Automne 2021
Histoire de la cartothèque et des pratiques pédagogiques autour des cartes à l'Institut de géographie
Sylvain Lachendrowiecz, stagiaire Enssib à la Bibliothèque de Géographie
La cartothèque, de la Sorbonne à l’Institut de Géographie
Dans le cadre de mon stage Enssib à la Bibliothèque de l’Institut de Géographie, j’ai reçu pour mission de proposer des axes de valorisation pour un fonds qui n’est guère plus consulté depuis plusieurs décennies, exception faite des besoins de l’agrégation de géographie, celui de la cartothèque. Constatant la richesse de la collection (la cartothèque, avec ses 100 000 feuilles, est l’une des plus importantes en France), je me suis interrogé sur les raisons qui avaient présidé à la constitution d’une telle collection et l’usage qui avait pu en être fait par le passé. Mon idée était que cette étude du passé éclairerait les services pouvant être mis en place aujourd’hui.
Quelques recherches dans les archives de l’Université de Paris et des rencontres précieuses avec les géographes François-Durand Dastès et Marie-Claire Robic, qui ont eu la gentillesse de me faire part de leurs souvenirs et des souvenirs qu’ils avaient pu recueillir auprès des enseignants qui les avaient précédés à l’Institut, m’ont permis de reconstituer une partie de cette histoire.
Un lieu pour les cartes
Avant d’être installés rue Saint-Jacques, les chercheurs de cette discipline nouvellement constituée qu’était la géographie au tournant des années 1880 avaient leurs locaux dans la Sorbonne nouvelle construite rue des Ecoles par l’architecte Nénot, édifice que nous connaissons encore actuellement. Deux espaces séparés abritaient les deux pendants de la discipline, le scientifique et le littéraire, l’un à la Faculté des sciences et l’autre à la Faculté des lettres.
Déjà, chacun de ces espaces disposait d’une salle des cartes, où était stocké cet « instrument de travail indispensable pour les géographes ». Le géographe Emmanuel de Martonne fait mention d’une collection de cartes déjà imposante à la Faculté des lettres avant même l’installation rue Saint-Jacques.
Sur le plan ci-dessus, représentant les locaux dédiés à l’enseignement de la géographie à la fin du XIXe siècle dans la Faculté des Lettres de la Sorbonne, la salle I permettait aux étudiants de réaliser leurs exercices cartographiques. Dans la salle II étaient stockées les collections de cartes murales et topographiques. (Source : F. Kraentzel, 1911).
A la demande des géographes qui souhaitaient asseoir la légitimité de leur discipline et gagner en autonomie vis-à-vis de la science historique, l’Institut de la rue Saint-Jacques fut construit, avec l’aide financière de la marquise Arconati-Visconti. Les travaux, qui prirent du retard du fait de la Première Guerre Mondiale, permirent l’installation des géographes en 1925 et le déménagement des collections quelque temps plus tard. L’édifice devait abriter les laboratoires des deux Facultés, Sciences pour la géographie physique et Lettres pour la géographie humaine. Finalement, les géographes de la Faculté des Sciences renoncèrent à s’installer rue Saint-Jacques et établirent plus tard leurs locaux sur le site de la Halle aux vins de Paris, qui est devenu aujourd’hui le campus de Jussieu.
En 1913, en prévision de la création de l’Institut de Géographie, Paul Vidal de la Blache rédige une note intitulée « Programme de l’Institut de géographie : services propres à la Faculté des Lettres », dans laquelle il préconise la création d’une salle des cartes. « Notre collection de cartes, écrit-il, qui s’élève déjà à plus de 15 000 feuilles, et qui s’accroît incessamment, exige une salle spacieuse, meublée de larges armoires à tiroir (1m 20 cm de profondeur), système éprouvé qui nous donne toute satisfaction pour le classement et le maniement de ces cartes. De larges tables de travail devront permettre la consultation facile. Il faudrait un meuble à fiches pour le catalogue ». Paul Vidal de la Blache, imagine aussi un atelier de cartes : « il faut prévoir ce que j’appellerai un atelier, c’est-à-dire une salle bien éclairée où l’on puisse dessiner des cartes, les entoiler, faire toutes les manipulations qui ne seraient pas à leur place dans la salle des collections ».
La salle des cartes demandée par Paul Vidal de la Blache sera bien réalisée dans l’édifice construit par Nénot. Elle occupait, d’après les témoignages, l’espace du magasin des monographies, situé au deuxième étage à côté de l’entrée actuelle de la bibliothèque.
En 1946, André Cholley, alors directeur de l’Institut de Géographie, fonda le Centre de documentation cartographique et géographique qui fut établi dans les locaux de l’établissement. Ce centre abritait lui aussi une importante collection de cartes qui a été dispersée par la suite. Le fonds de cartes du centre, constitué à partir de 1945 par André Cholley comportait essentiellement des cartes étrangères, notamment européennes, et des atlas.
Après l’installation des géographes à l’Institut, la collection de cartes de la bibliothèque s’accroît rapidement, sous l’impulsion d’Emmanuel de Martonne, directeur de l’établissement ayant succédé à Lucien Gallois. Dans son rapport publié en 1929 dans les Annales de l’Université de Paris, de Martonne donne les chiffres de cet accroissement : la collection qui comptait 12 000 feuilles en 1912 en compte déjà 33 200 en 1926 et 44 097 en 1928. Beaucoup des cartes acquises arrivent par dons, dus aux démarches personnelles de de Martonne auprès des différents services géographiques nationaux, notamment du Geological Survey des Etats-Unis, du Service géographique d’Egypte, de l’Institut militaire de Roumanie et de ceux de Pologne, Tchécoslovaquie et Yougoslavie.
La collection a continué de s’accroître tout au long du XXe siècle pour atteindre les volumes que nous connaissons aujourd’hui, mais la visibilité des collections a disparu. La salle des cartes n’existe plus, tout comme la salle des travaux pratiques.
Sur ce plan du deuxième étage de la Bibliothèque de l’Institut de Géographie, apparaît le « magasin d’ouvrages », ancienne « salle des cartes », ainsi que la « salle de lecture des périodiques », autrefois « salle des travaux pratiques ».
Les cartes en pratiques
L’usage des cartes à des fins pédagogiques s’est développé tout au cours du XXe siècle. On pratiquait le commentaire de carte depuis la création de l’Ecole française de géographie. L’exercice, qui existait déjà dans l’enseignement de Paul Vidal de la Blache, a été formalisé par Emmanuel de Martonne. Il s’est imposé dans les concours de recrutement dès la création de l’agrégation de géographie en 1943, sous une forme qui a longtemps privilégié le commentaire géomorphologique à la géographie humaine. Paul Vidal de la Blache avait demandé dans les plans de l’Institut de Géographie une salle de travaux pratiques qui servit longtemps à la préparation à cet exercice.
Au milieu du XXe siècle, les travaux pratiques avaient lieu lors d’un cours hebdomadaire. Un devoir était donné aux étudiants chaque semaine par un professeur (qui fut à partir des années 1930 André Cholley). Ce devoir était corrigé par des assistants. Pour cet exercice, les étudiants se procuraient les cartes géologiques et topographiques dans la salle des cartes et allaient travailler dans la « salle de Licence », aujourd’hui salle des périodiques. Lors des leçons portant sur les cartes qui avaient lieu dans le grand amphithéâtre de l’Institut de Géographie, on projetait les cartes au moyen d’un épiscope. L’exercice du commentaire de cartes, tel qu’il se pratiquait au milieu du XXe siècle, portait sur une carte topographique sur laquelle on fixait un itinéraire. Les étudiants devaient réaliser un profil sur du papier millimétré et restituer la structure géologique du territoire étudié en prenant appui sur une carte géologique. On pratiquait le dessin de coupe et l’interprétation du relief, le tout au moyen d’une plume à dessin et d’encre de Chine. Le commentaire de carte a perduré sous cette forme pendant toute la seconde moitié du XXe siècle, jusqu’à la remise en cause du primat de la géographie physique et géomorphologique dans les années 1990 et la refonte de l’épreuve d’agrégation sous une forme nouvelle.
Episcope de milieu du XXe siècle (source : Wikipédia)
Il est intéressant de noter que pour les besoins pédagogiques, l’Institut décida de produire lui-même ses propres cartes géologiques. Un accord avec l’IGN avait permis de réaliser des cartes simplifiées sur lesquelles les géographes ajoutaient des détails géologiques. Une association fut créée pour éditer et vendre les cartes géologiques, notamment aux étudiants. L’Institut comprenait par ailleurs une école de cartographie située au dernier étage du bâtiment, où l’on apprenait à écrire les noms de pays à la plume.
Les cartes à la Bibliothèque de Géographie aujourd’hui
Au cours des dernières décennies, la collection de cartes de la Bibliothèque de Géographie a perdu sa visibilité, ce qui s’est traduit dans l’évolution des locaux. L’établissement continue à fournir des cartes pour les besoins des concours d’enseignement, mais ces besoins ne concernent qu’une partie infime de la collection. L’évolution de l’enseignement de la géographie, associé à la transition géonumérique, fait que l’usage de cartes papier par les étudiants et enseignants-chercheurs se fait moins ressentir. Pourtant, ces cartes possèdent une valeur historique, scientifique et esthétique certaine. Il nous appartient donc de réfléchir au moyen de redonner vie à cette collection. Ouvrir les espaces de conservation à notre public, présenter les cartes dans nos espaces physiques et numériques sont des options qui permettront à notre collection de rencontrer à nouveau leur public.
Complément de lecture
Portrait de Marie Delfau de Pontalba, catalogueuse de cartes à la BIS. Géofeuille 2020
Dans le cadre de mon stage Enssib à la Bibliothèque de l’Institut de Géographie, j’ai reçu pour mission de proposer des axes de valorisation pour un fonds qui n’est guère plus consulté depuis plusieurs décennies, exception faite des besoins de l’agrégation de géographie, celui de la cartothèque. Constatant la richesse de la collection (la cartothèque, avec ses 100 000 feuilles, est l’une des plus importantes en France), je me suis interrogé sur les raisons qui avaient présidé à la constitution d’une telle collection et l’usage qui avait pu en être fait par le passé. Mon idée était que cette étude du passé éclairerait les services pouvant être mis en place aujourd’hui.
Quelques recherches dans les archives de l’Université de Paris et des rencontres précieuses avec les géographes François-Durand Dastès et Marie-Claire Robic, qui ont eu la gentillesse de me faire part de leurs souvenirs et des souvenirs qu’ils avaient pu recueillir auprès des enseignants qui les avaient précédés à l’Institut, m’ont permis de reconstituer une partie de cette histoire.
Un lieu pour les cartes
Avant d’être installés rue Saint-Jacques, les chercheurs de cette discipline nouvellement constituée qu’était la géographie au tournant des années 1880 avaient leurs locaux dans la Sorbonne nouvelle construite rue des Ecoles par l’architecte Nénot, édifice que nous connaissons encore actuellement. Deux espaces séparés abritaient les deux pendants de la discipline, le scientifique et le littéraire, l’un à la Faculté des sciences et l’autre à la Faculté des lettres.
Déjà, chacun de ces espaces disposait d’une salle des cartes, où était stocké cet « instrument de travail indispensable pour les géographes ». Le géographe Emmanuel de Martonne fait mention d’une collection de cartes déjà imposante à la Faculté des lettres avant même l’installation rue Saint-Jacques.
Sur le plan ci-dessus, représentant les locaux dédiés à l’enseignement de la géographie à la fin du XIXe siècle dans la Faculté des Lettres de la Sorbonne, la salle I permettait aux étudiants de réaliser leurs exercices cartographiques. Dans la salle II étaient stockées les collections de cartes murales et topographiques. (Source : F. Kraentzel, 1911).
A la demande des géographes qui souhaitaient asseoir la légitimité de leur discipline et gagner en autonomie vis-à-vis de la science historique, l’Institut de la rue Saint-Jacques fut construit, avec l’aide financière de la marquise Arconati-Visconti. Les travaux, qui prirent du retard du fait de la Première Guerre Mondiale, permirent l’installation des géographes en 1925 et le déménagement des collections quelque temps plus tard. L’édifice devait abriter les laboratoires des deux Facultés, Sciences pour la géographie physique et Lettres pour la géographie humaine. Finalement, les géographes de la Faculté des Sciences renoncèrent à s’installer rue Saint-Jacques et établirent plus tard leurs locaux sur le site de la Halle aux vins de Paris, qui est devenu aujourd’hui le campus de Jussieu.
En 1913, en prévision de la création de l’Institut de Géographie, Paul Vidal de la Blache rédige une note intitulée « Programme de l’Institut de géographie : services propres à la Faculté des Lettres », dans laquelle il préconise la création d’une salle des cartes. « Notre collection de cartes, écrit-il, qui s’élève déjà à plus de 15 000 feuilles, et qui s’accroît incessamment, exige une salle spacieuse, meublée de larges armoires à tiroir (1m 20 cm de profondeur), système éprouvé qui nous donne toute satisfaction pour le classement et le maniement de ces cartes. De larges tables de travail devront permettre la consultation facile. Il faudrait un meuble à fiches pour le catalogue ». Paul Vidal de la Blache, imagine aussi un atelier de cartes : « il faut prévoir ce que j’appellerai un atelier, c’est-à-dire une salle bien éclairée où l’on puisse dessiner des cartes, les entoiler, faire toutes les manipulations qui ne seraient pas à leur place dans la salle des collections ».
La salle des cartes demandée par Paul Vidal de la Blache sera bien réalisée dans l’édifice construit par Nénot. Elle occupait, d’après les témoignages, l’espace du magasin des monographies, situé au deuxième étage à côté de l’entrée actuelle de la bibliothèque.
En 1946, André Cholley, alors directeur de l’Institut de Géographie, fonda le Centre de documentation cartographique et géographique qui fut établi dans les locaux de l’établissement. Ce centre abritait lui aussi une importante collection de cartes qui a été dispersée par la suite. Le fonds de cartes du centre, constitué à partir de 1945 par André Cholley comportait essentiellement des cartes étrangères, notamment européennes, et des atlas.
Après l’installation des géographes à l’Institut, la collection de cartes de la bibliothèque s’accroît rapidement, sous l’impulsion d’Emmanuel de Martonne, directeur de l’établissement ayant succédé à Lucien Gallois. Dans son rapport publié en 1929 dans les Annales de l’Université de Paris, de Martonne donne les chiffres de cet accroissement : la collection qui comptait 12 000 feuilles en 1912 en compte déjà 33 200 en 1926 et 44 097 en 1928. Beaucoup des cartes acquises arrivent par dons, dus aux démarches personnelles de de Martonne auprès des différents services géographiques nationaux, notamment du Geological Survey des Etats-Unis, du Service géographique d’Egypte, de l’Institut militaire de Roumanie et de ceux de Pologne, Tchécoslovaquie et Yougoslavie.
La collection a continué de s’accroître tout au long du XXe siècle pour atteindre les volumes que nous connaissons aujourd’hui, mais la visibilité des collections a disparu. La salle des cartes n’existe plus, tout comme la salle des travaux pratiques.
Sur ce plan du deuxième étage de la Bibliothèque de l’Institut de Géographie, apparaît le « magasin d’ouvrages », ancienne « salle des cartes », ainsi que la « salle de lecture des périodiques », autrefois « salle des travaux pratiques ».
Les cartes en pratiques
L’usage des cartes à des fins pédagogiques s’est développé tout au cours du XXe siècle. On pratiquait le commentaire de carte depuis la création de l’Ecole française de géographie. L’exercice, qui existait déjà dans l’enseignement de Paul Vidal de la Blache, a été formalisé par Emmanuel de Martonne. Il s’est imposé dans les concours de recrutement dès la création de l’agrégation de géographie en 1943, sous une forme qui a longtemps privilégié le commentaire géomorphologique à la géographie humaine. Paul Vidal de la Blache avait demandé dans les plans de l’Institut de Géographie une salle de travaux pratiques qui servit longtemps à la préparation à cet exercice.
Au milieu du XXe siècle, les travaux pratiques avaient lieu lors d’un cours hebdomadaire. Un devoir était donné aux étudiants chaque semaine par un professeur (qui fut à partir des années 1930 André Cholley). Ce devoir était corrigé par des assistants. Pour cet exercice, les étudiants se procuraient les cartes géologiques et topographiques dans la salle des cartes et allaient travailler dans la « salle de Licence », aujourd’hui salle des périodiques. Lors des leçons portant sur les cartes qui avaient lieu dans le grand amphithéâtre de l’Institut de Géographie, on projetait les cartes au moyen d’un épiscope. L’exercice du commentaire de cartes, tel qu’il se pratiquait au milieu du XXe siècle, portait sur une carte topographique sur laquelle on fixait un itinéraire. Les étudiants devaient réaliser un profil sur du papier millimétré et restituer la structure géologique du territoire étudié en prenant appui sur une carte géologique. On pratiquait le dessin de coupe et l’interprétation du relief, le tout au moyen d’une plume à dessin et d’encre de Chine. Le commentaire de carte a perduré sous cette forme pendant toute la seconde moitié du XXe siècle, jusqu’à la remise en cause du primat de la géographie physique et géomorphologique dans les années 1990 et la refonte de l’épreuve d’agrégation sous une forme nouvelle.
Episcope de milieu du XXe siècle (source : Wikipédia)
Il est intéressant de noter que pour les besoins pédagogiques, l’Institut décida de produire lui-même ses propres cartes géologiques. Un accord avec l’IGN avait permis de réaliser des cartes simplifiées sur lesquelles les géographes ajoutaient des détails géologiques. Une association fut créée pour éditer et vendre les cartes géologiques, notamment aux étudiants. L’Institut comprenait par ailleurs une école de cartographie située au dernier étage du bâtiment, où l’on apprenait à écrire les noms de pays à la plume.
Les cartes à la Bibliothèque de Géographie aujourd’hui
Au cours des dernières décennies, la collection de cartes de la Bibliothèque de Géographie a perdu sa visibilité, ce qui s’est traduit dans l’évolution des locaux. L’établissement continue à fournir des cartes pour les besoins des concours d’enseignement, mais ces besoins ne concernent qu’une partie infime de la collection. L’évolution de l’enseignement de la géographie, associé à la transition géonumérique, fait que l’usage de cartes papier par les étudiants et enseignants-chercheurs se fait moins ressentir. Pourtant, ces cartes possèdent une valeur historique, scientifique et esthétique certaine. Il nous appartient donc de réfléchir au moyen de redonner vie à cette collection. Ouvrir les espaces de conservation à notre public, présenter les cartes dans nos espaces physiques et numériques sont des options qui permettront à notre collection de rencontrer à nouveau leur public.
Complément de lecture
Portrait de Marie Delfau de Pontalba, catalogueuse de cartes à la BIS. Géofeuille 2020