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Rencontre avec François Martinache, urbaniste, maire adjoint de Neuilly-Plaisance

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ? Quel a été votre parcours universitaire ?
Je m’appelle François Martinache, j’ai 50 ans. En 1985, j’ai choisi de faire un DEUG de géographie. Ensuite j’ai entamé une Licence Maîtrise Aménagement Urbanisme à la Sorbonne puisqu’à cette époque, le master d’urbanisme n’existait pas. J’ai eu le bonheur de finir mes études en faisant le troisième cycle de Science Po d’urbanisme.

Pourquoi avoir choisi la géographie ?
Parce que c'est une formation généraliste. De plus, j’étais passionné de géographie, de voyages, de tout ce qui relève des sciences humaines et surtout de la géographie urbaine. Je ne voulais en aucun cas devenir professeur ou architecte. Ce qui m’intéressait, c’était la forme urbaine : comprendre la structure de la ville, sa constitution. J’ai eu des professeurs qui m’ont marqué, notamment ceux de géographie urbaine. Je suis toujours resté fidèle à cette discipline, à mon métier. Ex nihilo, la géographie m’a donné une ouverture d’esprit à travers la géomorphologie, la climatologie, la morphologie urbaine, les statistiques etc. Cette formation donne une vision globale sur le monde.

Aviez-vous déjà idée d'un métier ?
Au cours de mes années de DEUG, je n’avais aucune idée du métier que je souhaitais exercer. Je n’étais sûr que d’une chose, être dans l’opérationnel. Tous les métiers qui avaient trait à l’urbanisme et à l’aménagement m’intéressaient. Je me suis dirigé vers une Licence Maîtrise et j’ai terminé par le troisième cycle avec cette spécialité à Science Po.

Quel poste, quelles fonctions occupez-vous actuellement ? En quoi la géographie est-elle un plus dans votre métier ?
Très honnêtement, je ne pense pas que la géographie soit un plus. C’est une vision très généraliste, ouvrant plein de possibilité. Pour ma part, ce n’est pas une fin en soi d’être géographe.
Aujourd’hui j’ai deux « casquettes » :
Je suis directeur de l’aménagement d’une filiale du groupe Vinci. Je m’occupe de grands projets urbains dans le privé. L’apport de la géographie, c’est ce « touche-à-tout » des métiers. L’aménagement comme la géographie touchent à tous les métiers : l’urbanisme, l’architecture, la problématique des équipements. Nous sommes en contact avec beaucoup de monde et de ce fait, la géographie permet de ne pas être mauvais dans ce « touche-à-tout ». C'est mon premier métier et j’ai toujours été fidèle à l’aménagement.

Ma seconde casquette est politique. Je suis maire adjoint ayant la compétence de l’urbanisme, vice-président de Paris Métropole, élu au conseil du territoire mis en place au 1er janvier 2016. Ce qui m’intéresse dans cette approche, c’est cette vision particulière que donne la politique sur l’aménagement, l'approche locale.

J’ai eu beaucoup de chance car j'ai fait tous les métiers de l’aménagement. J’ai travaillé dans un cabinet d’architecture et d’urbanisme à monter des dossiers d’aménagement, j’ai exercé en société d’économie mixte à porter des projets aussi bien dans le privé que dans le public. Cela m’a permis de connaître toutes les composantes et a fait de moi un pas mauvais expert dans ce domaine (sourire).

Quelles difficultés rencontrez-vous le plus fréquemment dans ce métier ?
L’urbanisme à la française n’est pas l’urbanisme à l’américaine.
En France, nous sommes très procéduriers. L’initiative privée n’est pas très aidée, elle passe obligatoirement par le public. Le politique possède un poids considérable. Est-ce un bien, est-ce un mal ? C’est le fonctionnement à la française. Même s’il nous arrive d’avoir de bonnes idées ou d’avoir envie de croire en certains projets, ce n’est pas pour autant que nous pourrons les mettre en œuvre.

Nous ne sommes vraiment pas dans un fonctionnement à la urban planning (aménagement du territoire) à l’américaine : les projets sont à l’initiative privée, présentés par le privé dans les collectivités. Cette procédure a été testée en France avec la déclaration de projet. En somme, par leur maîtrise du terrain, il était demandé aux entreprises privées de porter elles-mêmes leurs projets lors de grosses opérations. Nous sommes dans une machine administrative si lourde en France que ce n’est pas si simple.

Votre position laisse penser que vous côtoyez beaucoup de métiers et d’acteurs liés à la politique de la ville. Comment gérez-vous ces équipes quand un projet doit être mis en place ?
C’est cela être aménageur, notre métier est de coordonner. Nous sommes à l’intersection d’un grand nombre de métiers. Nous sommes aménageurs mais nous ne pouvons pas nous passer d’un architecte, d’un bureau de contrôle, des collectivités, des entreprises de VRD (Voirie et Réseau Divers), ni des géomètres. Nous sommes les coordonnateurs de nombreuses personnes nécessaires à la bonne mise en œuvre d’un projet.
Prenons l’exemple d’un grand aménageur tel que Paris aménagement : il est le chef d’orchestre qui fait exister certains projets.

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