Automne 2021
Le fonds des cartes de l’École française d’Extrême-Orient (EFEO)
Magali Morel, responsable du fonds Asie du Sud-Est
Les spécificités du fonds cartographique de l’Ecole française d’Extrême-Orient sont liées à ses domaines de recherche, tant du point de vue des aires géographiques représentées que de la typologie des cartes présentes dans le fonds (topographiques, géologiques, administratives et surtout ethnographiques et archéologiques). La collecte, ou la production, des cartes et des plans conservés s’inscrivent dans son histoire, des débuts de ses activités en Indochine à ses différentes missions archéologiques en Asie.
L’EFEO et l’histoire de la cartographie de l’Indochine
Pour débuter, il est intéressant d’observer ce fonds de cartes en parallèle de l’histoire de la cartographie de l’Indochine française.
Lorsque la mission archéologique française de l’Indochine fut fondée en 1898, les connaissances topographiques étaient encore disparates et vagues. Les débuts de la cartographie se constituaient alors à partir de données collectées par les missionnaires et les premiers explorateurs, reprises et complétées par le Bureau topographique des troupes de l’Indochine. Lorsqu’en 1900 la mission archéologique fut renommée École française d’Extrême-Orient, le bureau topographique venait d’être supprimé et remplacé par le Service géographique de l’Indochine (5 juillet 1899), fondé par nécessité d’établir des cartes exactes et scientifiques, par levés réguliers.
Le fonds des cartes de l’EFEO reflète les explorations scientifiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle : de la mission d’exploration du Mékong de MM Doudart de Lagrée, Françis Garnier et Louis Delaporte à celle d’Auguste Pavie et du Commandant Lunet de la Jonquière qui sillonnèrent toute l’Indochine à celle de Claude Eugène Maître en pays Moï.
Le fonds de l’EFEO illustre aussi les avancées militaires : des croquis, des cartes de délimitation des frontières, entre le Tonkin et la Chine et entre le Siam et le Tonkin, les cartes du Bureau topographique des troupes de l’Indochine - dont la direction est assurée par des officiers – puis, celles du Service géographique qui doivent répondre aux premiers besoins de l’administration. Sur les côtes et dans les deltas, les levés topographiques réalisés au 1:20 000 permettaient l’établissement de cartes au 1:25 000, il s’agissait pour l’administration coloniale de recueillir les données nécessaires aux travaux de canalisations et d’irrigations. Dans les régions de montagnes et de forêts de l’intérieur, de parcours difficile, les levés au 1:80 000 permettaient des cartes établies au 1:100 000, l’administration y privilégiant une étude pour le développement des routes et des chemins de fer.
Mission Pavie, Indo-Chine (1879-1895). Géographie et Voyages: VI, Passage du Mé-khong au Tonkin (1887 et 1891), par Auguste Pavie. Paris, 1911.
Parmi les premiers directeurs de l’EFEO, Louis Finot et Claude Eugène Maître notamment montrèrent beaucoup d’intérêt pour les débuts de cette cartographie. Les travaux cartographiques du Service géographique liés à la conquête, à l’exploitation et la mise en valeur des territoires rencontrèrent de multiples intérêts scientifiques et en particulier pour l’EFEO dans les domaines de la géographie humaine et de l’archéologie.
En 1903 par exemple, sur proposition de Louis Finot, le Gouverneur général avait prescrit de procéder à des enquêtes ethnographiques dans les circonscriptions. Ces enquêtes, dont le but était de dresser une carte ethnographique, aboutirent à l’étude Ethnographie des territoires militaires par le commandant Lunet de Lajonquière. Mais, comme Claude Eugène Maître le notait dans son compte rendu sur cet ouvrage, trop de lacunes subsistaient encore, les enquêtes n’ayant été soigneusement réalisées que sur les seuls territoires militaires.
Les directeurs de l’EFEO furent partie prenante dans les connaissances utiles à l’établissement de certaines de ces cartes, rédigeant des préfaces, des introductions, des comptes rendus aux travaux cartographiques ou apportant leur contribution pour les informations ethnographiques, linguistiques et historiques.
Dans le cadre des fortes contraintes en personnel pour effectuer les travaux cartographiques, l’EFEO dut même apporter sa contribution, sollicitée par le Service géographique pour les régions limitrophes où l’administration coloniale n’exerçait pas sa souveraineté.
La particularité et l’intérêt du fonds cartographique de la bibliothèque résident aussi dans sa complémentarité avec ses fonds d’Atlas, de monographies, de périodiques mais aussi d’archives où l’on trouve les études scientifiques de ses directeurs, membres correspondants, chercheurs et archéologues.
Claude Eugène Maître décrivit les étapes de la cartographie de l’Asie orientale dans sa préface de l’Atlas général de l’Indochine Française de 1909 [Atlas général de l'Indochine française. Atlas de Chabert, L. Gallois, contenant 169 cartes ou plans... ; avec une préface de M. Cl.-E. Maître. Hanoï, 1909] et Louis Finot rédigea un compte rendu critique de l’Atlas de l’Indochine de 1920.
Tandis que le Service géographique de l’Indochine - dont les tableaux d’assemblage [Tableau d’assemblage de la carte de l’Indochine au 100,000e, 1921. In, Compte-rendu des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : année 1921. Hanoi-Haiphong, 1922] figurent l’avancement des travaux - cartographiait le territoire et apportait des connaissances plus précises sur les reliefs, l’hydrographie, les côtes, les associations végétales et les établissements humains, l’EFEO œuvrait aux premiers inventaires des monuments et des inscriptions et organisait ses premières missions archéologiques à Angkor.
Pour Henri Parmentier par exemple, Chef du Service archéologique de l’EFEO et l’un des fondateurs de la Conservation d’Angkor, les cartes topographiques du SGI lui servirent notamment à localiser les sites des monuments khmers.
Histoire du traitement et description du fonds des cartes de l’EFEO
Lorsque l’EFEO quitta le Vietnam en 1957, les cartes collectées en Indochine furent expédiées vers Paris via le Cambodge et l’Inde, avec les caisses des collections de la bibliothèque d’Hanoi. Le fonds des cartes est longtemps resté sans traitement. Un premier registre d’inventaire manuscrit fut réalisé en 1998. Les cartes y sont renseignées par aires géographiques et par provenance pour celles appartenant au fonds Louis Finot. Les fiches indiquent le titre, la cote, la date et l’échelle.
Puis, entre 2014 et 2016, un tableau Excel très complet et très précieux a été réalisé. Un peu plus de 3 100 cartes ont été inventoriées et cotées. Outre le titre, l’année, l’échelle, la description détaillée fournit des données telles que l’ancienne cote si elle existe, les auteurs, l’éditeur, la provenance, le type de carte et la nature du support. Dans l’attente du signalement de l’intégralité du fonds, ce tableau a le mérite de permettre une recherche et d’opérer des tris. Depuis 2020, le catalogage des cartes a commencé avec à ce jour plus de 750 cartes déjà visibles dans le Sudoc.
Plan de la ville de Vien-Tiane, dressé par M. Klieber Inspecteur de la Garde Civile. Service Géographique de l'Indochine, 1905 (EFEO CAR 47)
Les cartes sont aujourd’hui rangées dans de grands cartons à dessin dans des meubles archives à tiroir. À la suite du réaménagement des magasins de la Maison de l’Asie, les cartes et l’ensemble des plans de la Conservation d’Angkor ont vocation à être rassemblés au 1er niveau des magasins afin de constituer une cartothèque. Outre les cartes de l’Indochine déjà signalées et dont le fonds est riche (celles du SGI, suivies de celles du Army Map Service américain : séries au 1:25 000 et au 1:100 000), les spécificités du fonds résident dans les aires géographiques et les types de cartes représentées.
Les cartes du fonds Louis Finot constituent la collection mère de l’EFEO. Elle comprend notamment les cartes les plus anciennes du SGI conservées, comme les cartes du Delta du Tonkin ou les cartes des voies de communication en Annam, des plans et des cartes archéologiques du groupe d’Angkor et des croquis anciens, manuscrits sur papier ou sur calque, de Luang Prabang [Carte des montagnes historiques environnant de la ville de Luang-Prabang par Jiao Maha Ouparat, 1914 (EFEO CAR 45)], de Vientiane et de Hanoi [Plan de la ville de Hanoi, dressé par le personnel de la voirie municipale sous la direction de M. V. Leclanger, 1924. (EFEO CAR 56)].
Parmi les documents en provenance d’Indochine, signalons également les atlas vietnamiens dans le fonds de microfilms et les cartes des manuscrits Han Nom.
Depuis le rapatriement des collections de la bibliothèque de Hanoï vers Paris, le fonds des cartes s’est enrichi suite au déploiement de l’EFEO dans toute l’Asie. Au cours des années 50, l’EFEO a ouvert de nouveaux centres à Jakarta, Pondichéry, Siem Reap et Phnom Penh. Dans les années 70 à Chiang Mai, puis à Pékin et à Tokyo dans les années 90. Ainsi, l’EFEO conserve aussi aujourd’hui des séries éditées par les différents services géographiques en Asie : le Survey of India pour l’Inde britannique, le Royal Thai Survey Department, le Topografische Inrichting de Batavia pour les Indes néerlandaises, le Directorate of National Mapping de Malaisie, le National Geographic Directorate du Vietnam, le Service géographique d’Etat du Laos...
Si l’Asie du Sud-Est reste l’aire la plus représentée, le fonds de l’EFEO comprend aussi certaines cartes d’Asie du Sud et d’Asie orientale. Les langues des documents sont l’anglais, le français, et le néerlandais pour les langues européennes, et pour les langues d’Asie, le thaï, le khmer, le malais, le vietnamien, le lao, le chinois et le japonais.
Enfin, signalons une soixantaine de cartes manuscrites de la fin du XIXe siècle des provinces du Cambodge, reproductions de cartes vernaculaires. Et une vingtaine de cartes des XVIIe et XVIIIe siècle, témoignages des connaissances géographiques de l’Orient par l’Occident avant les conquêtes, comme la carte Les Indes Orientales où sont distingués les Empires et Royaumes qu'elles contiennent tirés du Neptune Oriental, 1751.
Perspectives
La vision du fonds des cartes de l’EFEO est encore partielle puisqu’elles n’ont pas encore été toutes inventoriées. Il existe quelques tiroirs et cartons inexplorés dans les magasins de la bibliothèque. Le chantier d’inventaire a été déjà bien engagé, celui du catalogage a débuté. L’histoire de la collecte, de la provenance des collections, certaines constituées à la faveur de missions archéologiques, est encore à documenter. Il reste difficile de savoir pour l’instant quelles sont les lacunes dans les séries du Service géographique de l’Indochine. Certaines feuilles pourront peut-être venir compléter les séries déjà numérisées dans le réseau des cartothèques en France. Enfin, dans le cadre de sa très prochaine bibliothèque numérique, l’EFEO pourra sans doute dans l’avenir partager les cartes les plus spécifiques de ses collections, comme les cartes manuscrites du Cambodge, les croquis militaires ou certains plans manuscrits de villes.
Références
Chabert, L. Gallois, L. Atlas général de l'Indochine française. Hanoï, 1909.
Finot Louis. Atlas de l'Indochine, dressé et publié par le Service géographique de l'Indochine. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 20, 1920. pp. 69-71.
Garnier, Francis. Voyage d'exploration en Indo-Chine : effectué pendant les années 1866, 1867 et 1868. Paris, 1873.
Indochine française, Gouvernement général de l'Indochine, Exposition coloniale internationale. Service géographique de l'Indochine : son organisation, ses méthodes, ses travaux. Paris, 1931
Lunet de Lajonquière, Etienne. Atlas archéologique de l'Indo-Chine : monuments du Champa et du Cambodge. Paris, 1901.
Lunet de Lajonquière, Etienne. Ethnographie des territoires militaires. Hanoi, 1904.
Maître, Claude Eugène. Commandant Lunet de Lajonquière : Ethnographie des territoires militaires. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 5, 1905. P. 200.
Pavie, Auguste. Mission Pavie, Indochine. Atlas, notices et cartes. Paris, 1903.
Robequain Charles. Service géographique. Année 1925 : Compte-rendu annuel des travaux exécutés par le Service géographique. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 26, 1926. pp. 388.
Rugy, Marie de. Aux confins des empires. Paris, 2018
Service géographique. Compte-rendu des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : année 1921. Hanoi-Haiphong, 1922.
Service géographique. Compte-rendu des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : années 1918-1919-1920. Hanoi-Haiphong, 1921.
Service géographique. Compte-rendu des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : année 1922. Hanoi-Haiphong, 1923.
Service géographique. Compte-rendu annuel des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : année 1924. Hanoi, 1925.
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L’EFEO et l’histoire de la cartographie de l’Indochine
Pour débuter, il est intéressant d’observer ce fonds de cartes en parallèle de l’histoire de la cartographie de l’Indochine française.
Lorsque la mission archéologique française de l’Indochine fut fondée en 1898, les connaissances topographiques étaient encore disparates et vagues. Les débuts de la cartographie se constituaient alors à partir de données collectées par les missionnaires et les premiers explorateurs, reprises et complétées par le Bureau topographique des troupes de l’Indochine. Lorsqu’en 1900 la mission archéologique fut renommée École française d’Extrême-Orient, le bureau topographique venait d’être supprimé et remplacé par le Service géographique de l’Indochine (5 juillet 1899), fondé par nécessité d’établir des cartes exactes et scientifiques, par levés réguliers.
Le fonds des cartes de l’EFEO reflète les explorations scientifiques de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle : de la mission d’exploration du Mékong de MM Doudart de Lagrée, Françis Garnier et Louis Delaporte à celle d’Auguste Pavie et du Commandant Lunet de la Jonquière qui sillonnèrent toute l’Indochine à celle de Claude Eugène Maître en pays Moï.
Le fonds de l’EFEO illustre aussi les avancées militaires : des croquis, des cartes de délimitation des frontières, entre le Tonkin et la Chine et entre le Siam et le Tonkin, les cartes du Bureau topographique des troupes de l’Indochine - dont la direction est assurée par des officiers – puis, celles du Service géographique qui doivent répondre aux premiers besoins de l’administration. Sur les côtes et dans les deltas, les levés topographiques réalisés au 1:20 000 permettaient l’établissement de cartes au 1:25 000, il s’agissait pour l’administration coloniale de recueillir les données nécessaires aux travaux de canalisations et d’irrigations. Dans les régions de montagnes et de forêts de l’intérieur, de parcours difficile, les levés au 1:80 000 permettaient des cartes établies au 1:100 000, l’administration y privilégiant une étude pour le développement des routes et des chemins de fer.
Mission Pavie, Indo-Chine (1879-1895). Géographie et Voyages: VI, Passage du Mé-khong au Tonkin (1887 et 1891), par Auguste Pavie. Paris, 1911.
Parmi les premiers directeurs de l’EFEO, Louis Finot et Claude Eugène Maître notamment montrèrent beaucoup d’intérêt pour les débuts de cette cartographie. Les travaux cartographiques du Service géographique liés à la conquête, à l’exploitation et la mise en valeur des territoires rencontrèrent de multiples intérêts scientifiques et en particulier pour l’EFEO dans les domaines de la géographie humaine et de l’archéologie.
En 1903 par exemple, sur proposition de Louis Finot, le Gouverneur général avait prescrit de procéder à des enquêtes ethnographiques dans les circonscriptions. Ces enquêtes, dont le but était de dresser une carte ethnographique, aboutirent à l’étude Ethnographie des territoires militaires par le commandant Lunet de Lajonquière. Mais, comme Claude Eugène Maître le notait dans son compte rendu sur cet ouvrage, trop de lacunes subsistaient encore, les enquêtes n’ayant été soigneusement réalisées que sur les seuls territoires militaires.
Les directeurs de l’EFEO furent partie prenante dans les connaissances utiles à l’établissement de certaines de ces cartes, rédigeant des préfaces, des introductions, des comptes rendus aux travaux cartographiques ou apportant leur contribution pour les informations ethnographiques, linguistiques et historiques.
Dans le cadre des fortes contraintes en personnel pour effectuer les travaux cartographiques, l’EFEO dut même apporter sa contribution, sollicitée par le Service géographique pour les régions limitrophes où l’administration coloniale n’exerçait pas sa souveraineté.
La particularité et l’intérêt du fonds cartographique de la bibliothèque résident aussi dans sa complémentarité avec ses fonds d’Atlas, de monographies, de périodiques mais aussi d’archives où l’on trouve les études scientifiques de ses directeurs, membres correspondants, chercheurs et archéologues.
Claude Eugène Maître décrivit les étapes de la cartographie de l’Asie orientale dans sa préface de l’Atlas général de l’Indochine Française de 1909 [Atlas général de l'Indochine française. Atlas de Chabert, L. Gallois, contenant 169 cartes ou plans... ; avec une préface de M. Cl.-E. Maître. Hanoï, 1909] et Louis Finot rédigea un compte rendu critique de l’Atlas de l’Indochine de 1920.
Tandis que le Service géographique de l’Indochine - dont les tableaux d’assemblage [Tableau d’assemblage de la carte de l’Indochine au 100,000e, 1921. In, Compte-rendu des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : année 1921. Hanoi-Haiphong, 1922] figurent l’avancement des travaux - cartographiait le territoire et apportait des connaissances plus précises sur les reliefs, l’hydrographie, les côtes, les associations végétales et les établissements humains, l’EFEO œuvrait aux premiers inventaires des monuments et des inscriptions et organisait ses premières missions archéologiques à Angkor.
Pour Henri Parmentier par exemple, Chef du Service archéologique de l’EFEO et l’un des fondateurs de la Conservation d’Angkor, les cartes topographiques du SGI lui servirent notamment à localiser les sites des monuments khmers.
Histoire du traitement et description du fonds des cartes de l’EFEO
Lorsque l’EFEO quitta le Vietnam en 1957, les cartes collectées en Indochine furent expédiées vers Paris via le Cambodge et l’Inde, avec les caisses des collections de la bibliothèque d’Hanoi. Le fonds des cartes est longtemps resté sans traitement. Un premier registre d’inventaire manuscrit fut réalisé en 1998. Les cartes y sont renseignées par aires géographiques et par provenance pour celles appartenant au fonds Louis Finot. Les fiches indiquent le titre, la cote, la date et l’échelle.
Puis, entre 2014 et 2016, un tableau Excel très complet et très précieux a été réalisé. Un peu plus de 3 100 cartes ont été inventoriées et cotées. Outre le titre, l’année, l’échelle, la description détaillée fournit des données telles que l’ancienne cote si elle existe, les auteurs, l’éditeur, la provenance, le type de carte et la nature du support. Dans l’attente du signalement de l’intégralité du fonds, ce tableau a le mérite de permettre une recherche et d’opérer des tris. Depuis 2020, le catalogage des cartes a commencé avec à ce jour plus de 750 cartes déjà visibles dans le Sudoc.
Plan de la ville de Vien-Tiane, dressé par M. Klieber Inspecteur de la Garde Civile. Service Géographique de l'Indochine, 1905 (EFEO CAR 47)
Les cartes sont aujourd’hui rangées dans de grands cartons à dessin dans des meubles archives à tiroir. À la suite du réaménagement des magasins de la Maison de l’Asie, les cartes et l’ensemble des plans de la Conservation d’Angkor ont vocation à être rassemblés au 1er niveau des magasins afin de constituer une cartothèque. Outre les cartes de l’Indochine déjà signalées et dont le fonds est riche (celles du SGI, suivies de celles du Army Map Service américain : séries au 1:25 000 et au 1:100 000), les spécificités du fonds résident dans les aires géographiques et les types de cartes représentées.
Les cartes du fonds Louis Finot constituent la collection mère de l’EFEO. Elle comprend notamment les cartes les plus anciennes du SGI conservées, comme les cartes du Delta du Tonkin ou les cartes des voies de communication en Annam, des plans et des cartes archéologiques du groupe d’Angkor et des croquis anciens, manuscrits sur papier ou sur calque, de Luang Prabang [Carte des montagnes historiques environnant de la ville de Luang-Prabang par Jiao Maha Ouparat, 1914 (EFEO CAR 45)], de Vientiane et de Hanoi [Plan de la ville de Hanoi, dressé par le personnel de la voirie municipale sous la direction de M. V. Leclanger, 1924. (EFEO CAR 56)].
Parmi les documents en provenance d’Indochine, signalons également les atlas vietnamiens dans le fonds de microfilms et les cartes des manuscrits Han Nom.
Depuis le rapatriement des collections de la bibliothèque de Hanoï vers Paris, le fonds des cartes s’est enrichi suite au déploiement de l’EFEO dans toute l’Asie. Au cours des années 50, l’EFEO a ouvert de nouveaux centres à Jakarta, Pondichéry, Siem Reap et Phnom Penh. Dans les années 70 à Chiang Mai, puis à Pékin et à Tokyo dans les années 90. Ainsi, l’EFEO conserve aussi aujourd’hui des séries éditées par les différents services géographiques en Asie : le Survey of India pour l’Inde britannique, le Royal Thai Survey Department, le Topografische Inrichting de Batavia pour les Indes néerlandaises, le Directorate of National Mapping de Malaisie, le National Geographic Directorate du Vietnam, le Service géographique d’Etat du Laos...
Si l’Asie du Sud-Est reste l’aire la plus représentée, le fonds de l’EFEO comprend aussi certaines cartes d’Asie du Sud et d’Asie orientale. Les langues des documents sont l’anglais, le français, et le néerlandais pour les langues européennes, et pour les langues d’Asie, le thaï, le khmer, le malais, le vietnamien, le lao, le chinois et le japonais.
Enfin, signalons une soixantaine de cartes manuscrites de la fin du XIXe siècle des provinces du Cambodge, reproductions de cartes vernaculaires. Et une vingtaine de cartes des XVIIe et XVIIIe siècle, témoignages des connaissances géographiques de l’Orient par l’Occident avant les conquêtes, comme la carte Les Indes Orientales où sont distingués les Empires et Royaumes qu'elles contiennent tirés du Neptune Oriental, 1751.
Perspectives
La vision du fonds des cartes de l’EFEO est encore partielle puisqu’elles n’ont pas encore été toutes inventoriées. Il existe quelques tiroirs et cartons inexplorés dans les magasins de la bibliothèque. Le chantier d’inventaire a été déjà bien engagé, celui du catalogage a débuté. L’histoire de la collecte, de la provenance des collections, certaines constituées à la faveur de missions archéologiques, est encore à documenter. Il reste difficile de savoir pour l’instant quelles sont les lacunes dans les séries du Service géographique de l’Indochine. Certaines feuilles pourront peut-être venir compléter les séries déjà numérisées dans le réseau des cartothèques en France. Enfin, dans le cadre de sa très prochaine bibliothèque numérique, l’EFEO pourra sans doute dans l’avenir partager les cartes les plus spécifiques de ses collections, comme les cartes manuscrites du Cambodge, les croquis militaires ou certains plans manuscrits de villes.
Références
Chabert, L. Gallois, L. Atlas général de l'Indochine française. Hanoï, 1909.
Finot Louis. Atlas de l'Indochine, dressé et publié par le Service géographique de l'Indochine. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 20, 1920. pp. 69-71.
Garnier, Francis. Voyage d'exploration en Indo-Chine : effectué pendant les années 1866, 1867 et 1868. Paris, 1873.
Indochine française, Gouvernement général de l'Indochine, Exposition coloniale internationale. Service géographique de l'Indochine : son organisation, ses méthodes, ses travaux. Paris, 1931
Lunet de Lajonquière, Etienne. Atlas archéologique de l'Indo-Chine : monuments du Champa et du Cambodge. Paris, 1901.
Lunet de Lajonquière, Etienne. Ethnographie des territoires militaires. Hanoi, 1904.
Maître, Claude Eugène. Commandant Lunet de Lajonquière : Ethnographie des territoires militaires. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 5, 1905. P. 200.
Pavie, Auguste. Mission Pavie, Indochine. Atlas, notices et cartes. Paris, 1903.
Robequain Charles. Service géographique. Année 1925 : Compte-rendu annuel des travaux exécutés par le Service géographique. In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 26, 1926. pp. 388.
Rugy, Marie de. Aux confins des empires. Paris, 2018
Service géographique. Compte-rendu des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : année 1921. Hanoi-Haiphong, 1922.
Service géographique. Compte-rendu des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : années 1918-1919-1920. Hanoi-Haiphong, 1921.
Service géographique. Compte-rendu des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : année 1922. Hanoi-Haiphong, 1923.
Service géographique. Compte-rendu annuel des travaux exécutés par le Service géographique de l'Indochine : année 1924. Hanoi, 1925.
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