Journal de la Carto - Mars-Avril 2017
Films et documentaires : quelle offre ?

Un enseignant de géographie désire analyser les films de Yann Arthus-Bertrand avec ses étudiants. Il a repéré une émission appelée Vu du ciel qui contient 15 documentaires. N'importe lequel fera l'affaire.

Une enseignante souhaite utiliser le film : Inégalité pour Tous sorti en juin 2016 pour son cours de géographie économique. Idem avec L’intérêt général et moi sorti la même année.

Un enseignant a repéré le film Ouragan de M. Barbançon qu'il aimerait projeter dans le cadre de son cours sur le climat.

Un enseignant grand amateur d'Arte voit passer des documentaires sur l'Arctique qu'il juge très pédagogiques : il a besoin d'en extraire quelques images et commentaires pour ses étudiants.

Une enseignante a vu le documentaire AMAP bio, culture extraterrestre ? et le pense utile pour son cours de géographie rurale.

Pour mon cours sur l'agriculture, pourrions-nous acquérir les documentaires Sur le Causse Méjean, Les Contes de la Terre, Sur les traces de Dieu ?

Les Gardiens du risque, Quelles aires protégées pour l’Afrique de l’Ouest ? sont suggérés pour un autre enseignant.

Le point commun de toutes ces demandes ? La plupart n’ont pas abouti et pour les autres, l’acquisition des films n’a pas été simple.
Explications
Nous n'avons pas le droit d'acheter les films dans le commerce ou directement chez le réalisateur ou le diffuseur. Comme pour tout achat, il est obligatoire de passer par un fournisseur agréé par l'université. Ce fournisseur est choisi sur appel d'offre et après une procédure précise régulièrement renouvelée. Le marché de l'achat de DVD est actuellement dans les mains de l'Adav, centrale d'achat réservée exclusivement aux organismes culturels et éducatifs.

Signalons tout de suite une caractéristique importante de ce marché. Contrairement à un livre ou à une carte qui nous revient moins cher que dans le commerce grâce aux réductions négociées par le fournisseur auprès des maison d'édition et à ses économies d'échelle, l'Adav nous le vend beaucoup plus cher : de 30 à 50 euros en moyenne. A titre d'exemple, Amérique latine, l'autre Amérique de J.C. Victor (Dessous des cartes, durée 140 mn, 2007) vaut 33 euros contre 14 dans le commerce.

Les bibliothèques ne sont pas libres de leurs acquisitions parce qu’elles ne peuvent acheter que les titres pour lesquels les droits d’auteur ont été négociés. Les bibliothèques ne sont en effet pas parvenues à un accord avec l’édition cinématographique équivalent à ce qui s’est produit avec l’édition imprimée, et il n’existe pas de loi organisant la perception des droits d’auteur en bibliothèque pour les documents audiovisuels. Le fait est que producteurs et distributeurs, titulaires des droits patrimoniaux attachés aux films, craignent de perdre de l’argent en cédant ces droits aux bibliothèques. [...] Le résultat de cette lacune est que toute la production audiovisuelle éditée n’est pas accessible aux bibliothèques, qui ne peuvent acheter que les titres pour lesquels les droits ont été négociés.
Mémoire d'étude de Xavier Loyant, janvier 2010

Les droits d'usage vidéo pour les réseaux culturels et éducatifs non commerciaux sont très stricts et impliquent des interdictions multiples en plus d'un tarif élevé. Chaque fournisseur négocie chaque titre : les prix varient donc selon les fournisseurs.
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Cartothèque de l'Université Paris 8