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Rencontre avec Stéphane Grivel, maître de conférences à l'université d'Orléans
Parlez-nous de votre cursus...
Après un DEUG de Géographie à l’Université Paris 7, j’ai choisi de faire ma licence à Paris 8 pour les cours liés aux espaces protégés et à l’écologie. Ceci était motivé par ma passion pour l’environnement et mes activités du moment au sein d’associations de protection de la nature (FIR (Fonds d'intervention pour les rapaces), LPO, associations locales). Ma maîtrise en géographie littorale (Master 1 recherche), sous la direction de Charles Le Cœur, a été décisive car elle m’a fait prendre conscience de la variété des connaissances dispensées dans un cursus géographique. Ces connaissances sont en effet indispensables pour parfaitement intégrer les enjeux d’un territoire et mettre en œuvre une méthodologie adaptée à des problématiques environnementales. Mon mémoire de DEA (Master 2 Recherche), toujours à Paris 8 (« Risques et inégalités »), sous la direction d’Emmanuèle Gautier, m’a amené à effectuer une thèse en hydrogéomorphologie et géographie environnementale (sous la direction d’Emmanuèle Gautier et Eric Gilli).
La thèse a été effectuée principalement au Laboratoire de Géographie physique de Meudon (CNRS). Bref, j’ai suivi une formation universitaire complète en géographie. Ce cursus a été complété par des stages extra-universitaires dans des organismes comme l’INRA, l’ONF, le Conservatoire des Espaces Naturels Bourguignons et le Parc National des Pyrénées. Il est en effet important de se forger une expérience concrète dans son domaine de prédilection.
Quel emploi avez-vous trouvé ?
Ma thèse soutenue en décembre 2008 à Paris 8, j’ai suivi le parcours classique pour le concours de recrutement des Maîtres de conférences, étaléde décembre 2008 à mai 2009: qualification par le Conseil National des Universités (CNU section 23), dossiers de recrutement, auditions. J’ai été recruté à l’Université d’Orléansen tant que Maître de conférences. Le concours est féroce et très déstabilisant.
Pouvez-vous décrire vos fonctions dans votre poste ?
Je suis enseignant-chercheur, comme tous les collègues du département de Géographie de Paris 8. Mon temps est donc partagé entre les enseignements (cours de la Licence 1 au Master 2), les charges administratives (responsabilités d’UE, direction de Master) et les travaux de recherche. Il y a beaucoup de liberté dans ce métier mais les charges de travail sont considérables. Depuis peu, je suis responsable d’une spécialité professionnelle en géomatique à niveau Bac +5. Pour ma jeune prise de fonction, c’est un challenge. Malgré les contraintes administratives, le travail est passionnant et permet d’accompagner les diplômés jusqu’aux portes du marché de l’emploi.
Mes travaux de recherche m’ont ramené à mes premiers thèmes: les associations de protection de la nature et la gestion des milieux. J’apporte mes compétences en géographie physique, et surtout en hydrogéomorphologie, pour un Observatoire sur l’avifaune du bassin de la Loire : étudier les tendances d’évolution des habitats du lit de la Loire (bancs de sable, berges d’érosion) qui accueillent certaines espèces d’oiseaux (Hirondelles des rivages, Guépier d’Europe, Sternes naines et pierregarins). C’est extrêmement motivant d’appliquer son domaine de recherche à des problématiques de gestion des milieux.
La recherche est aussi l’occasion de découvrir des nouveaux horizons en tissant des collaborations avec des universités étrangères. Je développe actuellement mes travaux de recherche au Viêt-Nam (Université de Quynhon).
Quelles compétences vous sont nécessaires ?
Pour assumer toutes ces charges, le sens de l’organisation et la rigueur professionnelle sont de mise. Pour transmettre les connaissances, la bienveillance, la passion pour la pédagogie et la créativité sont indispensables.
Pour mener un travail de recherche, la capacité à travailler en équipe, l’autonomie et la curiosité sont des atouts. Les compétences techniques sont aussi primordiales en géographiecar elles permettent de mieux appuyer la réflexion : maîtrise des logiciels de bureautique et de cartographie, des logiciels SIG, de télédétection, des logiciels de traitements de données (statistiques, modélisation), des outils de mesures (GPS, sondes).
Que conseilleriez-vous à des étudiants de géographie qui se destinent à l’enseignement universitaire ?
Les étudiants intéressés ont la chance d’avoir « sous la main » des professionnels de l’enseignement universitaire. Ils pourront trouver des conseils précieux auprès de ceux qui s’investissent pleinement dans leur cœur de métier: l’enseignement et la recherche.
Pour ma part, je conseille de multiplier les expériences en pédagogie: conférences, interventions scolaires, manifestations scientifiques auprès d’un large public, vacations dans le secondaire. De toute manière, celui qui se destine à l’enseignement universitaire devra s’orienter vers une thèse. Le directeur de thèse incitera le doctorant à communiquer en colloques, à restituer ses résultats ou encore à intervenir à l’université. Les occasions ne manqueront pas pour se forger une expérience d’enseignement durant la thèse. Personnellement, je serai éternellement reconnaissant vis-à-vis de ma directrice de thèse, aujourd’hui collègue et amie, d’avoir été bienveillante et impliquée. Si la réussite de son cursus universitaire et l’investissement personnel sont primordiaux, les bonnes rencontres font la différence.
Où trouvez-vous la documentation nécessaire pour votre travail ?
Pour monter mes séances pédagogiques, j’utilise mes données personnelles (en lien avec mes travaux de recherche: données hydrologiques, couches vectorielles et matricielles, données topographiques, cartes, images), celles de collègues (en citant évidemment mes sources!) et les fonds de la cartothèque (je regrette beaucoup celle de Paris 8 pour sa richesse et l’originalité de fonds anciens).
Pour la recherche, la collecte de données est une étape importante de la réflexion dans l’étude d’un territoire (en France et à l’étranger) : où trouver les données ? gratuites ou payantes ? sous quelles formes ?
Le Webmapping étant en plein développement, il existe de nombreux portails cartographiques et sites de données en ligne. Par exemple, les données satellitales, souvent nécessaires pour travailler sur des territoires étrangers et très éloignés, sont disponibles via des interfaces Web comme celles de l’USGS pour obtenir des images ASTER et de l’ESDI – Earth Science Data Interface.
La consultation d’articles scientifiques, essentielle pour confronter son travail de recherche, se fait également par des serveurs d’éditions (Science Direct, INIST).
Le vecteur numérique est aujourd’hui largement utilisé et facilite beaucoup la recherche de documents pour notre travail de géographe. Il convient d’ailleurs d’être toujours en veille technologique même en géographie, encore plus en géomatique.
Décembre 2011
Rencontre avec Stéphane Grivel, maître de conférences à l'université d'Orléans
Parlez-nous de votre cursus...
Après un DEUG de Géographie à l’Université Paris 7, j’ai choisi de faire ma licence à Paris 8 pour les cours liés aux espaces protégés et à l’écologie. Ceci était motivé par ma passion pour l’environnement et mes activités du moment au sein d’associations de protection de la nature (FIR (Fonds d'intervention pour les rapaces), LPO, associations locales). Ma maîtrise en géographie littorale (Master 1 recherche), sous la direction de Charles Le Cœur, a été décisive car elle m’a fait prendre conscience de la variété des connaissances dispensées dans un cursus géographique. Ces connaissances sont en effet indispensables pour parfaitement intégrer les enjeux d’un territoire et mettre en œuvre une méthodologie adaptée à des problématiques environnementales. Mon mémoire de DEA (Master 2 Recherche), toujours à Paris 8 (« Risques et inégalités »), sous la direction d’Emmanuèle Gautier, m’a amené à effectuer une thèse en hydrogéomorphologie et géographie environnementale (sous la direction d’Emmanuèle Gautier et Eric Gilli).
La thèse a été effectuée principalement au Laboratoire de Géographie physique de Meudon (CNRS). Bref, j’ai suivi une formation universitaire complète en géographie. Ce cursus a été complété par des stages extra-universitaires dans des organismes comme l’INRA, l’ONF, le Conservatoire des Espaces Naturels Bourguignons et le Parc National des Pyrénées. Il est en effet important de se forger une expérience concrète dans son domaine de prédilection.
Quel emploi avez-vous trouvé ?
Ma thèse soutenue en décembre 2008 à Paris 8, j’ai suivi le parcours classique pour le concours de recrutement des Maîtres de conférences, étaléde décembre 2008 à mai 2009: qualification par le Conseil National des Universités (CNU section 23), dossiers de recrutement, auditions. J’ai été recruté à l’Université d’Orléansen tant que Maître de conférences. Le concours est féroce et très déstabilisant.
Pouvez-vous décrire vos fonctions dans votre poste ?
Je suis enseignant-chercheur, comme tous les collègues du département de Géographie de Paris 8. Mon temps est donc partagé entre les enseignements (cours de la Licence 1 au Master 2), les charges administratives (responsabilités d’UE, direction de Master) et les travaux de recherche. Il y a beaucoup de liberté dans ce métier mais les charges de travail sont considérables. Depuis peu, je suis responsable d’une spécialité professionnelle en géomatique à niveau Bac +5. Pour ma jeune prise de fonction, c’est un challenge. Malgré les contraintes administratives, le travail est passionnant et permet d’accompagner les diplômés jusqu’aux portes du marché de l’emploi.
Mes travaux de recherche m’ont ramené à mes premiers thèmes: les associations de protection de la nature et la gestion des milieux. J’apporte mes compétences en géographie physique, et surtout en hydrogéomorphologie, pour un Observatoire sur l’avifaune du bassin de la Loire : étudier les tendances d’évolution des habitats du lit de la Loire (bancs de sable, berges d’érosion) qui accueillent certaines espèces d’oiseaux (Hirondelles des rivages, Guépier d’Europe, Sternes naines et pierregarins). C’est extrêmement motivant d’appliquer son domaine de recherche à des problématiques de gestion des milieux.
La recherche est aussi l’occasion de découvrir des nouveaux horizons en tissant des collaborations avec des universités étrangères. Je développe actuellement mes travaux de recherche au Viêt-Nam (Université de Quynhon).
Quelles compétences vous sont nécessaires ?
Pour assumer toutes ces charges, le sens de l’organisation et la rigueur professionnelle sont de mise. Pour transmettre les connaissances, la bienveillance, la passion pour la pédagogie et la créativité sont indispensables.
Pour mener un travail de recherche, la capacité à travailler en équipe, l’autonomie et la curiosité sont des atouts. Les compétences techniques sont aussi primordiales en géographiecar elles permettent de mieux appuyer la réflexion : maîtrise des logiciels de bureautique et de cartographie, des logiciels SIG, de télédétection, des logiciels de traitements de données (statistiques, modélisation), des outils de mesures (GPS, sondes).
Que conseilleriez-vous à des étudiants de géographie qui se destinent à l’enseignement universitaire ?
Les étudiants intéressés ont la chance d’avoir « sous la main » des professionnels de l’enseignement universitaire. Ils pourront trouver des conseils précieux auprès de ceux qui s’investissent pleinement dans leur cœur de métier: l’enseignement et la recherche.
Pour ma part, je conseille de multiplier les expériences en pédagogie: conférences, interventions scolaires, manifestations scientifiques auprès d’un large public, vacations dans le secondaire. De toute manière, celui qui se destine à l’enseignement universitaire devra s’orienter vers une thèse. Le directeur de thèse incitera le doctorant à communiquer en colloques, à restituer ses résultats ou encore à intervenir à l’université. Les occasions ne manqueront pas pour se forger une expérience d’enseignement durant la thèse. Personnellement, je serai éternellement reconnaissant vis-à-vis de ma directrice de thèse, aujourd’hui collègue et amie, d’avoir été bienveillante et impliquée. Si la réussite de son cursus universitaire et l’investissement personnel sont primordiaux, les bonnes rencontres font la différence.
Où trouvez-vous la documentation nécessaire pour votre travail ?
Pour monter mes séances pédagogiques, j’utilise mes données personnelles (en lien avec mes travaux de recherche: données hydrologiques, couches vectorielles et matricielles, données topographiques, cartes, images), celles de collègues (en citant évidemment mes sources!) et les fonds de la cartothèque (je regrette beaucoup celle de Paris 8 pour sa richesse et l’originalité de fonds anciens).
Pour la recherche, la collecte de données est une étape importante de la réflexion dans l’étude d’un territoire (en France et à l’étranger) : où trouver les données ? gratuites ou payantes ? sous quelles formes ?
Le Webmapping étant en plein développement, il existe de nombreux portails cartographiques et sites de données en ligne. Par exemple, les données satellitales, souvent nécessaires pour travailler sur des territoires étrangers et très éloignés, sont disponibles via des interfaces Web comme celles de l’USGS pour obtenir des images ASTER et de l’ESDI – Earth Science Data Interface.
La consultation d’articles scientifiques, essentielle pour confronter son travail de recherche, se fait également par des serveurs d’éditions (Science Direct, INIST).
Le vecteur numérique est aujourd’hui largement utilisé et facilite beaucoup la recherche de documents pour notre travail de géographe. Il convient d’ailleurs d’être toujours en veille technologique même en géographie, encore plus en géomatique.
Décembre 2011