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Rencontre avec Thomas Maillard, doctorant en géo

Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
Je suis Thomas Maillard, doctorant en géographie depuis quelques semaines car je viens tout juste de soutenir mon mémoire de Master 2. Je me suis inscrit en Licence à Paris 8 en 2005. Je travaille sur l'agriculture dans les villes de Saint-Louis et de Richard Toll, au nord du Sénégal.

Pour quelle(s) raison(s) as-tu choisi de suivre des études de géographie ?
Après un Bac scientifique en 2004, je me suis orienté vers des études de géologie à l'Université de Cergy-Pontoise. Il y avait un tronc commun avec beaucoup de physique et de mathématiques et très peu de géologie. La géologie était très intéressante mais le reste ne me convenait pas du tout ! J'ai passé six mois à "galérer", je n'allais plus en cours. J'ai pris rendez-vous avec une conseillère d'orientation psychologue. Après deux heures de discussion, elle m'a dit : « il faut que tu t'inscrives en géographie à Paris 8 ». Je l'ai fait et au final je m'y suis trouvé bien et je suis resté.

Jusqu'à t'orienter vers un Master Recherche...
Je me suis orienté vers un Master recherche parce que j'avais une frustration en licence de ne pas faire de recherche « par moi-même ». J'avais vraiment envie de faire du terrain et de produire quelque chose. De plus, j'aime travailler de façon autonome. Je me suis dit que le Master recherche était fait pour moi. Je n'avais pas encore l'idée de faire une thèse mais simplement d'être autonome.

En tant que doctorant, as-tu une idée précise du métier auquel tu te destines ?
J'aimerais bien enseigner même si je n'ai pas encore pratiqué : ça peut donc évoluer (rires). Je ne sais pas bien. Continuer dans la recherche, c'est quelque chose de sûr. Je verrai par la suite, en fonction des opportunités. Si je peux travailler dans un bureau d'études ou quelque chose de similaire, j'y trouverai mon intérêt. Je m'étais dit, dans le cas où je n'aurais pas obtenu de financement pour réaliser cette thèse, que je me lancerais directement dans la vie active, que ce soit au niveau public ou au niveau privé. Je n'ai pas particulièrement envie de mener une « grosse » carrière académique et universitaire.

Parmi tes motivations, le terrain a été un élément déterminant.
Ce qui a été déterminant, c'est un cours de L2 intitulé Pratiques du terrain. J'avais choisi le cours de M. Gajewski sur un terrain rural. Il nous a fait élaborer un protocole de recherche avec un questionnaire pendant la semaine de terrain. C'était la première fois que l'on produisait quelque chose d'original (même si c'était un peu brouillon !) mais c'est là que j'ai réalisé mon désir de faire du terrain.
Ensuite, je suis parti au Mali pour mon master 1, un mois avant les cours. C'était un pré-terrain de repérage : j'ai rencontré pas mal de monde sur place, ça s'est très bien passé mais finalement, je suis parti au Sénégal pour des raisons géopolitiques : le Mali était fermé à ce moment-là.

J'ai fait un mois et demi de terrain au Sénégal, à Saint-Louis, en Master. J'ai eu des discussions très longues et très riches avec les agriculteurs de la ville. En Master 2, je n'ai pas fait de terrain mais j'avais tellement d'informations de M1 qu'en réinvestissant les entretiens, j'ai pu produire le mémoire de Master 2. Pour la thèse, je vais repartir 9 ou 10 mois à partir de mars 2013.

Aquarelle potagerCliquez sur la photo pour l'agrandir.
Des études, un départ en terrain, cela a un coût.
En master 1, j'ai tout autofinancé, j'ai bossé à coté, c'est pour ça que je suis parti un mois et demi : ça rentrait pile poil dans mon budget. Là, avec un contrat doctoral, c'est plus confortable puisque c'est un salaire régulier et que l'on peut encore prétendre à d'autres aides comme par exemple les bourses de mobilité. De plus, passant 10 mois sur place il n'est pas utile de garder un logement (et donc un loyer !) ici.

En parallèle de tes études, tu étais aussi tuteur ?
Oui, pendant les deux années de Master, j'ai été tuteur d'accompagnement. Depuis la rentrée, ça n'existe plus. J'apportais une solution sur l'usage de l'outil informatique concernant la base ou les outils habituels (Word, Excel, les SIG).

Par quels moyens as-tu obtenu ta documentation ?
Je suis allé souvent à la bibliothèque. En me promenant dans les rayons agricultures et Afrique, j'ai trouvé des livres que je n'avais pas repérés au cours de mes recherches documentaires. Parmi les bases de données de la BU, j'ai beaucoup parcouru Cairn et Revues.org, pour repérer l'ensemble des articles parus sur le thème de l'agriculture « urbaine », « périurbaine », « en ville », selon les mots-clés employés et qui n'étaient pas toujours très clairs. Je n'ai pas mené une recherche bibliographique méthodique, à l'exception du Master 1 où j'avais notamment croisé les bibliographies des articles en rapport avec mon sujet pour en retirer les thèmes de référence.

En Master 2, en m'appuyant sur cette base, j'ai d'avantage mené quelque chose d'exploratoire, notamment concernant des techniques d'entretiens développées en anthropologie ou en sociologie. Sur le terrain, j'étais à Saint-Louis du Sénégal où se trouve l'Université Gaston Berger et mon directeur de l'époque, Monsieur Yapi-Diahou m'avait incité à me rendre au département de Géographie pour consulter les mémoires et les thèses. J'en ai repéré 2 ou 3 qui ne traitaient pas directement de l'agriculture urbaine mais qui parlaient au moins de la ville de Saint-Louis. En me rendant à la mairie, j'ai eu accès a de nombreux rapports d'urbanisme, d'études socio-économiques ou socio-démographiques sur la ville. C'est une ville qui compte beaucoup de chercheurs, d'anciens chercheurs qui travaillent dans les services municipaux. J'ai même rencontré une personne doctorante qui était dans le même temps directeur de l'Agence de Développement Communal. Ces personnes m'ont également ouvert de bonnes pistes de recherches.
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Si tu avais un conseil à donner en matière de recherche documentaire ?
J'en discutais avec des étudiants de master 1 : 80% de ce qu'on trouve comme bibliographie vient d'une recherche bibliographique méthodique, mais le reste peut se trouver « au pif ». Il y a toujours des bouquinistes à la fac, on peut se promener dans les rayons de la bibliothèque, en urbanisme, en sociologie, en anthropologie, sur des thèmes annexes pouvant recouper notre sujet.

Novembre 2012