Ainsi la Jezireh ne connaît pas une répression aussi féroce qu'à Homs ou Deraa et les Kurdes sentent d'ores et déjà la mâchoire du Baas (Parti de la résurrection arabe et socialiste au pouvoir en Syrie) se desserrer. Ils étaient pourtant l'objet d'une surveillance étroite depuis la troisième guerre du Golfe (en 2003, l’Irak est attaqué par une coalition alliée des États-Unis et du Royaume-Uni, sans mandat de l'ONU) qui vit la lutte pankurde de leurs cousins kurdes d'Irak gagner en légitimité sur la scène internationale. En 2004 d'ailleurs, des affrontements identitaires avaient éclaté entre les Kurdes syriens et le pouvoir dans l'indifférence générale. A l'époque, les partis politiques kurdes de Syrie, par clientélisme ou par peur de la répression, avaient contribué à ramener la jeunesse à la maison.
Le régime syrien s'applique donc à reconnaître les revendications de cette fraction de la population. De centaines de milliers de Kurdes sont apatrides depuis les années 60 ; en 2012, Damas édite des cartes d'identité. La langue kurde n'est pas reconnue ; en 2012 on crée une chaire de littérature kurde à l'université de Damas. Si les mesures sont sporadiques, elles permettent néanmoins de fissurer l'unité de la protestation.
D'autre part, le gouvernement syrien a toujours entretenu une diplomatie régionale quelque peu turbulente : son soutien au Hezbollah libanais comme l'envoi de djihadistes en Irak pour combattre l'impérialisme américain figurent dans ce registre. On sait -et l'on observe à présent- combien les relations entre la Syrie et la Turquie sont inamicales. Le soutien aux guérilleros du PKK (Le Parti des travailleurs du Kurdistan formé en 1978 par Abdullah Öcalan) dans l'Est de la Turquie a permis à Hafez Al Assad (le père de Bachar, actuel chef de l'état syrien) d'affaiblir son voisin et de maîtriser les velléités indépendantistes de sa propre population kurde. Il était en effet possible pour un Kurde syrien de servir dans les rangs du PKK, c'est à dire de participer à la réalisation du Kurdistan... à l'étranger.
Le régime syrien s'applique donc à reconnaître les revendications de cette fraction de la population. De centaines de milliers de Kurdes sont apatrides depuis les années 60 ; en 2012, Damas édite des cartes d'identité. La langue kurde n'est pas reconnue ; en 2012 on crée une chaire de littérature kurde à l'université de Damas. Si les mesures sont sporadiques, elles permettent néanmoins de fissurer l'unité de la protestation.
D'autre part, le gouvernement syrien a toujours entretenu une diplomatie régionale quelque peu turbulente : son soutien au Hezbollah libanais comme l'envoi de djihadistes en Irak pour combattre l'impérialisme américain figurent dans ce registre. On sait -et l'on observe à présent- combien les relations entre la Syrie et la Turquie sont inamicales. Le soutien aux guérilleros du PKK (Le Parti des travailleurs du Kurdistan formé en 1978 par Abdullah Öcalan) dans l'Est de la Turquie a permis à Hafez Al Assad (le père de Bachar, actuel chef de l'état syrien) d'affaiblir son voisin et de maîtriser les velléités indépendantistes de sa propre population kurde. Il était en effet possible pour un Kurde syrien de servir dans les rangs du PKK, c'est à dire de participer à la réalisation du Kurdistan... à l'étranger.
Aujourd'hui, pour les Kurdes de Syrie, la lutte nationaliste a deux modèles antagonistes.
En Irak, le PdK (Parti démocratique du Kurdistan) de Massoud Barzani (Président de la Région autonome du Kurdistan depuis la chute de Saddam Hussein en 2003) a gagné en autonomie et se tourne vers la Turquie pour s'affranchir de Bagdad. Le pétrole reste un enjeu important et par les vertus du doux commerce, le KRG (Gouvernement Régional du Kurdistan) entend conduire la Turquie sur la voie d'un développement économique et d'une libéralisation politique de son espace kurde.
En Turquie, le PKK d'Abdullah Öcalan (emprisonné à vie dans une île-prison turque) a connu plus de trente années d'une guerre de contre-insurrection des plus dures – et des moins documentées- contre le gouvernement turc. Marxiste puis « communaliste », l'idéologie qui nourrit ce mouvement implique une refonte de la société dans son ensemble. En cela, ils sont bien loin de partager les visées du KRG (Gouvernement Régional du Kurdistan) qui se voudrait le Dubaï du Nord de la péninsule arabique.
Combattants kurdes (pechmergas) à la frontière entre l'Irak et la Syrie
En Irak, le PdK (Parti démocratique du Kurdistan) de Massoud Barzani (Président de la Région autonome du Kurdistan depuis la chute de Saddam Hussein en 2003) a gagné en autonomie et se tourne vers la Turquie pour s'affranchir de Bagdad. Le pétrole reste un enjeu important et par les vertus du doux commerce, le KRG (Gouvernement Régional du Kurdistan) entend conduire la Turquie sur la voie d'un développement économique et d'une libéralisation politique de son espace kurde.
En Turquie, le PKK d'Abdullah Öcalan (emprisonné à vie dans une île-prison turque) a connu plus de trente années d'une guerre de contre-insurrection des plus dures – et des moins documentées- contre le gouvernement turc. Marxiste puis « communaliste », l'idéologie qui nourrit ce mouvement implique une refonte de la société dans son ensemble. En cela, ils sont bien loin de partager les visées du KRG (Gouvernement Régional du Kurdistan) qui se voudrait le Dubaï du Nord de la péninsule arabique.
Combattants kurdes (pechmergas) à la frontière entre l'Irak et la Syrie