Journal de la Carto - Février 2019
La course à l'entrepôt géant

Pour point de départ, un article des Échos décrivant le développement des entrepôts géants dans des localités largement méconnues mais riches de foncier et d'axes autoroutiers, aux noms bucoliques comme Sainghinen-Mélantois près de Lille, Moissy-Cramayel en Seine-et-Marne, Saint-Quentin-Fallavier au large de Lyon.

La stupeur est de mise car que n'avait-on entendu sur la France moche, il y a quelques années... En 2010, Télérama expliquait sa naissance dans un article qui est plus d'actualité que jamais.

Les auteurs questionnaient cette vie quotidienne hors des centre-villes : Alors, il n'y aurait pas d'autre modèle de vie que celui qui consiste à prendre sa voiture tous les matins pour faire des kilomètres jusqu'à son travail, par des routes saturées et des ronds-points engorgés, pour revenir le soir dans sa maison après être allé faire le plein chez Carrefour ?

Un autre modèle de vie a surgi depuis, celui du e-commerce dont la forme la plus élaborée s'incarne dans la livraison instantanée à domicile.

Le e-commerce s'appuie sur l'analyse prévisionnelle élaborée à partir des monceaux de données personnelles gentiment mises à disposition des opérateurs internet par les consommateurs. Ceux-ci achètent de plus en plus via leur téléphone mobile (m-commerce) et accèdent à une offre de marchandises sans commune mesure avec celles offertes par les magasins physiques limités par leurs murs. Sans compter l'avantage de glisser un livre de recettes dans une page proposant des fruits et légumes. Imaginez ce livre dans un étal de poireaux... Mais comme la marchandise ne peut être entièrement virtualisée (une soupe de pixels ne vous nourrira pas), les contraintes du e-commerce se focalisent sur le stockage, l'expédition, le transport et la livraison, avec des modes de gestion revisitées par les nouvelles technologies. L'entrepôt géant est une des composantes de cette nouvelle logistique.



L'article des Échos remarque la rentabilité d'un investissement foncier visant à percevoir les loyers des entrepôts. «Les rendements actuels en font des actifs attractifs par rapport à l'immobilier de bureau, créant un engouement des investisseurs internationaux pour ce type de produit.» Foncières, développeurs, gestionnaires de fonds américains, australiens ou encore britanniques jouent ainsi des coudes pour trouver les bons terrains disponibles dans l'Hexagone.
Cartothèque de l'Université Paris 8