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Audiovisuel : les films


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Enfants forçats / Dubois (H.), INA, 2012

Ce documentaire dénonce le travail des enfants à travers le monde. Il faut en effet savoir qu’aujourd’hui 215 millions d’enfants entre 5 et 17 ans exercent une activité économique et 115 millions d’entre eux dans les pires conditions. Le réalisateur dénonce cela en s’arrêtant sur quatre pays touchés par ce fléau : l’Inde, la République dominicaine, le Burkina Faso et les Etats-Unis.

Ce film qui date de 2012 est la suite d’un ancien documentaire réalisé par le même réalisateur en 1992 dans lequel il dénonçait déjà le travail des enfants : « L’enfance enchaînée ». D’ailleurs, le documentaire commence par la recherche d’enfants qu’il avait rencontrés 20 ans plus tôt dans un atelier de confection de bracelets, en Inde. A l’époque, ils étaient âgés de seulement une dizaine d’années. La recherche n’a abouti à rien mais elle permet de montrer que 20 ans plus tard, même si les ateliers se sont déplacés, il en existe toujours où des enfants en bas âge travaillent la journée et ne vont pas à l’école.

Des enfants travailleurs nous sont présentés en Inde mais aussi en République dominicaine, au Burkina Faso et même aux Etats-Unis. La principale raison de la présence d’enfants travailleurs est toujours la même : la pauvreté. La plupart du temps, l’argent gagné par ces enfants constitue le principal revenu pour leur famille. Selon le pays, le travail effectué est différent. En Inde, les enfants travaillent dans des ateliers. En République dominicaine, ils travaillent dans des déchetteries. Au Burkina Faso, les mines sont remplies d’enfants travailleurs et il leur arrive même de mendier tandis qu’aux Etats-Unis, ce sont des petits immigrés, souvent mexicains, que nous retrouvons dans les champs pour les récoltes saisonnières.

Dans chaque cas, le réalisateur nous présente une personne ou une association qui lutte contre ces exploitations d’enfants. En Inde, c’est une association qui sort les enfants des ateliers souvent gérés par la mafia indienne. Plusieurs personnes de l’association se font agresser lors du tournage du documentaire. Au Burkina Faso et en République dominicaine, ce sont des associations étudiantes qui viennent en aide aux enfants en leur proposant des formations et en offrant une aide financière à leurs parents. Aux Etats-Unis, un couple d’habitants va à la rencontre des enfants pour leur apporter des éléments nécessaires à l’éducation et aux loisirs.

En revanche, même si ces aides locales sont indispensables et font avancer les choses, c’est bien un engagement international qui est nécessaire pour faire cesser le travail des enfants à travers le monde. Le président de la « Marche mondiale contre le travail des enfants », Kalaish Satyarthi, soutient le fait que les entreprises internationales ont un rôle important à jouer face à ce fléau. L’aide à l’éducation reste selon lui la principale cause à défendre pour lutter contre la pauvreté, l’illettrisme et le travail forcé à travers le monde.

En complément du film, il nous est présenté une interview du réalisateur Hubert Dubois et de l’assistante réalisatrice dans laquelle ils nous expliquent leurs travaux et leurs recherches pour le film. Ils racontent aussi ce qui les a poussés à faire un documentaire sur ce sujet et les anecdotes qui leur sont arrivées lors de la préparation du tournage et pendant le tournage. En plus de cela, le réalisateur est allé à la rencontre d’enfants français de CM2 pour parler du documentaire. On constate donc un contraste entre les enfants français scolarisés qui ne connaissent pas l’existence d’enfants travailleurs à travers le monde et la vie de ces enfants travailleurs dans le monde entier.

Ce documentaire est très enrichissant car il dénonce de manière assez complète toute l’industrie faite autour de l’exploitation des enfants travailleurs. L'étude locale mène petit à petit à une étude à une échelle plus globale. Il précise bien que ce fléau touche le monde entier et même les pays les plus puissants du monde (Etats-unis, Chine). Il y a énormément d’interviews d’enfants, de parents, de membres d’associations et les images sont d’une très bonne qualité. Le tout fait que c’est un documentaire d’une très grande qualité qui traite d’un sujet important de manière complète tout en respectant la pudeur et l’insouciance des enfants et de leur famille face à la réalité quotidienne. Ce film peut être utilisé pour des travaux en géographie ou en sociologie.

Lise André, étudiante de géographie