Bannière de la cartothèque.
Activités : 2011


Les activités de la cartothèque - Mise en carte des mémoires de master



Dans "La carte, enjeu contemporain" édité par la Documentation Française en 2004, très précisément dans le chapitre intitulé" La carte, outil conceptuel" (p. 38), les esprits curieux découvriront des cartes illustrant la traduction de romans en Europe.
Vous ne voyez pas le rapport avec une carte portant sur les mémoires de master ? Il existe pourtant : l'auteur (Franco Moretti*), spécialiste de littérature anglaise, souhaite mettre en lumière le rapport à l'espace de la littérature. Vous ne voyez toujours pas ? Et si j'ajoute qu'il encourage à étendre cette expérience à toutes les sciences humaines ? Si par ailleurs, vous êtes non pas spécialiste de Dickens mais modeste fourmi travaillant opiniâtrement à enrichir un catalogue de documents géographiques ? Si vous désirez mettre en valeur ce catalogue en confectionnant de petits programmes tricotés main pour varier contenu et affichage ? Vous y êtes.

Dans un grand bruit d'éclaboussure, vous vous exclamez euréka ! et explorez frénétiquement du regard les rayonnages qui vous entourent : des candidats à la mise en cartes ? Le choix est aisé car les mémoires de master tombent sous le sens. Ils portent sur un sujet lié à un lieu géographique, ce lieu est déjà enregistré dans le catalogue. Vous vous frottez les mains. L'idée se tient : réaliser une carte de la répartition des pays étudiés dans les mémoires de master. Que faut-il de plus ? Un fond de carte (une planisphère vue la variété des pays traités), un programme informatique. C'est parti...

N'oublions pas que vous ne connaissez strictement rien à la confection de cartes. Cependant, à force de les cotoyer, vous êtes teinté d'une vague connaissance en cartographie et vous décrétez qu'elle suffira bien. Il s'agira donc de placer des points de couleur sur la planisphère, un point pour chaque pays étudié par les mémoires, une couleur selon le nombre de mémoires.
Mais attention ! Certainement pas pour obtenir une carte figée sur une année donnée, incapable d'autonomie, désespérément statique et rapidement obsolète. Que nenni, il vous faut du dynamique, de l'indépendant, du fait une fois pour toutes et qu'on n'y revienne pas. D'où la nécessité du programme informatique. D'autant qu'un petit clic sur le pays devra afficher la liste des dits mémoires en preuve que le programme ne se contente pas d'afficher des couleurs aléatoires.

Vous faites simple : une petite table dans la base de données avec le nom des pays déjà étudiés et les coordonnées relevées sur la planisphère. Tâche fastidieuse : une monotone succession de "left:343px; top:88px" et autres pixels mais c'est pour la bonne cause. Ragaillardi d'avoir passé la Tunisie, dernier pays de la liste, vous entamez le programme : ô base de données, donne-moi les documents rangés sur l'étagère des maîtrises, compare-les avec ma table de pays, sors-moi les coordonnées correspondantes, dénombre les mémoires et passe la main au php pour choisir la couleur, appliquer le rond, créer un lien vers la liste des mémoires et afficher la carte. Cela paraît long comme ça mais en réalité, l'incantation tient en 20 lignes.

Evidemment, tout ne marche pas du premier coup. Des points gigotent sur votre écran, vous narguent en dehors de la planisphère, obéissent sur Mozilla et Opera mais font des fioritures sur Internet Explorer ; broutilles, vous êtes du bon côté de la machine ce qui vous permet d'avoir le dernier mot (enfin presque, et pour le reste, la perfection n'est pas de ce monde, non ?).

Heureux de votre carte multicolore, vous enjolivez en ajoutant une carte d'Europe et en mettant l'utilisateur à contribution. A lui de choisir la date et la carte se pliera à son choix. Il veut connaître les pays étudiés dans les débuts du département ? savoir ce qui a été fait après 1979 ? détailler 2002 ?
Le programme ronronne, les cartes s'affichent, des faits apparaissent : pas un mémoire sur l'Allemagne, presque rien sur les pays d'Europe (France mise à part), de nombreux travaux sur l'Afrique.


Toutefois, il reste à faire vérifier le tout par un spécialiste non pas de littérature mais de cartographie. Vincent Godard teste et commente : tous ces points clignotant fièrement du jaune au noir en passant par le vert et le orange ne conviennent malheureusement pas... Vous les échangez contre de sobres rouges, renoncez aux points de taille différente, vous restreignez à 4 tranches plutôt que 6, corrigez par-ci, par-là en songeant à la maxime favorite d'Alain Bué : der Teufel steckt im Detail soit en version informatique : le bug surgit dans les détails.



Il ne vous reste qu'à conclure. Quelles limites ? La carte reflète l'état de la collection de mémoires de la Cartothèque. Il en manque... Quels avantages ? le programme tourne, de légères modifications permettront de créer d'autres cartes dynamiques à partir d'autres données : mémoires de master 2e année, thèses... Et après toutes ces planisphères, pourquoi pas une carte à grande échelle ?

* Un article très intéressant signalé par Thomas F. : Marc Escola, «Voir de loin. Extension du domaine de l'histoire littéraire», in La Revue Internationale des Livres et des Idées, 08/07/2008

Février 2011