Témoignages de terrain - Saint-Denis - Le potager de Paris 8
Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut.
Cicéron, Epistulae ad Familiares (Livre IX, chapitre 4)
Un tour sur la toile donne un aperçu de situations diverses, en terme de surface, de types et de formes de culture ainsi que de conflits ! Voici ce que disait il y a plus de deux mille ans l'un de ces grands anciens dont nous n'avons pas fini d'explorer la pensée. La nourriture de l'âme et la nourriture du corps se complètent : pas de théorie sans pratique, pas de rapport au temps sans la marche des saisons. Les enseignements contenus dans cette phrase sont nombreux.
Et nous qui vivons et faisons vivre l'Université (*chacun à sa place, bien sûr*), ne sommes-nous pas les plus à même d'être sensibles à toutes les formes de Savoir ?
Si une vision utilitariste du savoir tend à assimiler grandes écoles et universités, rappelons-le une fois encore :
Une université est un établissement qui fédère en son sein la production (recherche), la conservation (publications et bibliothèques) et la transmission (études supérieures) de différents domaines de la connaissance. Elle se distingue en cela des écoles et des grandes écoles, qui sont centrées sur la seule transmission d'un domaine bien défini de la connaissance. (dixit Wikipedia)
Il y a, à Paris 8, un petit potager, ouvert à tous. Depuis 2008, date de sa création, il a connu bien des saisons. Tantôt cultivé, tantôt en friche, tel le phénix, cette année encore le potager sera cultivé.
Par des étudiants, des enseignants et des personnels. Par vous, par nous.
Cette initiative n'a rien d'exceptionnel. D'autres Universités connaissent de telles pratiques, collectives et gratuites, témoin de l'appropriation de leurs lieux de vies par des êtres humains qui ne se pensent pas réductibles aux fonctions spécifiques qu'ils exercent en ce lieu étonnant qu'est, depuis des siècles, l'Université.
A Rennes, le potager est étendu, vif, et coopté par le Service de la Gestion du patrimoine.
A Montpellier, il est expérimental et animé par des musiciens.
A Montpellier toujours, il a son double maléfique : la Mauvaise Graine, un potager pirate !
Chez nous, la démarche fut moins radicale que dans certaines universités. Des négociations menées en 2008, dans le cadre d'une refonte de l'aménagement paysager de l'Université nous ont permis (au Département de Géographie) d'obtenir 300m² de terre argileuse, en toute légalité !
Car la légalité, c'est important. Pas forcément sur le coup, non. Mais parfois, après quelques années d'occupation illégale d'une pelouse, saccagée, désherbée, bêchée et plantée, l'Université voit rouge. Comme à Grenoble, savez-vous ?
Il est vrai que les Jardins d'Utopie, fondés dans la foulée du mouvement dit du CPE n'ont plus leur place sur le campus, si celui-ci, dorénavant soucieux du développement durable, entend installer un espace de convivialité à dominante verte [douce novlangue].
Bref. Dans ce genre de cas, c'est la police qui se déplace, et remet un papier à qui se trouve là.
Il faut qualifier la dégradation du domaine public, constater que des légumes poussent en pleine terre et enfin noter que l'entretien des espaces verts ne peut pas être effectué... Le Canard s'en émeut.
Combien ça coûte ? Maximum 1500 € d'amende, par jour d'occupation illégale et par personne !
Voila une université qui a trouvé un bon moyen de ne pas être en faillite.
Le plus : notre précédent article sur le potager (juillet 2011)
Mai 2014
Si vous possédez une bibliothèque et un jardin, vous avez tout ce qu'il vous faut.
Cicéron, Epistulae ad Familiares (Livre IX, chapitre 4)
Un tour sur la toile donne un aperçu de situations diverses, en terme de surface, de types et de formes de culture ainsi que de conflits ! Voici ce que disait il y a plus de deux mille ans l'un de ces grands anciens dont nous n'avons pas fini d'explorer la pensée. La nourriture de l'âme et la nourriture du corps se complètent : pas de théorie sans pratique, pas de rapport au temps sans la marche des saisons. Les enseignements contenus dans cette phrase sont nombreux.
Et nous qui vivons et faisons vivre l'Université (*chacun à sa place, bien sûr*), ne sommes-nous pas les plus à même d'être sensibles à toutes les formes de Savoir ?
Si une vision utilitariste du savoir tend à assimiler grandes écoles et universités, rappelons-le une fois encore :
Une université est un établissement qui fédère en son sein la production (recherche), la conservation (publications et bibliothèques) et la transmission (études supérieures) de différents domaines de la connaissance. Elle se distingue en cela des écoles et des grandes écoles, qui sont centrées sur la seule transmission d'un domaine bien défini de la connaissance. (dixit Wikipedia)
Il y a, à Paris 8, un petit potager, ouvert à tous. Depuis 2008, date de sa création, il a connu bien des saisons. Tantôt cultivé, tantôt en friche, tel le phénix, cette année encore le potager sera cultivé.
Par des étudiants, des enseignants et des personnels. Par vous, par nous.
Cette initiative n'a rien d'exceptionnel. D'autres Universités connaissent de telles pratiques, collectives et gratuites, témoin de l'appropriation de leurs lieux de vies par des êtres humains qui ne se pensent pas réductibles aux fonctions spécifiques qu'ils exercent en ce lieu étonnant qu'est, depuis des siècles, l'Université.
A Rennes, le potager est étendu, vif, et coopté par le Service de la Gestion du patrimoine.
A Montpellier, il est expérimental et animé par des musiciens.
A Montpellier toujours, il a son double maléfique : la Mauvaise Graine, un potager pirate !
Chez nous, la démarche fut moins radicale que dans certaines universités. Des négociations menées en 2008, dans le cadre d'une refonte de l'aménagement paysager de l'Université nous ont permis (au Département de Géographie) d'obtenir 300m² de terre argileuse, en toute légalité !
Car la légalité, c'est important. Pas forcément sur le coup, non. Mais parfois, après quelques années d'occupation illégale d'une pelouse, saccagée, désherbée, bêchée et plantée, l'Université voit rouge. Comme à Grenoble, savez-vous ?
Il est vrai que les Jardins d'Utopie, fondés dans la foulée du mouvement dit du CPE n'ont plus leur place sur le campus, si celui-ci, dorénavant soucieux du développement durable, entend installer un espace de convivialité à dominante verte [douce novlangue].
Bref. Dans ce genre de cas, c'est la police qui se déplace, et remet un papier à qui se trouve là.
Il faut qualifier la dégradation du domaine public, constater que des légumes poussent en pleine terre et enfin noter que l'entretien des espaces verts ne peut pas être effectué... Le Canard s'en émeut.
Combien ça coûte ? Maximum 1500 € d'amende, par jour d'occupation illégale et par personne !
Voila une université qui a trouvé un bon moyen de ne pas être en faillite.
Le plus : notre précédent article sur le potager (juillet 2011)
Mai 2014