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Rencontre avec le sous-lieutenant Brill, chef de section en cartographie à la Brigade des Sapeurs Pompiers

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je suis le sous-lieutenant Brill, chef de section en cartographie au sein de la BSPP (Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris).

Quel est votre parcours? Qu’est-ce qui vous a conduite à la Géographie?
A l’origine je portais un intérêt pour la géopolitique, en particulier tout ce qui pouvait toucher aux conflits liés aux ressources en eau. J’ai donc fait un Deug puis une licence de géo ce qui, en parallèle, m’a conduite à la cartographie. En licence, j’ai effectué un stage à la mairie d’Aulnay-sous-Bois – au service de l’information géographique. Durant ce stage, j’ai rencontré deux pompiers de la caserne d’Aulnay-sous-Bois qui souhaitaient remettre à jour leur plan mural (plan de secteur). C’est alors qu’ont suivi trois semaines en stage avec eux et à la fin de celui-ci, je suis restée pratiquement trois années à les aider dans la réalisation de leurs plans.

Comment avez-vous trouvé l'emploi que vous occupez actuellement ?
A la fin de mes trois semaines de stage, le chef de centre souhaitait me voir venir au centre de secours pour appréhender le mieux possible la problématique de leur métier. J’ai alors pris connaissance de l’ensemble et des spécificités. J’ai été séduite par la cartographie opérationnelle, et le travail dans l’urgence.
A la suite de ce travail le chef de centre n’a pas hésité à donner mon nom au responsable du service opération du Val d’Oise qui cherchait une cartographe (en février 2008). J’ai donc été recruté grâce à un stage tout à fait anodin. Quant aux logiciels, je connaissais Autocad et Géoconcept.

Etait-ce après d'autres emplois ?
En effet. Pendant mes études, j’étais auxilliaire de vie scolaire avec des enfants handicapés. J’ai fait ce travail trois ans durant.

Avez-vous eu des difficultés dans la recherche d’emplois ?
Non, j’ai eu beaucoup de chance! En fait je crois qu’il est important d’avoir un bon contact et de profiter des rencontres «institutionnelles». A la caserne, j’ai eu l’occasion d’être invité aux déjeuners «des bienfaiteurs» qui nous permettent de rencontrer des pompiers des SDIS (services d'incendie et de secours), des conseillers municipaux, etc. C’est par ce biais que j’ai pu faire un stage de responsable cartographique dans le Val d’Oise (pompiers civils) en étant recommandée par le chef de centre.

Quelles compétences qui vous ont permis d'être prise ?
J’avais une bonne connaissance de Géoconcept, mais surtout du langage pompier. J’étais opérationnelle sans attendre, et c’est ce qu’ils souhaitaient.

Votre métier vous a-t-il conduite à voyager?
Le métier de cartographe nous permet de voyager, ou en tout cas de bouger sur notre secteur d’emploi. J’ai donc sillonné le Val d’Oise de fond en comble. En juin 2010, j’ai démissionné pour partir en Outre-Mer. J’y ai pratiqué le même métier mais cette fois-ci pour le SDIS de la Guyane. J’ai passé 9 mois à découvrir ce territoire, en tant que géomaticienne et me suis déplacée dans toutes les communes guyanaises, ceci dans le but d’effectuer différents relevés de terrain.

Pouvez-vous décrire vos fonctions dans votre poste ?
Avant tout, je suis Officier Sous Contrat – Spécialiste (OSC-S). Nous sommes recrutés selon nos qualifications, pour un métier précis et pour une durée de 5 ans.
Il s’agit d’un poste de chef de section. Il faut gérer tout ce qui touche à l’administration, s’occuper du volet Ressources Humaines, réaliser les plannings, produire des cartes thématiques, réaliser le suivi des conventions... C’est très vaste! Nous produisons aussi différents documents pour les centres de secours, et nous sommes bien sûr appelés auprès du Centre Opérationnel en cas de grosses interventions.

Avec qui êtes-vous en contact dans le travail?
Mon responsable direct est un lieutenant colonel. Il me laisse une grande latitude pour gérer la section. Je dois bien sûr lui rendre des comptes mais puisque nous sommes en accord sur la ligne de conduite, c’est une relation de confiance. Il faut bien entendu rester en contact étroit avec le service informatique...
Concernant mes hommes, nous sommes 6 à travailler sur la production du SIG. La gestion de la base de données est intégralement réalisée par mon adjoint qui a les compétences requises. C’est un réel plaisir de pouvoir former un binôme sur nos deux compétences.
Pour ce qui est de l’acquisition des données, nous sommes en relation avec l’IGN, RTE, GdF, les communes, la RATP… La plupart de ces sociétés ont signée des conventions d’échange, ce qui nous permet d’avoir des mises à jours régulières ! Notre SIG est donc bien fourni.

Quelles qualités requiert ce travail?
Avant tout, une solide compétence technique. Je pense qu’il ne faut pas faire preuve de timidité, mais au contraire nouer et entretenir de bons contacts professionnels, ne pas hésiter à se montrer, informer et écrire. En plus de ca, il faut bien entendu ne pas compter ses heures, aimer manipuler des données géographiques, le management, et avoir le sens des priorités… Et pour tenir le cap: faire preuve de rigueur dans son travail !

En ce qui concerne les formations, l’évolution professionnelle, quel est votre horizon?
Nous disposons d’un budget pour les formations que nous employons selon nos souhaits (logiciel, web, serveurs, gestion de données …), tout cela après avoir programmé nos formations un an à l’avance. Pour ce qui est de l’avancement, c’est régulier ; en août je serai Lieutenant, et dans 4 ans Capitaine.

Votre regard de géographe vous donne-t-il une singularité dans la pratique de votre métier ?
Je suis la seule géographe dans l’équipe. Cela aide à avoir un regard critique sur nos données et l’édition des cartes. De plus cela permet de diffuser des cartes en prenant garde de transmettre une information la plus juste possible. C’est fondamental d’être honnête avec ce que l’on diffuse car ce que l’on montre a énormément d’impact, soit comme aide à la décision soit comme outil de communication.

Votre métier a-t-il changé l'idée que vous aviez de la géographie ?
Oui. C’est un métier vivant, et c’est un monde vaste. La connaissance des perceptions, des aléas et des risques selon les milieux et les cultures sont des aspects géographiques non négligeables dans mon métier. Et puis… la géographie mène à des postes d’influence, ce que je ne voyais pas avant !

Que conseilleriez-vous à des étudiants de géographie qui se destinent à ce monde ?
Etre avenant, aller de l’avant et vers les autres, c’est comme cela que l’on fait de bonnes cartes. On reste des géographes!

Quelles expériences sont un atout?
Avoir voyagé (ça ouvre les yeux) et parler d’autres langues (le géographe français est très apprécié à l’étranger)!

Quelles manières de faire ou de dire sont importantes dans ce type de poste ?
Il faut avoir une très bonne connaissance de ses données, être fiable, honnête. Etre capable d’évaluer le temps requis pour donner des délais cohérents. Quel que soit le poste, il faut connaitre l’environnement professionnel.

Ou trouvez-vous la documentation nécessaire pour votre travail ?
Différentes lectures: SIG la Lettre, le GeoRezo, Magazine IGN

Quel usage avez-vous d’Internet?
Nous l’utilisons à des fins de communication.

Février 2011