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Rencontre avec François Martinache, maire adjoint de Neuilly-Plaisance - suite

Pouvez-vous nous expliquer comment se monte un projet ?
Les opérations d’aménagement sont très lentes et très longues.

Prenons l’exemple de l’aménagement de la ZAC des bords de Marne :
La ZAC 1, c’étaient les docks de la Maltournée, un dépôt au pied du RER dans lequel se trouvaient des bureaux. La seconde partie de cette ZAC était un terrain appartenant à la gendarmerie et vendu à la collectivité. Sur ce site, nous avons développé un programme important de logements et de bureaux d’activités. Ce type de projet peut être étalé sur 10, 12 voire 15 ans car aménager est long. Pourquoi ? Une opération d’aménagement consiste à orchestrer plusieurs petites opérations dans un seul projet. Avant que l’opération ne se concrétise, il faut d’abord intégrer toutes ces composantes donc son élaboration est longue.

A contrario, une opération ponctuelle d’une résidence étudiante de deux cents ou trois cents logements n’a rien à voir avec l’aménagement d’une ZAC de 10, 30, 40 ha. Pour le projet Gallieni 2, le terrain était défini avec un règlement s’y appliquant. Nous avons fait appel à un architecte, un maître d’ouvrage portait l’opération, un bailleur social (dans ce cas EFIDIS) était gestionnaire de l’opération et cela s'est mis en place en deux, trois ans. De plus, c’était une opération privée donc nous choisissons l’entreprise pour effectuer les travaux. Pas de consultation particulière et l’opération se met en œuvre ; ce n’est pas très compliqué.

La question du PLU à Neuilly-Plaisance ?
Comme dans toutes les autres villes de la Seine-Saint-Denis, le PLU n’est pas encore appliqué à Neuilly-Plaisance. Actuellement, nous sommes en révision du POS pour l’élaboration du PADD, qui est la définition du développement sur le territoire à horizon 10 ans. Il sera approuvé au plus tard en mars 2017.

Que conseillez-vous à des étudiants de géographie se destinant au monde de l'urbanisme et de l'aménagement ?
Faites des formations supérieures dans les meilleures écoles : Sciences Po, les Ponts et Chaussées, l’IFU. Car la griffe de la formation supérieure est mieux qu’une simple griffe universitaire. La problématique des études à l’université, c’est la théorie. Elle ne vaut pas la pratique. Si vous souhaitez exercer ce métier, il faut avoir l’idée du côté pratique de la chose, de son application sur le terrain. Cette pratique s’acquiert en faisant des formations à l’IFU par exemple, permettant ainsi d’intégrer le monde professionnel.
En sus, ces types de formations permettent de découvrir tous les métiers liés à l’urbanisme.

Dernière question : que pensez-vous de la conception de la ville de Le Corbusier ? (photo : Rue intérieure de la Cité radieuse)
« J’aime bien le Corbusier mais très honnêtement, il est d’un autre temps »
C’est un dérivé de l’architecture de dalle (comme à La Défense). Au temps de Le Corbusier, cette architecture était partiellement revenue à la mode à des échelles beaucoup plus importantes que la Cité radieuse (à Marseille) ou dans les Cités Jardins (à Stains). Ce monsieur était un visionnaire qui a eu la volonté de loger tout le monde et qui a donné des réponses différentes de ce qui se faisait à cette époque.
D’autre part, j’aime beaucoup ce qu’étaient les Phalanstères, les Cités Jardins : des lieux très ouverts où vous passez d’un espace intérieur à un espace extérieur, d’une ruelle à une grosse voie, d’un quartier pavillonnaire à des logements collectifs. La population vivant dans ces espaces s’identifiait à quelque chose, contrairement aux grands ensembles construits dans les années 70 en réponse à la problématique de l’après-guerre (pression démographique, besoin de main d’œuvre pour la reconstruction). Il fallait construire vite et nous en sommes venus à ne plus respecter les principes et le type de fonctionnement que nous pouvions observer dans les Cités Jardin.

Interview réalisée par Djeidie Colot, mars 2016