Journal de la Carto - Juin 2018
Ce mapathon s’est déroulé lors de la 2e séance de ce cours. Sur le plan pédagogique, on peut insister sur trois objectifs pédagogiques principaux.

D’abord, il y a l’acquisition de savoir-faire en vectorisation de l’occupation des sols qui est un peu le travail de base quand on fait des SIG. On dessine des entités : des surfaces, des points, des lignes. On le fait sur un outil informatique. On ajoute ensuite des attributs aux objets qu’on dessine (route carrossable ou non, village, hameaux). Cela permet d’avoir une première approche pratique de ce qu’est un système d’information géographique (SIG) : des objets vectoriels géoréférencés et reliés à une base de données (la table d’attribut).

Ensuite, on s’exerce à la photo-interprétation puisqu’il faut bien identifier les éléments que l’on cartographie.
Là, c’était particulièrement compliqué puisqu’on était en milieu forestier dense. On ne voyait pas forcément bien la route et il fallait parfois un peu la deviner dans l’ombre des arbres. Il fallait aussi identifier les bâtiments. C’est un travail assez intéressant puisqu’on a pas forcément l’habitude d’identifier les choses vues de haut : on peut parfois confondre une ombre avec un mur, une route avec une rivière, etc. Heureusement que deux bénévoles de CartONG étaient là pour qu’on ait le temps de montrer individuellement aux étudiants les difficultés, de vérifier les erreurs qui sont faites…
Vectorisation et télédétection sont véritablement les deux compétences principales qui sont mises en jeu. Il s’agit d’un travail assez mécanique, répétitif, fastidieux mais derrière on sait qu’il y a un objectif humanitaire. Cela donne aux étudiants le sentiment d’avoir fait quelque chose d’utile avec un exercice au premier abord un peu ennuyeux.

Je me souviens que quand j’étais en licence, on faisait des travaux de vectorisation, on scannait une photo aérienne et puis on la géoréférençait, on vectorisait le type de champ, de culture, le type d’habitat. On était 20 dans la classe à avoir produit la même carte d’occupation des sols que le professeur corrigeait et puis ça partait à la poubelle parce que l’année d’après, les étudiants prenaient la même photo aérienne et recommençaient. C’était un exercice nécessaire mais fastidieux et qui n’a d’autre utilité que d’apprendre des compétences techniques. À l’époque, OpenStreetMap n’existait pas encore. Maintenant on a à la fois la formation technique mais aussi un objectif humanitaire. On se rend compte que la géographie peut servir à quelque chose ! Ça donne du sens à ce travail laborieux.

C’est le troisième objectif pédagogique : sensibiliser et responsabiliser les étudiants. Ils sont fiers de leur travail, ils se projettent dans une situation professionnelle et prennent conscience de l’intérêt concret de la cartographie. Ils prennent des responsabilités dans ce travail. S’ils ne font pas attention ou s’ils bâclent leur travail, les pompiers risquent de se trouver dans une situation délicate sur le terrain ! Au final, ils font un travail très appliqué, très minutieux.

Ce projet va-t-il continuer ?

J’ai l'espoir que des étudiants prennent en charge tout ça. Dans la plupart des facultés anglo-saxonnes, il y a des associations d’étudiants qui cartographient régulièrement sur OSM. En France la mayonnaise n’a pas encore pris, CartONG essaie d’en implanter, ça commence à se structurer en master à Cergy-Pontoise mais ce sont des choses difficiles à maîtriser.
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Cartothèque de l'Université Paris 8