Poker menteur au Kurdistan par Félix Poyer
Avec la bataille de Kobanê, les Kurdes de Syrie sont apparus sur les écrans de l'information « mainstream ». Leur combat contre l'Etat Islamique, la révolution démocratique au Rojava (littéralement « Kurdistan occidental ») et leur traitement de la question féminine offrent à cet acteur de la crise syrienne une couverture médiatique particulièrement bienveillante.
Pourtant, dans les trois cantons kurdes de Syrie (d'Efrin, de Kobanê et de la Jezireh), c'est une organisation toujours considérée comme terroriste par l'Union Européenne et les Etats-Unis qui mène la danse, avec un pragmatisme certain et des velléités hégémoniques avérées.
Cet article propose, au travers une mise en perspective de la question kurde dans le contexte de l'après 2011, d'éclaircir les buts mais également les moyens et les réalités de cette révolution en trompe l’œil, à la fois à la marge et en plein cœur de la crise syrienne.
La question kurde, toujours aussi épineuse, semble ces dernières années bourgeonner. Il faut dire que les temps ont été rudes depuis le traité de Lausanne qui, en 1923, donna les deux tiers de la zone de peuplement kurde à la République turque fondée la même année par Mustafa Kemal Atatürk, jusqu'au coup d'état des Généraux des années 80 qui accentua le durcissement de la guerre contre les Kurdes dans l'Est de la Turquie ou encore l'opération Anfal en Irak (génocide kurde ordonné par le régime irakien de Saddam Hussein de février à septembre 1988, conduisant à l'élimination de plus de 180 000 civils kurdes) qui visait à l'extermination de cette encombrante population.
De la négation à la reconnaissance en passant par la guerre, voilà la destinée que le peuple kurde se trace sur quatre pays du Moyen-Orient, quatre pays dessinés eux aussi à la faveur de la guerre, sous
Avec la bataille de Kobanê, les Kurdes de Syrie sont apparus sur les écrans de l'information « mainstream ». Leur combat contre l'Etat Islamique, la révolution démocratique au Rojava (littéralement « Kurdistan occidental ») et leur traitement de la question féminine offrent à cet acteur de la crise syrienne une couverture médiatique particulièrement bienveillante.
Pourtant, dans les trois cantons kurdes de Syrie (d'Efrin, de Kobanê et de la Jezireh), c'est une organisation toujours considérée comme terroriste par l'Union Européenne et les Etats-Unis qui mène la danse, avec un pragmatisme certain et des velléités hégémoniques avérées.
Cet article propose, au travers une mise en perspective de la question kurde dans le contexte de l'après 2011, d'éclaircir les buts mais également les moyens et les réalités de cette révolution en trompe l’œil, à la fois à la marge et en plein cœur de la crise syrienne.
La question kurde, toujours aussi épineuse, semble ces dernières années bourgeonner. Il faut dire que les temps ont été rudes depuis le traité de Lausanne qui, en 1923, donna les deux tiers de la zone de peuplement kurde à la République turque fondée la même année par Mustafa Kemal Atatürk, jusqu'au coup d'état des Généraux des années 80 qui accentua le durcissement de la guerre contre les Kurdes dans l'Est de la Turquie ou encore l'opération Anfal en Irak (génocide kurde ordonné par le régime irakien de Saddam Hussein de février à septembre 1988, conduisant à l'élimination de plus de 180 000 civils kurdes) qui visait à l'extermination de cette encombrante population.
De la négation à la reconnaissance en passant par la guerre, voilà la destinée que le peuple kurde se trace sur quatre pays du Moyen-Orient, quatre pays dessinés eux aussi à la faveur de la guerre, sous
Cliquez pour agrandir la carte des régions habitées par les Kurdes
le signe des puissances britanniques et françaises. Déjà le pétrole était important, il l'est plus que jamais.
Lorsqu'en 2011 survient la guerre civile syrienne dans le cadre du Printemps arabe, le régime syrien de Bachar el-Assad sait que les divisions ethniques et confessionnelles sont la garantie de sa survie. Si les schémas narratifs désignant son ennemi comme « sunnite et radical » ne sont pas encore réalité, ils ne tardent pas à le devenir grâce à la mise en œuvre de la stratégie de division élaborée par le premier cercle du régime. Pendant que dans la rue la jeunesse s'obstine, à Qamishlo comme ailleurs à scander l'unité de la Syrie « Al shabab wal suri wahed wahed wahed » (Le peuple de Syrie est un, un, un), le gouvernement cherche à satisfaire les uns tout en réprimant les autres.