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Retour - Recherche documentaire - La numérisation des cartes


Y a-t-il plus grande mutation pour une cartothèque que la numérisation ? Des catalogues internationaux ont été créés depuis quelques années afin de mettre en valeur le patrimoine de l'humanité et de contrer l'avance prise par Google Livres. Citons Europeana qui est le catalogue de tous les documents numérisés en Europe (2008) ou la Bibliothèque numérique mondiale, lancée par l'UNESCO en 2009. Parmi les documents numérisés (textes, photo, objets, partitions etc;) figurent des cartes de géographie.


Dans le même temps, se perfectionnent et se répandent les liseuses et autres tablettes ou téléphones qui permettent de déplacer sa bibliothèque partout avec soi. Nous n'allons pas refaire le débat entre papier et numérique mais sagement nous en tenir à l'opinion d'Umberto Eco. Aucune invention technologique n'a supprimé l'invention précédente. La photo n'a pas aboli la peinture, ni le cinéma le théâtre... Je préfère le livre sur papier, évidemment, mais quand je voyage, j'emmène mes titres de référence sur un iPad. C'est quand même plus pratique, surtout après une sciatique !




C'est plus pratique, en effet, et pour les cartes, plus encore que pour les livres. Quelques arguments pour vous en convaincre :
Une carte est un document unique qu'il ne s'agit pas de feuilleter comme un livre ou une revue. On l'embrasse d'un coup d'oeil.
La numérisation est bien moins coûteuse et plus facile que de numériser toutes les pages d'un livre. C'est de l'à plat et un passage sous le scanneur suffit.
La carte est de plus en plus utilisée pour alimenter des outils numériques que sont les Systèmes d'Information Géographiques (SIG). Elle fournit une couche d'information sur laquelle se greffent d'autres informations, après géoréférencement (attribution de coordonnées géographiques).
Les cartes papier s'usent et ne sont pas facilement renouvelables sauf à passer par le marché d'occasion car l'IGN ne réédite pas les anciennes éditions (très utiles pourtant pour comparer un espace dans le temps).
Les cartes sont plus fragiles que les livres et les envoyer pour un prêt à distance est plus risqué.
Les cartes au contraire des livres sont encore des documents peu connus et il est bien de les faire connaître et de les mettre à disposition de tous.
Même si les toponymes sont en langue étrangère, l'espace représenté est lisible par tous et il n'est pas nécessaire d'être polyglotte pour s'y retrouver.
Il manque encore une technologie de reconnaissance de caractères (OCR) qui permettrait de lister automatiquement tous les toponymes sur la carte afin de pouvoir faire une recherche textuelle mais peut-être sera-t-elle bientôt mise au point.


La carte numérisée semblant donc bien partie pour conquérir le monde, la cartothèque de Paris 8 a pris les devants, sans ambition plus haute que de diffuser ses raretés.
Au début, la numérisation fut en mode artisanal, avec un scan A4 et un appareil photo. Depuis 2011, elle est passée en mode « industriel ». Grâce à un financement, 680 cartes ont été envoyées à un sous-traitant et sont revenues sous format jpg et tiff. Le financement a été reconduit pour 2012 pour la même quantité de cartes. Le traitement devrait être effectif à la fin de l'année.

Pour les intégrer dans le catalogue, chaque image est associée à sa notice de cartothèque. Cela prend du temps... Pour consulter ces cartes, d'un coup d'octet magique, nous avons créé un module de recherche. Comme nos ambitions sont internationales et que les cartes concernent l'Europe centrale, d'aimables personnes (merci à elles encore) nous ont aidés à traduire le module de recherche en plusieurs langues : allemand, hongrois, russe, roumain, italien etc.

Le résultat est là

Les statistiques de consultation du site indiquent que ces cartes sont déjà consultées, surtout par des Russes.

Où en est-on de la numérisation ? Mise à jour de juillet 2013

En 2012, la cartothèque avait obtenu le financement nécessaire à la numérisation de 684 cartes de géographie. Ces cartes concernent l'Europe centrale et datent essentiellement des années 1940. Elles sont libres de droit. Plutôt que de dormir dans leurs tiroirs, elles sont désormais consultables en ligne sur le site internet de la cartothèque.

Un petit module a été développé pour l'occasion avec un outil de recherche et d'affichage dans une interface multi-langues. Nos plus grands « consultants » sont les Russes.

Forts du succès de cette entreprise, nous avons obtenu une seconde campagne de numérisation. 704 cartes ont été à nouveau numérisées par la société Arkhenum Elle seront en ligne dès que sera achevé le fastidieux travail qui consiste à relier la notice du catalogue avec l'image.

La numérisation de nos fonds devrait s'arrêter là car les autres cartes sont sous droit et c'est à leurs éditeurs de prendre en charge leur diffusion au public.

Notre tâche consistera désormais à faire connaître ces cartes en attendant que soit découvert le moyen de retranscrire par OCR tous les toponymes de la carte dans une base de données. Le lecteur pourrait alors faire une recherche par nom de lieu (village, ville, cours d'eau, montagne etc.) et obtiendrait l'affichage de la carte où figure ce lieu. En allant plus loin, le nom pourrait être proposé dans ces variations historiques.

Voilà qui serait un formidable outil scientifique mais la difficulté est grande, les graphies des cartes étant diverses et les logiciels de reconnaissance de formes encore limités. Mesurez le défi avec cet exemple de carte. Si l'innovation tarde, il sera toujours possible de faire appel aux bonnes volontés humaines. Il existe des projets collaboratif similaires tel celui-ci qui demande aux internautes de décrypter des lambeaux de manuscrits égyptiens.

Mai 2012 puis 2013