Témoignages de terrain - Irak - Mossoul et sa région à travers les documents de la cartothèque
On parle beaucoup de Mossoul en ce moment. La cartothèque a recensé ses ressources anciennes sur cette ville et sa région.
En cliquant ici, vous affichez la carte Übersichtskarte von Europa. Operationskarte au 1:800 000, éditée en 1917 par le service prussien des levés topographiques. La plaine mésopotamienne apparaît nettement entre ses deux fleuves : l'Euphrate (au sud-ouest) et le Tigre (partie droite de la carte). En contraste avec la plaine, les montagnes du Kurdistan sont dessinées en ocre et brun au nord.
En cliquant sur l'illustration ci-contre, vous obtenez un extrait de la carte précédente centré sur Mossoul (Mosul en allemand). L'altitude de la plaine ne dépasse pas les 300 mètres (285 m à Mossoul). Au nord, l'altitude s'élève rapidement (1185 m à Begil en limite nord-est de la carte).
Quelques lieux ont été soulignés en vert. Ils seront les étapes de notre voyage dans le passé.
En 1884, Elisée Reclus, géographe français, publie le tome 9 de sa Nouvelle Géographie universelle qui traite de l'Asie antérieure. Cartes et gravures ponctuent ses descriptions.
Un clic sur l'illustration de droite affiche une carte de Mossoul et des ruines de Ninive.
Voici ce qu'écrit Elisée Reclus sur la ville :
Mossoul se trouve sur le Tigre dans une zone de passage forcé, la voie naturelle qui de la Méditerranée gagne l'Euphrate en contournant le désert, puis longe la base méridionale des avant-monts du Kourdistan, atteint le Tigre à Mossoul ou dans le voisinage de cette ville, et se dirige vers le Zagros pour s'élever sur le plateau d'Iran par le "chemin royal" ; même pour se rendre d'Alep à Bagdad, les caravanes passent à Mossoul pour éviter le territoire occupé par les tribus pillardes des Anazeh.
[...] Déchue, comme les autres villes du Tigre, Mossoul présente encore un aspect superbe. Bâtie à l'extrémité d'un chaînon du Sindjar, le Djebel-Djoubilah, elle élève ses maisons à terrasses en un vaste amphithéâtre qu'entoure une enceinte d'environ 10 kilomètres.
Pendant la 2e guerre mondiale, des espions allemands sont envoyés de par le monde pour photographier les points stratégiques et renseigner leur État-major sur physique, climat, population et ressources des pays observés. En 1941, ils sont au Proche-Orient et traversent l'Irak.
La photo ci-contre (cliquez pour l'agrandir) est prise dans le bazar de Mossoul. Habitat tout en lumière et fraîcheur sous les arcades, piles de marchandise et activité bruyante des hommes martelant le métal (du cuivre ?), la scène était déjà suffisamment insolite en 1941 pour mériter une photo.
La description donnée presque un siècle avant par Elisée Reclus correspond encore à la situation de Mossoul en 1941 :
Au sommet de la colline, les maisons, appartenant aux habitants aisés, sont éparses dans les jardins, où jaillissent les eaux thermales ; en bas, les demeures des artisans et des pauvres se pressent autour des bazars, des bains et des mosquées ; en dehors de la muraille, la ville se prolonge au sud par le faubourg ou mahaleh, devant lequel les Kourdes arrêtent et dépècent leurs radeaux.
Les édifices publics, constructions sans goût pour la plupart, se distinguent pourtant par la beauté des matériaux, entre autres par le "marbre de Mossoul", albâtre que fournissent les carrières de Mekloib-dagh, à l'orient de la plaine. Loin d'exporter dans le monde entier de belles étoffes comme au temps des califes, Mossoul achète presque tous ses tissus à l'étranger ; elle n'a plus guère d'autre industrie que le tannage des cuirs et la fabrication d'objets en filigrane ; mais elle commerce en noix de galle, en céréales et diverses denrées qui proviennent des vallées kourdes et que les Yezides apportent de Tell Afar et des autres bourgs de la steppe.
Une carte allemande extraite du même matériel d'espionnage nous renseigne sur les activités économiques de la ville en 1940.
Graisse alimentaire, savon, industrie du bois, cuir et art du cuir, brasserie, fabrication de raki, poudre et munitions explosives, fabriques d'allumettes, filatures et tissage, tabac.
Le tannage des cuirs observé par Elisée Reclus subsiste donc encore en 1940.
Cliquez sur l'illustration pour agrandir
Suite du voyage
On parle beaucoup de Mossoul en ce moment. La cartothèque a recensé ses ressources anciennes sur cette ville et sa région.
En cliquant ici, vous affichez la carte Übersichtskarte von Europa. Operationskarte au 1:800 000, éditée en 1917 par le service prussien des levés topographiques. La plaine mésopotamienne apparaît nettement entre ses deux fleuves : l'Euphrate (au sud-ouest) et le Tigre (partie droite de la carte). En contraste avec la plaine, les montagnes du Kurdistan sont dessinées en ocre et brun au nord.
En cliquant sur l'illustration ci-contre, vous obtenez un extrait de la carte précédente centré sur Mossoul (Mosul en allemand). L'altitude de la plaine ne dépasse pas les 300 mètres (285 m à Mossoul). Au nord, l'altitude s'élève rapidement (1185 m à Begil en limite nord-est de la carte).
Quelques lieux ont été soulignés en vert. Ils seront les étapes de notre voyage dans le passé.
En 1884, Elisée Reclus, géographe français, publie le tome 9 de sa Nouvelle Géographie universelle qui traite de l'Asie antérieure. Cartes et gravures ponctuent ses descriptions.
Un clic sur l'illustration de droite affiche une carte de Mossoul et des ruines de Ninive.
Voici ce qu'écrit Elisée Reclus sur la ville :
Mossoul se trouve sur le Tigre dans une zone de passage forcé, la voie naturelle qui de la Méditerranée gagne l'Euphrate en contournant le désert, puis longe la base méridionale des avant-monts du Kourdistan, atteint le Tigre à Mossoul ou dans le voisinage de cette ville, et se dirige vers le Zagros pour s'élever sur le plateau d'Iran par le "chemin royal" ; même pour se rendre d'Alep à Bagdad, les caravanes passent à Mossoul pour éviter le territoire occupé par les tribus pillardes des Anazeh.
[...] Déchue, comme les autres villes du Tigre, Mossoul présente encore un aspect superbe. Bâtie à l'extrémité d'un chaînon du Sindjar, le Djebel-Djoubilah, elle élève ses maisons à terrasses en un vaste amphithéâtre qu'entoure une enceinte d'environ 10 kilomètres.
Pendant la 2e guerre mondiale, des espions allemands sont envoyés de par le monde pour photographier les points stratégiques et renseigner leur État-major sur physique, climat, population et ressources des pays observés. En 1941, ils sont au Proche-Orient et traversent l'Irak.
La photo ci-contre (cliquez pour l'agrandir) est prise dans le bazar de Mossoul. Habitat tout en lumière et fraîcheur sous les arcades, piles de marchandise et activité bruyante des hommes martelant le métal (du cuivre ?), la scène était déjà suffisamment insolite en 1941 pour mériter une photo.
La description donnée presque un siècle avant par Elisée Reclus correspond encore à la situation de Mossoul en 1941 :
Au sommet de la colline, les maisons, appartenant aux habitants aisés, sont éparses dans les jardins, où jaillissent les eaux thermales ; en bas, les demeures des artisans et des pauvres se pressent autour des bazars, des bains et des mosquées ; en dehors de la muraille, la ville se prolonge au sud par le faubourg ou mahaleh, devant lequel les Kourdes arrêtent et dépècent leurs radeaux.
Les édifices publics, constructions sans goût pour la plupart, se distinguent pourtant par la beauté des matériaux, entre autres par le "marbre de Mossoul", albâtre que fournissent les carrières de Mekloib-dagh, à l'orient de la plaine. Loin d'exporter dans le monde entier de belles étoffes comme au temps des califes, Mossoul achète presque tous ses tissus à l'étranger ; elle n'a plus guère d'autre industrie que le tannage des cuirs et la fabrication d'objets en filigrane ; mais elle commerce en noix de galle, en céréales et diverses denrées qui proviennent des vallées kourdes et que les Yezides apportent de Tell Afar et des autres bourgs de la steppe.
Une carte allemande extraite du même matériel d'espionnage nous renseigne sur les activités économiques de la ville en 1940.
Graisse alimentaire, savon, industrie du bois, cuir et art du cuir, brasserie, fabrication de raki, poudre et munitions explosives, fabriques d'allumettes, filatures et tissage, tabac.
Le tannage des cuirs observé par Elisée Reclus subsiste donc encore en 1940.
Cliquez sur l'illustration pour agrandir
Suite du voyage