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Rencontre avec Christian Weiss, biogéographe au parcours atypique

Pourriez-vous vous présenter en quelques mots à nos lecteurs ?
Je suis biogéographe, chargé de cours en « Analyse des paysages » à Paris 8 ; auteur de plusieurs guides naturalistes et rédacteur scientifique pour différents médias dont ceux des P.N.R. d’Ile-de-France ; expert écologue pour plusieurs Chartes paysagères du Parc du Vexin.

Quel a été votre parcours ?
Dans les années 1970, j’ai suivi le DEUG audiovisuel de l’université de Vincennes, en parallèle de mon métier de photojournaliste. J’ai été dans le même temps assistant de William Klein (photographe, peintre et réalisateur américain). J’ai travaillé en 1972 à l’Agence de Presse Libération (A.P.L.) qui a été à l’origine du quotidien Libération en 1973, dont j’ai été le responsable du service photo quelques années. J’ai aussi participé à la création d’une agence de presse : Photolib, qui s’occupait d’actualités internationales, principalement en Europe.
Avec d’autres journalistes, nous avons fondé l’agence Reporters Economiques Associés (REA), mais cela s’est terminé rapidement pour moi. J’ai alors effectué des piges texte et/ou photos dans différents journaux, comme l’hebdo Hara-kiri (puis Charlie Hebdo), La Gueule Ouverte (premier mensuel écolo), Terre sauvage, Politique hebdo (devenu Politis), Animaux magazine (journal de la SPA).
À partir de 1983, j’ai commencé à publier des livres : « Le guide du Robinson », puis « Les guides du jeune Robinson » qui ont été traduits en plusieurs langues. Une dizaine d’autres ouvrages ont suivi, essentiellement sur la nature. J’ai rejoint pendant 2 ans l’équipe Cousteau, et je suis devenu brièvement rédacteur en chef adjoint de CalypsoLog, son magazine. La mort du commandant et le changement d’orientation ont mis fin à cette expérience. C’est alors que j’ai décidé de reprendre des études, motivé par l’acquisition de diplômes plus élevés et par la nécessité de construire un argumentaire scientifique pour étayer mes thèses écologistes.
A Paris 8, j’ai retrouvé Alain Bué, que j’avais connu par l’association Journalistes pour la Nature et l’Ecologie (JNE), et qui m’a convaincu de m’inscrire en géographie. Après être sorti major de mon DEA, j’aurais souhaité poursuivre sur une thèse, mais je n’ai pas pu la financer. J’ai donc créé, avec 3 autres anciens étudiants et 2 enseignants, un bureau d’études nommé GÉO 5 (Géographie, Etudes et Outils). En 2005, M. Da Lage, M. Bué et Mme Athlan m’ont proposé d’intervenir au département comme chargé de cours.

Comment préparez-vous vos cours ?
Ils sont issus à la fois des compétences que j’ai acquises à l’université et de mon expérience du bureau d’études. J’ai à cœur de mettre à jour mes cours dans les domaines qui évoluent (ex : recherche en écologie et réflexions sur les milieux naturels, législation sur l’eau et les déchets…). Pour cela, je puise dans les ouvrages que je lis, dans ce que je trouve sur Internet, dans les colloques et séminaires auxquels je participe parfois aussi comme intervenant. J’ai des échanges avec les autres enseignants, et je demande aux étudiants leurs impressions sur mes cours. Je projette des documents PowerPoint qui reprennent les titres de chapitres développés oralement ainsi que des illustrations.

A quels outils avez-vous recours pour préparer vos cours ?
Je fréquente des bibliothèques telles que celle de Paris 8, celle de la Cité des sciences, la BnF, la BPI. Je me rends régulièrement aux archives départementales et je consulte aussi parfois les archives communales. Je rapporte des bibliographies des colloques, et je m’intéresse aux listes des nouvelles parutions d’ouvrages de géographie ou d’écologie. L’association Les cafés géographiques et la librairie La GéoGraphie sont également des sources, de même que les conférences de presse ou journées organisées par les Conseils généraux. Je consulte souvent les sites Internet du CNRS, de l’INRA, de l’ONF, du CEMAGREF. D’autres, comme univers-nature, m’envoient leur lettre électronique pour m’informer de leurs parutions. Je reçois aussi des mails du service de presse des PNR, de France Nature Environnement et de Survival International (qui traite des peuples premiers). Enfin, je consulte des revues en ligne gratuites sur revues.org.

Quel usage faites-vous de la Cartothèque et de la BU ?
Je vais à la Cartothèque pour consulter des mémoires et emprunter des cartes pour mes cours sur la cartographie. Dans la mesure où je possède chez moi plus de 300 cartes et des cédéroms de cartes anciennes telles que celles de Cassini ou des Plans d’Intendance et Trudaine, j’utilise assez peu les ressources de la Cartothèque. Quant à la BU, je m’y rends pour feuilleter des ouvrages avant de choisir de les acheter ou pas. J’incite mes étudiants à s'y rendre pour travailler et emprunter les livres que je leur conseille.

Quelle serait selon vous la cartothèque idéale ?
La Cartothèque est déjà idéale ! Mais si on cherchait à l’améliorer quand même, je pense qu’un partenariat serait intéressant à mettre en place pour obtenir l’ensemble des plans d’Intendance de la France entière, le Cadastre napoléonien, et l’Atlas de Trudaine des routes de France. Ces cartes des XVIIIe et XIXe siècles sont en effet des mines d’informations géographiques et humaines pour étudier entre autres l’évolution des paysages.

Juin 2011