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Rencontre avec Agaly Aldjoumati, étudiant malien de L3 et salarié
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m'appelle Agaly Aldjoumati, j'ai 46 ans et je suis né à Tombouctou (Mali). Je suis actuellement en L3 Géographie à Paris 8.
Quel est votre parcours universitaire ?
Je suis entré par voie de concours à l'école Normale Secondaire (section Lettres, Histoire, Géographie) à Koutiala (Région de Sikasso au Mali) en 1992.
J'ai enseigné dans différents collèges (École publique Gao-5, Gadèye, Boulgoundje) comme vacataire depuis octobre 1992 jusqu'en 1996. Admis dans la fonction publique, je suis allé enseigner à Bamako où j'ai pratiqué la même spécialité « Lettres, Histoire-Géographie ».
Depuis quand avez-vous cet intérêt pour l'enseignement et les sciences humaines ?
J'étais attiré par l'enseignement depuis tout jeune, touché par l'exemple de nos professeurs venus du Sud du Mali pour enseigner. J'étais également impliqué dans la réalisation de sketchs, pièces de théâtre, j'ai le goût de la scène. Les écrivains français, les poètes, nous touchaient beaucoup. Nous faisions des récitals lors du collège !
La réputation de Paris-8 semble remarquable au Mali.
Connaissant de nombreux anciens étudiants de Paris-8 (enseignants, amis), j'ai beaucoup entendu parler de Paris 8. L'université est réputée chez nous pour son côté « multiculturel » ou « multiethnique ». On ne s'ennuie pas. Je suis arrivé en France en décembre 2004, j'ai immédiatement proposé mon dossier pour entrer à Paris-8. Refus !
Après quelques années et avec de la persévérance, en 2013 mes rêves ont été réalisés.
Vous avez déjà enseigné, quelles sont vos observations à ce sujet ?
Entre ici et le Mali, la différence est grande. Nos conditions matérielles sont dures mais les étudiants ont la volonté ! Certains de mes élèves profitaient du clair de lune pour étudier, l'approvisionnement en électricité étant aléatoire. Ils sont prêts à parcourir des kilomètres quotidiennement pour étudier. Ici on a tout, mais la volonté n'y est pas. Les enfants ne sont pas motivés pour les études : trop de moyens tuent cette volonté.
Travaillez-vous pour financer vos études ?
A côté des études, je travaille dans la restauration de 9h à 14h30 afin de suivre les cours de 15h à 18h, et je retourne ensuite au restaurant jusqu'à 23h. C'est vers 0h15, en arrivant à la maison que je reprends les études. Si l'on ajoute la vie avec mes enfants, le temps est précieux ! Quant au dimanche, je travaille pour libérer les créneaux horaires me permettant de venir en cours le reste de la semaine. Je n'ai donc de « libre » que le vendredi soir à partager avec ma famille. Tout est chronométré !
Quels sujets retiennent votre attention ?
En géographie je suis intéressé par les questions touchant aux collectivités territoriales et la décentralisation. Ce sont des questions d'actualité pour mon pays. Les spécialistes dans ce domaine nous font cruellement défaut. Je voulais comprendre ces notions, dans la théorie comme dans la pratique, au contact des populations, afin qu'ils puissent en bénéficier, à toutes les échelles.
Juin 2014
Rencontre avec Agaly Aldjoumati, étudiant malien de L3 et salarié
Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Je m'appelle Agaly Aldjoumati, j'ai 46 ans et je suis né à Tombouctou (Mali). Je suis actuellement en L3 Géographie à Paris 8.
Quel est votre parcours universitaire ?
Je suis entré par voie de concours à l'école Normale Secondaire (section Lettres, Histoire, Géographie) à Koutiala (Région de Sikasso au Mali) en 1992.
J'ai enseigné dans différents collèges (École publique Gao-5, Gadèye, Boulgoundje) comme vacataire depuis octobre 1992 jusqu'en 1996. Admis dans la fonction publique, je suis allé enseigner à Bamako où j'ai pratiqué la même spécialité « Lettres, Histoire-Géographie ».
Depuis quand avez-vous cet intérêt pour l'enseignement et les sciences humaines ?
J'étais attiré par l'enseignement depuis tout jeune, touché par l'exemple de nos professeurs venus du Sud du Mali pour enseigner. J'étais également impliqué dans la réalisation de sketchs, pièces de théâtre, j'ai le goût de la scène. Les écrivains français, les poètes, nous touchaient beaucoup. Nous faisions des récitals lors du collège !
La réputation de Paris-8 semble remarquable au Mali.
Connaissant de nombreux anciens étudiants de Paris-8 (enseignants, amis), j'ai beaucoup entendu parler de Paris 8. L'université est réputée chez nous pour son côté « multiculturel » ou « multiethnique ». On ne s'ennuie pas. Je suis arrivé en France en décembre 2004, j'ai immédiatement proposé mon dossier pour entrer à Paris-8. Refus !
Après quelques années et avec de la persévérance, en 2013 mes rêves ont été réalisés.
Vous avez déjà enseigné, quelles sont vos observations à ce sujet ?
Entre ici et le Mali, la différence est grande. Nos conditions matérielles sont dures mais les étudiants ont la volonté ! Certains de mes élèves profitaient du clair de lune pour étudier, l'approvisionnement en électricité étant aléatoire. Ils sont prêts à parcourir des kilomètres quotidiennement pour étudier. Ici on a tout, mais la volonté n'y est pas. Les enfants ne sont pas motivés pour les études : trop de moyens tuent cette volonté.
Travaillez-vous pour financer vos études ?
A côté des études, je travaille dans la restauration de 9h à 14h30 afin de suivre les cours de 15h à 18h, et je retourne ensuite au restaurant jusqu'à 23h. C'est vers 0h15, en arrivant à la maison que je reprends les études. Si l'on ajoute la vie avec mes enfants, le temps est précieux ! Quant au dimanche, je travaille pour libérer les créneaux horaires me permettant de venir en cours le reste de la semaine. Je n'ai donc de « libre » que le vendredi soir à partager avec ma famille. Tout est chronométré !
Quels sujets retiennent votre attention ?
En géographie je suis intéressé par les questions touchant aux collectivités territoriales et la décentralisation. Ce sont des questions d'actualité pour mon pays. Les spécialistes dans ce domaine nous font cruellement défaut. Je voulais comprendre ces notions, dans la théorie comme dans la pratique, au contact des populations, afin qu'ils puissent en bénéficier, à toutes les échelles.
Juin 2014