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Les dons sont une question délicate dans les bibliothèques et cartothèques. Bien sûr, on peut applaudir à l'idée d'enrichir ses collections mais que signifie enrichir ?
Ranger le tout dans des tiroirs qui ne seront plus jamais ouverts et se satisfaire d'avoir un nombre à 3 ou mieux 4 chiffres dans la colonne statistiques de l'année ? Boucher les trous dans les collections et se réjouir d'avoir un exemplaire de Felletin ? Se grossir telle la grenouille de la fable pour devenir la plus importante cartothèque de France en oubliant que jamais la grenouille n'égalera le boeuf Département des cartes et plans de la BNF avec ses millions de cartes ? Masquer son incapacité à refuser un don parce que si l'enseignant dit que c'est utile, qui est-on, humble membre du personnel, pour s'opposer et lui suggérer non seulement de reprendre ses vieilles cartes de randonnées allemandes des années 50 mais de les balancer à la poubelle ? Nier qu'être paralysé à l'idée de jeter les lambeaux du 50e exemplaire de la carte de Houdan nécessiterait de suivre une thérapie ? Faire comme on a toujours fait sans se poser de questions et la cartothèque étant l'endroit où se rangent les cartes, accepter tout et n'importe quoi en se félicitant de sa conscience professionnelle ? Et il y a d'autres raisons et toutes interviennent plus ou moins quand on accepte un don. Cependant, il est important de réfléchir aux conséquences. Ces documents, il faut les trier, les intégrer dans le catalogue, les tamponner, les équiper si nécessaire et enfin les ranger. Cela prend du temps et de la place, cela a un coût. Ce coût est à rapporter à l'utilité et celle-ci n'apparaît pas toujours. Alors il faut aller plus loin, prouver cette utilité et prendre le temps, la place et l'argent d'exposer, d'afficher, de parler (tu as vu, j'ai 10 exemplaires de Paimboeuf de 1984 ?), bref, de faire de la com' autour du don. Sauf que le don n'est généralement pas le plus intéressant de la cartothèque, que les enseignants et lecteurs ont peu d'attention à accorder et que la gâcher en leur présentant des vieilleries alors qu'on a acheté des manuels de commentaires de cartes et des atlas tout neufs n'est pas judicieux... Bref, accepter un don implique d'être clair sur les raisons de dire oui et les conséquences. Par exemple, si l'on pense que la géographie est une discipline d'avenir, que les étudiants vont revenir en foule, que la carte papier reste le coeur de l'enseignement de la géo, alors deux fois oui à compléter sa collection de cartes topos. Mais on peut aussi accepter des dons malgré le numérique et la désaffection, malgré l'éparpillement des spécialités dont aucune n'a plus vraiment besoin de cartes papier, juste pour la beauté des cartes.
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