Journal de la Carto

Février 2013

Info lecteur

Isidore, la ressource des recherches en SHS

    Ma mission comporte plusieurs volets :
    * Le volet foncier qui porte sur le suivi de la mise à disposition des terrains dans les conditions préétablies par les conventions de rénovation urbaine (nu, arasé, libre d'infrastructures, ...).
    * Le volet opérationnel : depuis le lancement des études de faisabilité, le lancement des appels d'offres jusqu’au lancement du programme de construction. Pour ce volet ma société fait appel à des assistants à maîtrise d’ouvrage. Ce sont des cabinets extérieurs.
    * Le volet politique : le programme de rénovation urbaine de chaque commune est porté par le Maire de la commune puisqu'il s'agit là d'une réalisation qu'il offre à ses administrés. Les élus sont très impliqués dans ce genre de projets. Le rôle opérationnel du Chef de projet l’amène à rencontrer les élus de chaque commune afin de leur présenter les projets de construction de logement et tenir compte de leurs remarques dans les modifications qu’il apportera au projet. Le principe est d’aboutir à un projet final qui pourra obtenir son autorisation de permis de construire et qui s’intégrera dans ces quartiers en mutation.

    Beaucoup de métiers, beaucoup d'acteurs : pouvez-vous expliciter avec lesquels vous vous trouvez le plus fréquemment en contact ?
    Les projets de rénovation urbaine sont des projets qui contribuent à réajuster le contenu du quartier, pour le mettre en cohérence avec l'existant et les besoins réels. Le rôle du chef de projet commence dès la conception même du projet de Rénovation Urbaine.
    A ce stade, ce sont des urbanistes et des architectes qui travaillent sur des propositions de projets à l’échelle de tout le quartier. En fonction des souhaits de la collectivité et des besoins spécifiques à chaque quartier, les aspects les plus souvent étudiés sont les hauteurs des bâtiments, leur réhabilitation ou démolition, la localisation et nature des programmes de reconstruction, le désenclavement du quartier et le réaménagement des voiries. Ce sont ces bureaux d'études d'architecture et d'urbanisme qui dessinent les orientations du PRU qui sera porté ensuite par les villes et/ou communautés d’agglomération.

    Une fois le projet de rénovation urbaine validé par les différents partenaires du projet, une convention de rénovation urbaine est signée auprès de l’ANRU et le travail opérationnel peut commencer. Le chef de projet est donc amené à côtoyer des notaires, des géomètres ainsi que les services fonciers des différentes structures vendeuses des terrains sur lesquels il réalisera ses futurs programmes de logements.
    La période de consultation pour le choix du projet à construire amène le chef de projet à travailler avec des équipes constituées d’un promoteur et d'un architecte avec lesquels il mène un travail de mise au point du projet jusqu’à la signature des contrats et lancement de la phase réalisation.

    Le chef de projet est donc l’interlocuteur privilégié de l’ensemble des partenaires du projet. Il est en charge de la coordination de toutes les communications autour de l’intervention de sa société dans le cadre du projet de quartier.

    Dans le renouvellement d'un quartier, quelle part de l'espace contribuez-vous à redéfinir ?
    Les constructions assurées par ma société dans le cadre des PRU représentent entre 25 à 35 % des logements reconstruits in fine sur le périmètre de rénovation urbaine. Les besoins et réalités des territoires ne sont pas les mêmes partout. La localisation des quartiers, leur configuration, leur réputation, la nature du milieu où ils s'insèrent (zones rurales, périurbaines) ne nécessitent pas nécessairement 35% de logements “non-sociaux”. Ce pourcentage est donc précisé au lancement du projet de rénovation urbaine en concertation avec les différents partenaires du projet dont l'ANRU.

    Quelles sont pour vous les perspectives d'évolution sur ce poste ?
    Je pense avoir assez d'expérience pour pouvoir envisager tout. Je suis à un stade où l'on se dit que l'on est prêt à évoluer vers un poste avec plus de responsabilités. Est-ce que j'ai les qualifications ? C'est comme si je devais repenser ma carrière, comme si je candidatais pour la première fois. Si jamais je n'y arrive pas, je pense compléter ma formation en fonction des besoins du poste vers lequel je souhaite évoluer, acquérir des compétences qui ne sont pas nécessairement liées à la Géographie, mais qui sont indispensables à mon évolution professionnelle. Je dirais que le parcours professionnel est quelque chose qu'il faut repenser et faire évoluer en permanence.

    Vous dites souvent “ce n'est pas de la géographie”, mais votre regard de géographe et votre formation dans son acception la plus large vous confèrent-ils quelque avantage dans la pratique de votre profession ?
    J'ai commencé mon parcours universitaire par la Géographie, et pendant ma formation on nous a fréquemment répété qu'il fallait être un bon observateur, qu'il fallait percevoir et analyser l'existant pour pouvoir le traiter. C'est l'essentiel pour le Géographe : il doit être pointu dans son observation pour savoir d'où il part et pouvoir prendre du recul. Ce regard permet d'être précis, consciencieux et d'embrasser une problématique même si l’on n’a pas les compétences pour la traiter. On en perçoit les enjeux, on se pose les bonnes questions pour pouvoir solutionner la problématique rencontrée avec l'aide des personnes les plus compétentes. C'est la pluridisciplinarité qui donne sa force au géographe.

    Que conseillez-vous à des étudiants de Géographie se destinant au monde de l'urbanisme et de l'aménagement ?
    Dès les premières années d'études, il faut se poser la question des débouchés que l'on souhaite investir. J'étais très heureuse de participer à cette journée des métiers. Je pense que c'est une très bonne démarche de pouvoir leur donner une vision des possibles orientations professionnelles au terme d'études en Géographie.
    Personnellement j'ai construit mon parcours de façon intuitive. J'aurais pu me tourner dans une autre direction, les SIG par exemple sont actuellement une attente extrême de toutes les structures. C'est une spécialité qui a de l'avenir, qui se décline en différents métiers et dont, durant mes études, je n'ai pas beaucoup entendu parler.
    Qu'ils sachent qu'il y a de nombreux débouchés et qu'ils puissent choisir en connaissance de cause !

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    Lamia Fodil, chef de projet en renouvellement urbain

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