Journal de la Carto - Février 2019
Démonstration de bras articulés ici et ici. Et ne manquez pas cette vidéo qui met en relief l'espace de l'entrepôt et sa complète déshumanisation. On ne nous dit pas de quoi parle l'humaine avec ses collègues bras articulés et tapis roulants.

L'article des Échos ne mentionne ni cette évolution du travail ni la suppression des emplois induite par la construction de ces entrepôts. Gageons que la décision prise en 2018 par le maire de Chartres de refuser l'installation d'un entrepôt géant dans sa commune lui est inconcevable.

Le maire assure que les 2 000 créations de postes envisagées concernent des emplois non qualifiés, faiblement payés et travaillant en 3×8 et que les postes de travail en jeu risquent fort, à moyen terme, d’être laminés par l’automatisation.. L'article est intéressant aussi pour les critères géographiques (les « avantages spatiaux ») qui ont déterminé l'emplacement de cette « plate-forme logistique ».

...au nord-est de Chartres, à faible distance d’un accès à l’autoroute A 11, de la RN 10 et d’une sortie possible de la future A 154, dont la mise en service pourrait intervenir en 2022. La ville préfecture d’Eure-et-Loir se trouve à un nœud routier reliant la Normandie à l’Ouest et au Sud-Ouest de la France. Ceci à 85 kilomètres de Paris.

Cliquez pour voir la vue aérienne avec zone d'activités et rond-point des GJ.

Notre article initial relève toutefois deux points noirs à cette nouvelle tendance de l'entrepôt géant.

Les 200 entrepôts supplémentaires commandés en France en seulement quatre ans contribuent fortement à l'artificialisation des sols à la périphérie des villes. Un problème particulièrement visible en cas d'inondation. Surtout, en proposant de livrer où le client préfère (domicile, lieu de travail, Point-relais...), les opérateurs jettent sur les routes des millions de camions supplémentaires, sur des axes déjà souvent surchargés.

Le maire de Chartres évoque lui aussi ces nuisances causées par la circulation de 50 000 poids lourds par mois, sur des axes surchargés puisqu'ils sont choisis justement pour leur fonction de nœud routier. En conséquence, les habitants voient leur temps de trajet augmenter, tout en subissant un surplus de pollutions sonore, atmosphérique et visuelle.

L'artificialisation des terres appartient à ces sujets que chacun se contente d'aborder en surface. Après avoir répété sentencieusement que les sols disparaissent sous le béton au rythme d'un département tous les 5, 8 ou 10 ans, nous nous empressons de passer à autre chose parce que c'est bien triste mais c'est comme ça. Creuser la question permet de constater que le sujet se rattache à la question du paysage, domaine qui semble hautement inflammable parmi les universitaires touchant de près ou de loin à l'aménagement de l'espace. Mieux vaut s'en écarter et se demander ce que devient un sol sous son revêtement de bitume.
Cartothèque de l'Université Paris 8