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City of dreams : Détroit, une histoire américaine / Faigenbaum (S.), TS Productions, 2013

Ce film à été tourné à Détroit, une ville nord américaine située dans l’État du Michigan. Il retrace l’histoire de Détroit depuis le début du XXe siècle jusqu'à nos jours.

Le réalisateur, Steve Faigenbaum, est un natif de ville ; il se met en scène au début du documentaire et va tout au long du film interviewer sa famille et ses proches sur leurs souvenirs de Détroit. Certains d’entre eux ont quitté la ville depuis plusieurs années, tout comme lui. D’autres y vivent encore. Steve Faigenbaum nous montre certaines images personnelles sur son enfance à Détroit, ce qui constitue des images d’archives.

Ce film a donc pour but de nous montrer l’évolution et les transformations de Détroit depuis un siècle environ. Pour cela, le réalisateur utilise trois axes différents d’observation. Le premier axe est son vécu personnel et l’histoire de sa famille, le deuxième axe est celui des différentes vagues d’immigration et le troisième axe d’observation représente la place de l’industrie dans Détroit au fil des années et en quoi elle a modifié le paysage.

La famille de Steve Faigenbaum a immigré à Détroit au début du XXe siècle, en provenance de l’Europe de l’Est. C’était une famille traditionnelle juive qui s’installait aux États-Unis pour vivre le « rêve américain ». A cette époque, Detroit est une ville qui s’enrichit grâce à l’automobile et notamment grâce aux entreprises Ford. C’est dans une de ces entreprises que son grand-père obtient un emploi et achète une maison dans le quartier juif. Toute sa famille finit par se retrouver dans ce quartier.

La vague d'immigration des juifs européens n’est pas la seule vague d’immigration qu’a connu Détroit. En effet, vingt ans après cette première vague, des Afro-américains venant du sud du pays se sont installés dans la ville. Ils fuyaient la pauvreté et la ségrégation du sud des États-Unis pour vivre, tout comme les juifs précédemment, le « rêve américain » en accédant à la propriété et en trouvant un travail. Cette mixité sociale et raciale à Detroit fut pendant longtemps un exemple pour les autres villes américaines mais aussi un symbole pour la lutte contre la ségrégation. Malheureusement, avec la chute économique de Détroit, les classes riches et moyennes, majoritairement blanches, ont fui la ville pour s’installer en banlieue, laissant derrière elles des maisons à l’abandon et une population majoritairement afro-américaine en grande difficulté. Ces phénomènes de « white flight » et de crise économique ont donc amené la fuite de la population mais aussi l’augmentation du trafic de drogue, du chômage, du racisme et de la violence. le paysage de Détroit garde encore les traces de ces nombreuses années de chaos et la ville et ses habitants ont du mal à se relever.

Les évolutions technologiques sont clairement à l’origine de la chute de Détroit. En effet, les machines ont fini par remplacer les hommes dans les usines pour augmenter le rendement mais ceci a causé une augmentation du chômage, une baisse du pouvoir d’achat des habitants et une augmentation de la pauvreté. L’industrie automobile a fini par pâtir de cette baisse économique car les voitures ne se vendaient plus. C’était pourtant grâce à l’industrie automobile que s’était développée la ville qui était même devenue un symbole de réussite. La crise économique et sociale a tué tous les espoirs pour la ville et pour ses habitants.
A la fin du XXe siècle, la ville se lance dans la construction du Renaissance Center, un grand complexe de bureaux et d’hôtels qui est censé représenter le symbole du renouveau à Détroit et être le point de départ d’un nouvel avenir. La ville est, malgré tout, encore bien vide aujourd’hui et le peu d’habitants restent malheureusement au chômage et dans une précarité extrême.

En supplément du film, nous pouvons retrouver une interview du réalisateur qui raconte sa vie et relate ses souvenirs de Détroit. Il explique aussi comment il a été choqué de revenir dans la ville 25 ans après être parti et de voir comment sa ville de naissance avait changé et s’était dégradé. On entend aussi une interview d’un historien qui relate les grandes dates pour Détroit de manière chronologique et avec plus de précision que dans le film. Ensuite le réalisateur a interrogé toute sa famille, ses proches et des habitants pour qu’ils parlent de leur ville et de leur ressenti face à cette crise. Pour finir, le réalisateur nous propose des images d’archives.

Ce film est vraiment très intéressant et très original. En effet, le fait que le réalisateur se mette en scène et interroge sa famille et ses proches pour raconter sa propre histoire amène une touche supplémentaire par rapport à un documentaire historique classique. Nous retrouvons beaucoup d’interview et d’images d’archives ce qui permet de compléter les propos de la voix off et de bien analyser le contraste entre Détroit en pleine activité il y a des décennies et l’actuelle Détroit en pleine crise. Ce film peut être utilisé pour des travaux en géographie mais aussi en histoire et sociologie.

Lise André, étudiante de géographie