment se déroule un mapathon ?

Ce n’est pas très compliqué mais il faut s’y prendre un peu en avance. Il y a une procédure qui est proposée par « missing maps ». Il faut évidemment trouver une salle, une connexion internet, des ordinateurs. Missing Maps enregistre l’événement et envoie une invitation à toute leur communauté de contributeurs bénévoles.
L’événement est programmé sur trois heures à peu près. On prévoit un quart d’heure de présentation du projet. Suit un quart d’heure où les participants se créent un compte sur OpenStreetMap. Puis ils s’entraînent avec un petit tutoriel et enfin viennent 1h30-2h de cartographie sur OpenStreetMap.
Les animateurs de la séance tournent dans la salle parce que les consignes ne sont pas toujours très bien comprises par les participants. On prévoit aussi un petit buffet/apéro pour rendre le moment plus convivial. Pour ce mapathon, on a terminé par un appel Skype auprès de l’un des représentants de Pompiers Humanitaire Français. Il nous a expliqué l’utilité concrète de ce que nous avons fait et nous a remerciés pour nos contributions. Ça a beaucoup marqué les étudiants de recevoir ces remerciements.

Ce mapathon s’est déroulé dans le cadre d’un enseignement de licence qui est lié à la Dionyversité (l’université populaire de Saint-Denis). Peux-tu nous expliquer l’apport pédagogique d’une telle démarche ?

Effectivement, ce mapathon a eu pour cadre un cours de licence ouvert aux dionyversitaires, intitulé « cartographie participative » dans lequel on explore et expérimente les différentes formes de cartographie collectives et alternatives qui existent aujourd’hui. On discute aussi du rôle et des limites de la carte dans des démarches de démocratie participative. C’est un cours de la mineure géographie sociale. Disons que le mapathon est un premier niveau de cartographie collective. Ce n’est pas une cartographie participative au sens politique, c’est de la carte humanitaire basée sur le volontariat. Les anglophones parlent de voluntary geographical information (information géographique volontaire).
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Cartothèque de l'Université Paris 8