Journal de la Carto - Juin 2018
À quoi était lié le Mapathon que tu as organisé avec les étudiants du cours de cartographie participative ?

Il était lié au projet humanitaire de « missing maps ». Il existe spécifiquement un volet humanitaire qui est géré par une équipe dédiée au sein d’OpenStreetMap (la HOTOSM). Chaque association passe commande d’une carte spécifique pour une mission. Toutes les commandes apparaissent sur le site du « Task Manager HOT OSM » (gestionnaire de tâches de l’équipe humanitaire de OSM). Ces tâches contiennent un cahier des charges très précis, sur une zone délimitée, où on définit ce qu’il faut cartographier pour quelle association. La zone en question est carroyée et chaque participant doit cartographier un des carreaux. Cela évite de se mélanger les pinceaux et de cartographier deux fois la même chose.

Il y a deux étapes : la cartographie puis la validation par des contributeurs plus expérimentés. Nous, dans le cadre de notre mapathon, nous avons participé à une des missions : la mission 3679 pour le compte des Pompiers Humanitaires Français.

Il s’agissait de cartographier une région de l’est de Madagascar (le district autour de la ville de Vatomandry). Cette zone est très régulièrement touchée par des cyclones. C’est une zone rurale avec des villages et des hameaux très isolés. C’est l’association humanitaire qui fait la commande à CartONG et définit le cahier des charges. C’était un atelier pour cartographes de niveau intermédiaire. Avec les étudiants, nous avions deux missions : il fallait cartographier les villages et les hameaux de plus de 20 bâtiments et les routes qui relient les villages et les hameaux entre eux. Nous n’avions pas à nous occuper des autres routes et du bâti isolé.
Les pompiers avaient besoin de ces informations pour programmer leur GPS pour intervenir sur place. La cartographie des villages leur servait pour avoir un aperçu de la densité de peuplement de la zone afin de hiérarchiser les interventions. Nous avions des règles très précises qu’il fallait suivre.
Pour les zones habitées, il fallait distinguer les villages (>40 bâtiments) des hameaux (<40 bâtiments). Il fallait donc compter le nombre de maisons. Cela demandait un travail de photo-interprétation qui était un peu poussé.
Pour les routes, il fallait distinguer les routes carrossables (largeur >2m50), des routes non carrossables (<2m50). Cette distinction dépend de la largeur d’un modèle de voiture très utilisé sur place : la 4L Renault.


Les membres de CartONG nous ont expliqué qu’ils n’auraient pas demandé ça à des amateurs. En effet, le mois d’avant ils avaient organisé un autre mapathon avec des non-géographes. Ils devaient cartographier des camps de réfugiés Rohingya au Bangladesh. C’était une cartographie plus simple, il fallait seulement dessiner le contour des bâtiments, des tentes et des rues principales à l’intérieur de ces camps.

Et pourquoi cette zone-là en particulier ?

En fait, j’avais contacté CartONG et ce sont eux qui ont proposé ce projet-là. Je ne savais pas du tout, parmi toutes les tâches proposées par Missing Maps, laquelle était pertinente. Celle-là était la 3679, donc il y en a 3678 autres ! Il y a des missions de difficultés différentes, je ne savais pas laquelle choisir et c’est la représentante de CartONG qui m’a proposé celle-là en particulier.
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Cartothèque de l'Université Paris 8