Journal de la Carto - Juillet-Août 2015
Comment réalise-t-on que le chemin commencé ne nous convient pas ?

Je savais que je n’étais pas heureuse dans mon travail d’IGE, que je m’ennuyais très vite et que même si ce n’était pas insoutenable, je n’arrivais pas à me dire que je devais me contenter de ça pour ma vie professionnelle. Parce que malgré tout, on passe une grande partie de sa vie au travail, et que si celui-ci n’est pas épanouissant, il me semblait que je passais à côté de quelque chose. Alors, ce fut rapidement assez clair pour moi. Cela dit, il me semble que la peur de l’entreprise et de se dire qu’on a perdu son temps peut nous empêcher de sauter le pas, aussi l’abandon d’un certain confort. Et malgré ce qu’on peut dire, la société n’est pas encore très encourageante pour ce type d’initiative. Il m’a fallu être débrouillarde et j’avoue que le soutien inconditionnel de mon compagnon et de mes amis m’a permis de faire face aux différentes épreuves.
Comment se fait une reconversion professionnelle ?

C’est un vrai choix. Comme je le dis plus haut, il faut faire le deuil à un moment d’une vie et d’un confort. Il faut faire face à l’incompréhension de beaucoup de gens, même de proches dont on aurait souhaité le soutien. À partir de là, il faut s’organiser, effectuer beaucoup de recherches et prouver tout le temps que sa motivation est sans faille. Ne surtout pas abandonner aux premières portes qui se ferment ou aux premières déconvenues.
Pendant deux ans, j’ai cumulé plusieurs petits boulots plus ou moins gratifiants dans la restauration, de la salle aux cuisines en passant par la plonge. Je me suis régulièrement levée à 4 h du matin pour travailler en traiteur sur de gros événements, j’ai même fait du bénévolat en cuisine pour des gatherings. Il m’a fallu faire mes preuves face à de jeunes diplômés qui avaient à 18 ans beaucoup plus de compétences que moi. J’ai choisi de faire la différence par ma motivation et surtout ma capacité à être autonome et responsable très vite.

En parallèle, j’ai suivi les cours du soir de la mairie de Paris en cuisine et pâtisserie, mais aussi en création et gestion d’entreprise. J’ai également suivi une formation sur l’hygiène et la sécurité en restauration par le biais des syndicats de restaurateurs. Enfin dernièrement j’ai intégré pendant 3 mois une formation gratuite de boulangerie mise en place par le chef Thierry Marx. Mon parcours de reconversion ne m’a rien coûté à part du temps. Les formations que j’ai entreprises sont abordables, on paye seulement son matériel, sa tenue et les frais de dossiers. Pour les plus chanceux qui ont des économies, plusieurs écoles offrent aujourd’hui des formations pour les personnes en reconversion. Cependant, elles sont très coûteuses et de mon point de vue, rien ne vaut la pratique de terrain.
Suite de la rencontre
Cartothèque de l'Université Paris 8