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Retour - Recherche documentaire - Plan de Clermont-Ferrand

Une première ! Après environ un siècle d'existence, les cartes Michelin éditent un plan de Clermont-Ferrand au 1/ 12 000e réalisé … avec les données issues d'OpenStreetMap ! Qu'est-ce que cela veut dire ?

Cela veut déjà dire que les temps changent.
On se souvient des controverses sur la fiabilité de Wikipédia, on se souvient du regard hautain porté sur les projets participatifs. Et voilà que cette initiative évacue les doutes et ouvre la porte d'une ère nouvelle pour OpenStreetMap (OSM).
C'est une véritable consécration pour ce projet (le « wikipedia cartographique ») que d'être repris par le plus grand éditeur français de cartes routières, à une échelle fine, pour réaliser un plan hautement symbolique. Clermont-Ferrand n'est-il pas le siège historique de cette entreprise ?

Pourquoi avoir choisi d'utiliser des données externes ?

D'abord parce qu'elles sont de grande qualité (et libres de surcroît). Les sites comparant OSM et Google Map sont nombreux et visualiser leurs cartes respectives est édifiant. Le comparateur
Bagdad et Gaza
Ensuite parce que ce projet est en accroissement constant et vertigineux ; avec 1 million de contributeurs enregistrés en janvier 2013, plus de 1000 km de routes, voies et chemins ajoutés en France chaque jour en 2012, il est évident qu'un tel projet est appelé à un grand avenir.


Pour ceux qui auraient encore des doutes sur ce projet titanesque, quelques time-lapses ont été réalisés montrant la spectaculaire avancée dans la collecte et le traitement des données... Epoustouflant, non ?

Utiliser les données, y accorder son crédit et participer au projet sont une belle initiative de Michelin... initiée en particulier par l'un de ses ingénieurs, grand contributeur d'OSM : Vincent de Château-Thierry. Comme quoi les individus, même au sein des plus grands groupes, sont parfois en mesure de bouleverser les normes établies.

Quelles contraintes pour Michelin ?

Le projet était à l'origine un test, un prototype permettant d'évaluer concrètement l'intérêt d'OSM pour notre producteur de cartes national. Si le test a été plus que concluant, quelques efforts ont été nécessaires.
Dans un premier temps, il est apparu que le contenu OSM sur Clermont-Ferrand était conséquent avec plus de 500 km de voies cartographiées dans la ville. Mais il est également apparu que tel quel, il n'était pas suffisant. Quelques imprécisions, des noms de rues manquants, des voies non cartographiées, rendaient la base insuffisante pour répondre au cahier des charges en vigueur dans l'entreprise. De plus, la nature de la licence empêche l'usage mixte de données libres et propriétaires... Il faudra donc contribuer.
Pour parcourir 500 km de voies et prendre 180 000 photographies géolocalisées en une semaine (!), il a fallu être inventif. Le port de GPS, l'utilisation de caméra de type GoPRO (HD, léger et permettant les prises de vue en rafale) combinés avec un simple vélo ont été retenus pour mener à bien cette première mission permettant de contrôler et au besoin de compléter, de manière méthodique, les données OSM. Choix judicieux car seul le vélo permet de découvrir des escaliers là où l'on n'en attend pas comme de fuir les molosses sans rater sa prise de vue.
En gros, Michelin aura contribué à hauteur de 120 km de voirie et de 400 nouveaux noms de rue, entre autres choses...

Réaliser un plan au 1/12 000e implique ensuite quelques changements par rapport au réel, si l'on veut rester lisible lorsque différentes données se juxtaposent. Mais c'est la cuisine interne de Michelin et ça n'a plus à voir avec OSM.

Le plan n°70 est à présent disponible dans le commerce (il a donc dépassé sa vocation de prototype). Concluons avec les mots de Vincent de Château-Thierry :
« À contre-courant de la majorité des utilisations d'OpenStreetMap, ce plan rappelle que les innovations ne sont pas cantonnées au domaine numérique : en puisant aux bonnes sources, le plan papier n'a pas dit son dernier mot. »

Septembre 2013