Retour - Métiers de la géographie
Rencontre avec Benoît Abraham, ingénieur en bureau d'études
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
J'ai 33 ans, je suis ingénieur d'études dans un petit bureau d'études spécialisé en environnement et basé à Versailles, Alisea.
Pourquoi avoir choisi des études de géographie ?
Je crois que quand on est intéressé par un sujet, c'est qu'il y a eu un déclic. Me concernant, ce déclic a eu lieu en première, avec une prof passionnée par l'histoire et la géographie. A partir de la première, c'était clair, je ferai de la géographie, d'autant plus que j'étais intéressé par les questions d'environnement. La géo me raccrochait à cette thématique. J'ai donc fait un deug de géographie à l'université d'Amiens puis j'ai choisi de venir en licence à Paris 8 car le cursus intégrait ce côté aménagement du territoire qui ne se faisait pas encore à Amiens. Ensuite ce fut une maîtrise très liée à l'environnement, sur les aspects faune flore, et enfin un DESS pour lequel je suis retourné à Amiens car existait désormais une thématique environnement.
Comment as-tu trouvé l'emploi que tu occupes actuellement ?
J'ai eu un peu de chance, j'ai frappé à la bonne porte au bon moment. La notion de réseau est très importante, ce que je ne percevais pas à l'époque. A Paris 8, j'avais rencontré Agnès Baule, directrice d'un bureau d'études, qui donnait le cours sur les études de cas et la prise en compte de l'environnement dans les projets d'aménagement. Après mon DESS, je l'ai recontactée pour lui proposer un stage. Or elle venait de monter une nouvelle structure et avait besoin d'un stagiaire. Ce stage a été très formateur. Travailler en bureau d'études me permettait de voir différents clients collectivités locales, privés) et des thématiques larges. A la fin de mon stage, on m'a proposé de rester. J'y suis encore.
Et tu as même repris les cours d'Agnès Baule en licence.
Oui, quand Agnès Baule a été chargée de cours en master. J'ai hésité au début, il me semblait que mon expérience était trop courte mais je ne regrette pas car j'ai appris à être plus à l'aise à l'oral.
Quelles sont tes fonctions ?
Je suis responsable du pôle biodiversité, aménagement du territoire, l'un des trois pôles d'Alisea. Je suis chargé de coordonner les équipes qui effectuent les études mais je réalise moi aussi des inventaires faune flore, sur certains groupes d'espèces : amphibiens, mammifères, reptiles, oiseaux. Quand on réalise une étude, on s'adresse à différents spécialistes. Par exemple, quelqu'un va faire les insectes ou les habitats. Je coordonne donc ces équipes, je récupère les données, je les synthétise, je rédige les rapports, je fais de la cartographie. Je gère aussi la relation avec le client : je lui présente les conclusions, j'anime les réunions de présentation. Une partie moins intéressante mais nécessaire de mes fonctions est de répondre aux appels d'offre, de les rédiger, de faire les devis. Cela prend beaucoup de temps.
Ces fonctions cumulent donc un vrai travail de terrain et un travail de rédaction et de cartographie ; il s'agit de mettre sur le papier ce qu'on a vu sur le terrain. C'est très intéressant et ce que j'apprécie le plus est de présenter nos conclusions aux élus et à la population. Je fais aussi une tâche plus ingrate : la gestion des factures, le suivi du budget. Ces tâches multiples sont le propre des petites structures.
Où as-tu acquis tes connaissances en faune et flore ?
Je ne les ai pas acquises à l'université si ce n'est un peu pendant ma période de maîtrise car je l'ai faite en collaboration avec l'Adree où j'ai rencontré des naturalistes. J'ai eu la chance d'être formé dans le bureau d'études. Je possédais aussi cette sensibilité à l'environnement donc c'était plus simple.
Et tes connaissances en "relations publiques" ?
Je les ai acquises en partie grâce à l'expérience d'Agnès Baule mais sinon, je n'ai pas reçu de formation spécifique. Je pense que, dès que le sujet te passionne, le message passe. Donner des cours aux étudiants m'a aussi appris.
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants ?
Pour entrer dans un bureau d'études avec une thématique faune flore, ou même plus large : aménagement, agenda 21, la cartographie est très importante. On a du mal à trouver des personnes qui s'intéressent à l'environnement et sachent utiliser les SIG. A l'université, j'avais suivi une petite formation sur Geoconcept que je n'avais pas poursuivie. Ca m'a manqué. Je conseille donc aux étudiants de se former sur les SIG.
Et j'insiste sur cette notion de réseau. Les étudiants ne perçoivent souvent l'importance des réseaux qu'en 5e annnée, en master, quand ils commencent à rencontrer des professionnels. Il faut, au plus tôt, dès qu'on rencontre des professionnels, garder leur contact, se proposer en stagiaires, aller dans les entreprises de manière spontanée. En effet, on aura l'occasion de recroiser les personnes rencontrées au cours des études et il est nécessaire de garder de bonnes relations avec elles.
Où trouves-tu ta documentation ?
Je consulte des revues très pointues sur l'environnement, comme par exemple le bulletin de la société herpétologique de France. Mais pour ne pas rester dans ce carcan faune flore, je profite de Cap environnement, un petit réseau de professionnels de l'environnement aux différentes thématiques (paysages, normes 14001). Nous nous rencontrons régulièrement, en petit groupe de 10 ou 12, et chaque fois, l'un de nous présente ce qu'il fait, les évolutions de la réglementation, etc. Nous nous formons ainsi. Cette formation interne recoupe encore la notion de réseau. Ce partage des connaissances vaut toutes les revues et il est très important pour moi.
Avril 2012
Rencontre avec Benoît Abraham, ingénieur en bureau d'études
Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?
J'ai 33 ans, je suis ingénieur d'études dans un petit bureau d'études spécialisé en environnement et basé à Versailles, Alisea.
Pourquoi avoir choisi des études de géographie ?
Je crois que quand on est intéressé par un sujet, c'est qu'il y a eu un déclic. Me concernant, ce déclic a eu lieu en première, avec une prof passionnée par l'histoire et la géographie. A partir de la première, c'était clair, je ferai de la géographie, d'autant plus que j'étais intéressé par les questions d'environnement. La géo me raccrochait à cette thématique. J'ai donc fait un deug de géographie à l'université d'Amiens puis j'ai choisi de venir en licence à Paris 8 car le cursus intégrait ce côté aménagement du territoire qui ne se faisait pas encore à Amiens. Ensuite ce fut une maîtrise très liée à l'environnement, sur les aspects faune flore, et enfin un DESS pour lequel je suis retourné à Amiens car existait désormais une thématique environnement.
Comment as-tu trouvé l'emploi que tu occupes actuellement ?
J'ai eu un peu de chance, j'ai frappé à la bonne porte au bon moment. La notion de réseau est très importante, ce que je ne percevais pas à l'époque. A Paris 8, j'avais rencontré Agnès Baule, directrice d'un bureau d'études, qui donnait le cours sur les études de cas et la prise en compte de l'environnement dans les projets d'aménagement. Après mon DESS, je l'ai recontactée pour lui proposer un stage. Or elle venait de monter une nouvelle structure et avait besoin d'un stagiaire. Ce stage a été très formateur. Travailler en bureau d'études me permettait de voir différents clients collectivités locales, privés) et des thématiques larges. A la fin de mon stage, on m'a proposé de rester. J'y suis encore.
Et tu as même repris les cours d'Agnès Baule en licence.
Oui, quand Agnès Baule a été chargée de cours en master. J'ai hésité au début, il me semblait que mon expérience était trop courte mais je ne regrette pas car j'ai appris à être plus à l'aise à l'oral.
Quelles sont tes fonctions ?
Je suis responsable du pôle biodiversité, aménagement du territoire, l'un des trois pôles d'Alisea. Je suis chargé de coordonner les équipes qui effectuent les études mais je réalise moi aussi des inventaires faune flore, sur certains groupes d'espèces : amphibiens, mammifères, reptiles, oiseaux. Quand on réalise une étude, on s'adresse à différents spécialistes. Par exemple, quelqu'un va faire les insectes ou les habitats. Je coordonne donc ces équipes, je récupère les données, je les synthétise, je rédige les rapports, je fais de la cartographie. Je gère aussi la relation avec le client : je lui présente les conclusions, j'anime les réunions de présentation. Une partie moins intéressante mais nécessaire de mes fonctions est de répondre aux appels d'offre, de les rédiger, de faire les devis. Cela prend beaucoup de temps.
Ces fonctions cumulent donc un vrai travail de terrain et un travail de rédaction et de cartographie ; il s'agit de mettre sur le papier ce qu'on a vu sur le terrain. C'est très intéressant et ce que j'apprécie le plus est de présenter nos conclusions aux élus et à la population. Je fais aussi une tâche plus ingrate : la gestion des factures, le suivi du budget. Ces tâches multiples sont le propre des petites structures.
Où as-tu acquis tes connaissances en faune et flore ?
Je ne les ai pas acquises à l'université si ce n'est un peu pendant ma période de maîtrise car je l'ai faite en collaboration avec l'Adree où j'ai rencontré des naturalistes. J'ai eu la chance d'être formé dans le bureau d'études. Je possédais aussi cette sensibilité à l'environnement donc c'était plus simple.
Et tes connaissances en "relations publiques" ?
Je les ai acquises en partie grâce à l'expérience d'Agnès Baule mais sinon, je n'ai pas reçu de formation spécifique. Je pense que, dès que le sujet te passionne, le message passe. Donner des cours aux étudiants m'a aussi appris.
Quels conseils donnerais-tu aux étudiants ?
Pour entrer dans un bureau d'études avec une thématique faune flore, ou même plus large : aménagement, agenda 21, la cartographie est très importante. On a du mal à trouver des personnes qui s'intéressent à l'environnement et sachent utiliser les SIG. A l'université, j'avais suivi une petite formation sur Geoconcept que je n'avais pas poursuivie. Ca m'a manqué. Je conseille donc aux étudiants de se former sur les SIG.
Et j'insiste sur cette notion de réseau. Les étudiants ne perçoivent souvent l'importance des réseaux qu'en 5e annnée, en master, quand ils commencent à rencontrer des professionnels. Il faut, au plus tôt, dès qu'on rencontre des professionnels, garder leur contact, se proposer en stagiaires, aller dans les entreprises de manière spontanée. En effet, on aura l'occasion de recroiser les personnes rencontrées au cours des études et il est nécessaire de garder de bonnes relations avec elles.
Où trouves-tu ta documentation ?
Je consulte des revues très pointues sur l'environnement, comme par exemple le bulletin de la société herpétologique de France. Mais pour ne pas rester dans ce carcan faune flore, je profite de Cap environnement, un petit réseau de professionnels de l'environnement aux différentes thématiques (paysages, normes 14001). Nous nous rencontrons régulièrement, en petit groupe de 10 ou 12, et chaque fois, l'un de nous présente ce qu'il fait, les évolutions de la réglementation, etc. Nous nous formons ainsi. Cette formation interne recoupe encore la notion de réseau. Ce partage des connaissances vaut toutes les revues et il est très important pour moi.
Avril 2012