Journal de la Carto - Septembre-Octobre 2015
En dépit des accords initiaux conclus à Erbil entre les partis kurdes de Syrie en 2012, le PYD et sa force armée YPG (Unités de protection du peuple) ont réussi à s'imposer comme la seule force kurde légitime dans la révolution en cours. En effet, l'émergence de l’État Islamique a conduit les Kurdes au premier plan de la scène médiatique, notamment lors de la bataille de Kobané et de l'évacuation de 100 000 réfugiés Yézidis (groupe ethnique kurde, adepte d’un monothéisme issu d'anciennes croyances kurdes) à travers les monts Sinjâr. Forts de leur expérience et de leurs réseaux de soutien dans la diaspora et les gauches occidentales, les partisans du PKK ont mené des actions de communication habiles propres à leur assurer le soutien aérien de la coalition.

Ce soutien leur a permis, au cours du mois de juin 2015, de réaliser des avancées remarquables le long de la frontière turque en réalisant en juin 2015 la jonction entre les cantons de la Jezireh et de Kobanê, ainsi que d'avancer en direction de Ar-Raqqa, actuelle capitale syrienne de l’État Islamique. Ils ont aussi imposé la toponymie kurde sur la toponymie officiellement en vigueur en Syrie. Ainsi parle-t-on de « Kobanê » ou de « Serê Kanye » en lieu et place de « Ayn al Arab » et « Ras Al Ayn », un gain symbolique important en terme de légitimité pour le contrôle du territoire.

Enfin le projet politique rénové d'Abdullah Öcalan : le confédéralisme démocratique -un projet autogestionnaire inspiré par la lecture de Negri et de Bookchin- confère aux autorités kurdes un crédit démocratique auprès de l'opinion publique. Leur volonté affichée de faire de ce modèle la clé d'une Syrie post-révolutionnaire oblige les observateurs à leur accorder une place importante dans l'analyse de la situation en cours.
Si la communication émanant du PYD est très progressive et foncièrement démocratique, il serait regrettable d'oublier que le présent s'écrit sous l'emprise de la guerre. Les conseils populaires ont beau se réunir, YPG et Assayish (la police politique pro-PKK) gardent la main haute sur les décisions prises dans les trois cantons. Les voix discordantes de militants proches d'autres partis kurdes syriens ou des jeunes révolutionnaires impliqués dans la révolution initiale sont traitées comme ennemies.


Exemple de communication efficace à l'international : mettre en avant les femmes combattantes kurdes
Suite de la rencontre
Cartothèque de l'Université Paris 8