Journal de la Carto - Juillet-Août 2015
Que vous a apporté votre regard de géographe ruraliste dans votre travail auprès d'une chambre d'agriculture ?

Difficile comme question. Je ne me la suis encore jamais posée... mais bonne question !

Je vais partir d'un exemple. Une de mes missions était de préserver les terres agricoles de l'urbanisation notamment des zones d'activités qui se multiplient en milieu rural en espérant attirer les entreprises. J'ai alors eu à travailler avec une palette d'acteurs aux jargons, objectifs et stratégies différents voire concurrentiels. Mon regard de géographe m'a donc permis d'identifier tous ces acteurs sans en oublier, de les rencontrer un à un pour les comprendre, de trouver un sujet de travail qui les rassemble pour ensuite les accompagner à travailler ensemble autour d'un objectif commun. J'étais le liant entre les acteurs. Voilà pour mon regard de géographe.

Pour mon regard de géographe ruraliste : il m'a apporté une compréhension rapide et fine des enjeux sur le terrain. Après deux terrains de fin d'étude et cinq de formation, on commence à être rodé! Et aussi une capacité à ingurgiter des articles à une vitesse qui surprenait mes collègues alors que moi je me trouvais lente !

Votre pratique professionnelle a-t-elle changé votre perception de la géographie ?

Non je ne pense pas. Disons que je me sens plus au cœur du réel que pendant mes études et mes mémoires de recherches. Il y a tout ce qu'on a appris et comment l'appliquer dans un contexte où les facteurs réels rentrent en compte comme la politique, les lourdeurs administratives...




Là je peux vraiment faire les choses, être actrice du changement et pas seulement observatrice, rédactrice de recommandations pour aller vers une société plus égalitaire et respectueuse de l'environnement. Mais les études me manquent quand même. En fait, ce qui me manque, c'est d'avoir le temps de lire, de réfléchir.
Suite de la rencontre
Cartothèque de l'Université Paris 8