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Rencontre avec Louis, étudiant de géopolitique, de retour de Casamance

Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m’appelle Louis, j’ai 27 ans, et je suis actuellement en première année du Master de Géopolitique à l’université Paris 8. J’étudie le conflit en Casamance, une région du sud du Sénégal où est installé un mouvement indépendantiste en conflit avec l’état sénégalais depuis 1983.

Comment êtes-vous venu aux études de géopolitique ?
Je ne suis pas arrivé en géopolitique par le biais de mes études passées, mais bien plutôt par le biais d’un intérêt personnel pour les questions politiques et de relations internationales.
J’ai achevé une Licence en philosophie en 2008 et j’ai décidé de reprendre les études après avoir entendu parler de ce Master et d’autres formations du même ordre. Je ne suis pas arrivé tout à fait par hasard à Paris 8 : j’ai fait ma licence à Paris 4, une université d’un autre genre. J’avais envie de connaître cette fac dont j’avais entendu beaucoup de bien.

En quoi consiste la formation que vous suivez actuellement ?
La première année du Master est consacrée à la réalisation d’un mémoire. On le prépare durant le premier semestre, puis un mois, celui de février, est consacré à l’étude de terrain. Le reste du temps est consacré à la rédaction avec l’objectif d’une soutenance au mois de juin.
Le premier semestre est donc composé de cours théoriques, en méthodologie ou en épistémologie. Viennent ensuite des cours concernant des zones spécifiques ou des conflits particuliers qui permettent la mise en œuvre des théories rencontrées précédemment. Nous avons eu notamment des cours sur la Birmanie, les conflits en Afrique, et prochainement, une semaine de cours de cartographie.

Y-a-t-il un profil type de l’étudiant en Géopolitique ?
Je ne connais pas tout le monde, mais pour ceux que je connais, le profil est très varié. Il y a des gens de nombreux horizons. Les sujets choisis pour le mémoire reflètent cette diversité, tant au niveau de l’échelle que des problématiques. Cela va de questions très locales comme des problématiques d’aménagement du territoire à des sujets aux implications plus globales comme le trafic d’arme en Côte d’Ivoire...

Êtes-vous salarié parallèlement à vos études ? Avez-vous travaillé auparavant ?
J’ai toujours travaillé en parallèle de mes études. Actuellement ce sont plutôt des missions temporaires.
Comme je travaille de cette manière, je suis connu dans quelques endroits, les employeurs me contactent dès lors qu’un besoin se fait sentir. J’ai travaillé dans l'événementiel aussitôt après le baccalauréat, et suis revenu aux études par la suite. L’université offre cette possibilité qu’une école, par exemple, ne permet pas.

Y-a-t-il des choses à savoir pour bien équilibrer les études et le travail salarié ?
Durant plusieurs années, j’ai travaillé de nuit. C’est un choix que je déconseille !
Le statut d’étudiant donne beaucoup d’avantages, il est possible de faire autrement.

Vous revenez d’une étude de terrain, était-ce une première expérience ? Comment s’y prépare-t-on ?
C’est effectivement la première fois que je partais dans le but d’étudier un sujet, de collecter des informations… Au-delà de ça, j’ai déjà voyagé, seul, mais plutôt par intérêt personnel, collectant de informations sans finalité académique. Cette forme de voyage oblige à obtenir beaucoup d’information en amont, avant le départ. Du coup, le contact avec le terrain se confronte avec la représentation mentale construite à priori. Pour ma part, j’ai été très bien accueilli en Casamance et le contact avec le terrain, de ce fait, s’est réalisé très facilement, rapidement et sans blocage. Dès les premières rencontres, mon horizon de recherche s’est déployé de manière efficiente.


Illustrations Bac en Gambie - Culture du chanvre - Maquis

Que vous a apporté le terrain comparativement à une étude purement bibliographique ?
Le terrain est une partie essentielle du travail. C’est un problème que j’ai pu percevoir dans beaucoup d’écrits que j’ai eu l’occasion de relire après mon retour et qui sont réellement déconnectés du terrain...
Peut-être est-ce voulu, ou peut-être est-ce juste les circonstances qui ont imposé à leurs auteurs de se tenir éloignés de la zone du conflit. Connaître la réalité dans laquelle évoluent les personnes impliquées est fondamental pour entendre leurs actes ou leurs revendications. Savoir à quoi ressemble la vie des gens implique de se rendre sur place ! Certaines zones sont diabolisées, c’est le cas de la Casamance. Un Sénégalais de Dakar vous déconseillera de vous rendre là-bas alors que la réalité du conflit est circonscrite dans plusieurs enclaves de cette région.
Entre autres apports du terrain, une représentation plus juste de ce que sont les distances me parait être un exemple marquant. Ce qui apparaît comme une autoroute sur une carte est parfois une piste en terre battue sur laquelle parcourir une centaine de kilomètres prend entre 4 et 5 heures… Nos perceptions européennes du rapport distance / temps sont souvent mises à mal lorsque l’on voyage dans le reste du monde !

Pour ce voyage, comme pour le reste de vos recherches, où trouvez vous la documentation nécessaire pour votre travail ?
A la Cartothèque !...
Sur les bases de données en ligne bien entendu, sur EUROPRESSE où j’ai pu accéder aux articles de quotidiens sénégalais, sur CAIRN où j’ai trouvé des éléments de bibliographie.
A la BPI, la BU, bien entendu et sur Internet (en faisant du tri, on y trouve de nombreuses ressources utiles et pertinentes).

Avril 2014