Info lecteur Archives en ligne de Saint-Denis |
Vous comprenez le créole ? Non mais les étudiants et le chauffeur traduisaient.
Tes impressions ? Le paysage change presque à vue d'oeil au rythme des pluies, des crues. Des pans entiers de montagne s'effondrent, les littoraux évoluent ; l'approche de Cyril qui est spécialiste en géophysique était intéressante sur le cycle de l'eau, le relief etc. et complétait mon approche plus agronomique ou géographie agricole. Cette double approche est essentielle sur des terres où l'accès à l'eau et sa gestion sont si importants.
Quelles sont les productions agricoles ? Sur les versants, on a trouvé des cultures associées banane plantain, haricot, avec souvent des systèmes d'irrigation, puis des céréales sur les zones plus sèches. Ils chenalisent les rivières ou canalisent et pompent. Sur la plaine, c'est la canne à sucre presque en monoculture, avec des unités de transformation. Rien n'est mécanisé. Cette agriculture est donc très consommatrice de main d'oeuvre ce qui a au moins l'avantage de fournir des emplois à des populations qui ne pourraient de toute façon pas en trouver en ville à l'heure actuelle. On a vu des animaux, ânes, boeufs, chevaux utilisés pour le transport mais nous n'avons pas vu d'attelages ou de charrues dans cette zone.
Ces campagnes ont-elle été autant touchées que Port-au-Prince ? Nos étudiants préfèrent travailler sur les vulnérabilités urbaines même si l'un d'eux réfléchit à la question de l'habitat rural et des risques. Il reste des maisons endommagées et nous avons vu à certains endroits des baraquements mis en place par l'ONU. Les zones visitées sont évidemment très vulnérables et ont souffert du tremblement de terre et des inondations, surtout dans les plaines et les basses terres. Dans le premier site, ce n'est pas seulement la route qui a été arrachée mais toutes les cultures du fond de la vallée. Nous avons vu des habitations perchées au bord de la falaise ; à la prochaine crue, elles seront emportées par les éboulements.
Ce terrain est très différent de ceux sur lesquels je travaille d'habitude (plutôt en France et au Canada). J'ai retrouvé dans le paysage une grande diversité de stratégies d'adaptation des paysans aux aléas. En tant qu'agronome de formation initiale, j'ai trouvé cela passionnant !
Voir l'album terrain de Haïti 2013
<<1 - 2
|
|