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Audiovisuel : les films


Retour aux lettres - Retour à la lettre M

Mbëkk Mi : le souffle de l'océan / Bachelier (S.), Doc Net, 2013

A L’occasion du festival international du film documentaire Millenium en 2013 à Bruxelles, Sophie Bachelier présente un long-métrage documentaire intitulé : le souffle de l’océan – MBËKK MI (Août 2012). D’une durée de 54 minutes, ce documentaire filmé en noir et blanc a obtenu la mention spéciale du meilleur long métrage documentaire du Jury Anna Politovskaïa.

Parcourant les côtes sénégalaises, la cinéaste s’immisce dans l’intimité des femmes en les interrogeant sur leur vie d’épouses, de soeurs et de mères de ceux qui partent par bateau dans l’espoir d’une ville meilleure en Espagne. Des milliers de jeunes Sénégalais dans la force de l’âge, en majorité des pêcheurs, n’arrivent plus à faire vivre leur famille et sont contraints à l’exil. Ces voyages périlleux sont parfois sans retour ou n'aboutissent pas. C’est ce qu’appelle MBËKK MI qui, en wolof, signifie littéralement « se cogner aux vagues de l’océan ».

Avec un cadrage proche et statique, la cinéaste a voulu mettre en avant l'émotion « des êtres chers des damnés de la mer ». Elle obtient une distance appropriée à l’histoire et permet de se concentrer beaucoup plus sur ces paroles bouleversantes que sur le décor ou le physique de la personne interrogée. On ressent les émotions fortes des femmes même si dans leur façon de raconter, elles "gèrent" plutôt bien ces dernières en restant dignes et courageuses. En effet, à plusieurs reprises, nous retrouvons les mots « dignité et amour propre » dans leurs témoignages. De plus, elles comparent souvent leur courage à celui des hommes, montrant ainsi leur maîtrise des émotions et que les épreuves de la vie les rendent plus fortes : « le courage d’un homme, je l’ai, ce que les hommes s’en vont chercher, moi, femme, je vais y pouvoir ». Ndeye Codou Ndiaye, Jokkul Kaw 2010 ; « une femme a un coeur plus dur qu’un homme. Quand un homme ne peut plus travailler, il ne peut plus, mais une femme quand elle ne peut plus, elle peut encore. » Khady Mbengue, Thiaroye sur mer 2010.

Personnellement, ce film m’a émue du fait des témoignages poignants de ces femmes qui malgré leur tristesse restent dignes et courageuses, nous faisant ainsi réfléchir sur notre quotidien. De plus, la réalisatrice, Sophie Bachelier, grâce à sa façon de filmer (en noir et blanc, d’une façon intimiste et en ayant mis un fond sonore de la mer entre chaque témoignage) laisse bien percevoir la détresse de ces femmes qui voient partir des êtres chers.

Pauline Ducat, étudiante en géographie